par Elizabeth Piper, Kylie MacLellan et William James

BIRMINGHAM, Angleterre, 30 septembre (Reuters) - Les adversaires du plan de sortie de l'Union européenne mis au point par Theresa May sont repartis à l'attaque dimanche contre le projet de la Première ministre britannique, à quelques heures de l'ouverture d'un congrès du Parti conservateur qui s'annonce particulièrement électrique.

A six mois du départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a qualifié de "dérangé" le plan présenté en juillet par Theresa May à l'issue d'un séminaire gouvernemental à Chequers, le lieu de villégiature officiel des Premiers ministres britanniques.

Les propositions de Theresa May sont "simplement erronées", a quant à lui constaté l'ancien ministre du Brexit David Davis.

Johnson et Davis ont claqué la porte du gouvernement cet été en signe de protestation contre le plan de Chequers, qui prévoit le maintien, pour les marchandises uniquement, de liens étroits avec l'Union européenne.

Les Européens ont quant à eux demandé à Theresa May de revoir sa copie lors de leur conseil informel de Salzbourg il y a une dizaine de jours.

A Birmingham, où se tient jusqu'à mercredi la conférence annuelle du Parti conservateur, les rivaux potentiels de Theresa May se livreront sans doute à une surenchère pour s'attirer les bonnes grâces des Tories les plus favorables au Brexit, ou les moins favorables au maintien au pouvoir de la Première ministre.

Le premier d'entre eux, favori des bookmakers pour lui succéder au 10, Downing Street, Boris Johnson, a marqué encore ses distances avec la cheffe du gouvernement en prélude au congrès dans les colonnes du Sunday Times.

"Contrairement à la Première ministre, j'ai fait campagne pour le Brexit", a-t-il insisté. "Contrairement à la Première ministre, je me suis battu pour ça, j'y crois et je pense que c'est la bonne chose pour notre pays et je pense que ce qui se produit aujourd'hui n'est malheureusement pas ce qu'on avait promis au peuple en 2016 (lors du référendum remporté par les partisans du Brexit NDLR)."

THERESA MAY TROUVE DES SOUTIENS

Interrogé par Sky News, David Davis s'est montré très critique envers le plan de Chequers mais beaucoup moins envers Theresa May.

Le projet de Theresa May est "tout simplement mauvais", a-t-il dit, parce qu'il ne permettra pas aux Britanniques de reprendre le contrôle de leur législation et de leurs frontières.

Mais il a également jugé probable à 80-90% que le gouvernement parviendrait à conclure un accord de divorce avec l'UE, ajoutant être en désaccord avec certaines idées de Boris Johnson.

Pour beaucoup d'observateurs, l'interview donnée par l'ancien maire de Londres au Sunday Times signale le début d'une campagne visant à renverser Theresa May - qui est loin de faire l'unanimité au sein du Parti conservateur où les prises de position de Boris Johnson en agacent plus d'un.

Theresa May a ainsi trouvé des soutiens dimanche.

Ruth Davidson, qui dirige le Parti conservateur écossais, s'est dite convaincue que la Première ministre parviendrait à conclure un accord avec l'UE et le président du parti tory, Brandon Lewis, s'est déclaré persuadé que Theresa May conduirait les conservateurs jusqu'aux prochaines élections, en 2022.

S'exprimant à l'antenne de la BBC, Theresa May s'est bornée à prôner l'unité du parti, tout en réaffirmant que le plan de Chequers était le seul viable à ses yeux pour sortir de l'impasse avec l'UE: "Le message que j'adresse à mon parti est: unissons-nous et obtenons le meilleur accord pour la Grande-Bretagne", a déclaré la Première ministre britannique. (Elizabeth Piper, Kylie MacLellan, William James Jean-Stéphane Brosse pour le service français)