Le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, va demander l'appui des autres membres de la Commission pour lancer une enquête sur les pratiques commerciales des équipementiers télécoms chinois Huawei Technologies et ZTE (0763.HK, 000063.SZ), a indiqué un responsable de l'Union européenne, tandis que les entreprises européennes craignent qu'une telle démarche engendre des mesures de représailles de la part de Pékin.

Il s'agirait de l'une des premières enquêtes engagées par la Commission sans plainte préalable d'une entreprise européenne. Le droit communautaire autorise l'exécutif européen à procéder de cette manière, mais Bruxelles interviendrait ainsi dans un domaine politiquement sensible. Certains pays, notamment la Suède, souhaitent que la Commission s'abstienne de se saisir de ce dossier.

Selon la source interrogée, Karel De Gucht va demander le soutien des autres membres de la Commission pour le lancement d'une enquête, lors de la réunion hebdomadaire de l'exécutif européen mercredi.

Cette démarche intervient à un moment sensible pour les fournisseurs européens d'équipements de télécommunications, qui souhaitent accroître leurs activités en Chine.

Les trois principaux acteurs européens du secteur, Ericsson (>> Ericsson), Alcatel-Lucent (>> ALCATEL-LUCENT) et Nokia Siemens Networks, coentreprise entre Nokia (NOK1V.HE) et Siemens (>> Siemens AG), espèrent gagner des contrats substantiels auprès des opérateurs télécoms chinois, à un moment où ils engagent des investissements de plusieurs milliards d'euros pour le déploiement de réseaux de données sans fil à haut débit.

Les responsables européens examinent quelles entreprises obtiennent des contrats en Chine, avant de décider d'ouvrir cette enquête, a précisé le responsable européen. Karel De Gucht n'a pas encore pris de décision sur le lancement d'une telle enquête, a-t-il également souligné.

La Commission soupçonne Huawei et ZTE de bénéficier d'aides indues de la part du gouvernement chinois, notamment sous la forme de crédits à taux préférentiel octroyés par des banques publiques. Selon les responsable de la Commission, cela permet à ces équipementiers de vendre leurs produits à des tarifs artificiellement bas et ainsi de s'emparer d'importantes parts de marché en Europe.

Huawei affirme ne pas recevoir d'aides illégales et dément être contrôlé par le gouvernement chinois.

Alcatel-Lucent, Nokia-Siemens et ZTE n'ont pas souhaité apporter de commentaires.

-Matthew Dalton, Dow Jones Newswires

(Version française Astrid Mélite)

Valeurs citées dans l'article : Ericsson, ALCATEL-LUCENT, Siemens AG