par Michelle Martin et Andreas Rinke

BERLIN, 11 décembre (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May, dont le plan de sortie de l'UE est de plus en plus contesté à Londres, a appelé à l'aide mardi ses partenaires européens qui refusent toutefois de renégocier l'accord conclu après des mois de difficiles tractations.

Elle s'est rendue à La Haye, où elle a rencontré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, puis à Berlin, où elle a vu la chancelière Angela Merkel. Elle devait ensuite rencontrer à Bruxelles le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et celui du Conseil européen, Donald Tusk.

Elle parlera dans la soirée au chancelier autrichien Sebastian Kurz et rencontrera mercredi le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.

Le message de l'Union est clair: d'accord pour apporter des "clarifications" au projet déjà conclu mais pas question de rouvrir les négociations.

Angela Merkel l'a une nouvelle fois confirmé en recevant Theresa May.

Le ministre allemand des Affaires européennes, Michael Roth, a lui aussi exclu toute renégociation et souligné "l'unité des Vingt-Sept". "Nous sommes prêts à tout, y compris à un Brexit sans accord", a-t-il prévenu en invitant Londres à "faire sa part du travail".

Le Brexit sera au menu du sommet européen programmé jeudi et vendredi à Bruxelles, où il sera difficile de faire bouger les lignes sans le soutien de la chancelière allemande, reconnaît-on à Londres.

Devant la fronde des députés britanniques, la Première ministre veut notamment obtenir la garantie que la "clause de sauvegarde" ("backstop") visant à éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande ne s'appliquera pas indéfiniment.

VOTE À WESTMINSTER AVANT LE 21 JANVIER

"L'accord auquel nous sommes parvenus est le meilleur possible. C'est aussi le seul possible. Il n'y a pas de place pour une quelconque renégociation", a réaffirmé Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen.

Theresa May, craignant une défaite humiliante à Westminster, a reporté le vote du Parlement sur le plan de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Ce vote, prévu à l'origine ce mardi, aura lieu d'ici le 21 janvier 2019, a précisé Downing Street.

A Londres, les députés conservateurs qui veulent se débarrasser de May se disent confiants de pouvoir provoquer un vote interne de défiance contre la Première ministre. Pour cela, ils doivent être au moins 48 à adresser une lettre demandant un tel vote.

Selon un responsable du service politique de Sky News, ce nombre serait sur le point d'être atteint.

A la suite de cette annonce, la livre sterling a creusé ses pertes face à l'euro et au dollar.

Le conservateur eurosceptique Steve Baker a estimé qu'il était grand temps que Theresa May passe la main. "Si on ne peut pas aller de l'avant avec son accord (...), alors je crains que le seul moyen de changer de politique soit de changer de Premier ministre et je crois vraiment qu'il est de son devoir de s'en aller", a-t-il dit.

Pour sortir de l'impasse actuelle, plusieurs députés d'opposition ont réclamé un nouveau référendum sur le Brexit. Parmi eux, le dirigeant des libéraux-démocrates Vince Cable, Ian Blackford, du Parti nationaliste écossais (SNP), et la travailliste Margaret Beckett.

L'ancien Premier ministre conservateur John Major, lui, a estimé que le Royaume-Uni devait revenir sur son intention de quitter l'Union européenne, avec effet immédiat.

CHRONOLOGIE des négociations du Brexit (Avec Michael Holden, Kate Holton, Elizabeth Piper, Andrew MacAskill et Jan Strupczewski; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)