(Actualisé avec Corbyn, DUP §8-9, réactions §11-12)

par William James et Elizabeth Piper

LONDRES, 21 mai (Reuters) - Theresa May a présenté mardi un nouveau compromis pour tenter de sortir de l'impasse sur le Brexit, offrant des concessions à l'opposition dont la possibilité d'un second référendum sur la sortie de l'Union européenne.

La Première ministre britannique espère ainsi faire enfin ratifier l'accord qu'elle a conclu en novembre dernier avec Bruxelles, et que les députés ont rejeté par trois fois, mais ses chances paraissent minces.

Bien qu'elle ait annoncé mardi de "nouveaux changements importants" dans le projet de loi sur le retrait destiné à ratifier le divorce avec l'UE, de nombreux élus ont durci leur position et déjà annoncé qu'ils voteraient contre ce Withdrawal Agreement Bill qu'elle soumettra aux Communes dans la semaine du 3 juin.

S'exprimant au siège du cabinet d'audit PricewaterhouseCooopers, Theresa May a proposé au Parlement de voter pour ou contre la tenue d'un nouveau référendum sur la sortie de l'UE, trois ans après celui du 23 juin 2016.

"Je reconnais la force sincère et authentique du sentiment de la Chambre sur cette question importante", a déclaré Theresa May. "Le gouvernement intégrera donc en préambule du Withdrawal Agreement Bill l'obligation de voter sur la tenue ou non d'un second référendum", a-t-elle dit.

"Cela doit avoir lieu avant que l'Accord de retrait soit ratifié", a-t-elle expliqué.

Elle a également fait miroiter des arrangements douaniers avec l'UE proches des souhaits du Labour, l'opposition travailliste avec laquelle elle a discuté jusqu'à la mi-mai, pendant un mois et demi, en vain.

Theresa May doit compter sur un apport de voix travaillistes pour obtenir une majorité favorable à l'Accord de retrait mais prend le risque, en concédant trop au Labour, de se mettre à dos les conservateurs qui s'étaient ralliés à son camp.

APPORT DE VOIX TRAVAILLISTES ?

Le chef de file du Parti travailliste Jeremy Corbyn a déclaré que son parti ne pouvait pas approuver l'Accord de retrait, expliquant que la nouvelle proposition de Theresa May "était en grande partie une resucée de la position du gouvernement" lors des négocations avec l'opposition qui ont été rompues la semaine passée.

Pour sa part, le Parti unioniste démocrate (DUP) d'Irlande du Nord dont May a besoin pour disposer d'une majorité absolue à la Chambre des communes a estimé que les "erreurs fatales" de l'accord original n'avaient pas disparu.

Simon Clarke, un élu tory qui a voté pour l'Accord de retrait lors du troisième vote sur le texte le 29 mars dernier, a déjà prévenu qu'il voterait contre la prochaine fois. "Ce discours de la Première ministre signifie que je ne peux en aucun cas soutenir le Withdrawal Agreement Bill", a-t-il dit.

L'ancien ministre David Jones a qualifié la déclaration de Theresa May d'"inacceptable" et a estimé que cette initiative qui intevient juste avant les élections européennes n'aura pour effet que de favoriser le Parti du Brexit de Nigel Farage.

"Je pense qu'encore plus de conservateurs vont voter contre", a-t-il dit à Reuters. "Malheureusement, cela va probablement donner un coup de pouce au Parti du Brexit jeudi", a-t-il ajouté.

En ouvrant la possibilité d'un second référendum et en proposant le maintien d'une forme d'union douanière avec l'UE, deux hypothèses qu'elle a écartées pendant des mois, Theresa May pourrait compter sur le fait que le Parlement rejettera l'organisation d'une nouvelle consultation, et que sa proposition d'une union douanière "temporaire" restera assez peu solide pour satisfaire une partie des élus conservateurs.

Mais ces concessions soulignent aussi à quel point la stratégie préalablement déployée par la Première ministre - consistant à plaire d'abord aux partisans du Brexit - était vouée à l'échec. La question est de savoir désormais si ces concessions seront suffisantes pour convaincre le Labour.

Avant son discours, John McDonnell, responsable des finances du Parti travailliste, a douté des chances de la Première ministre, déclarant que ce qu'il avait vu ne lui inspirerait pas confiance. "Et je ne pense pas que beaucoup de nos membres seront inspirés."

( Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)