Hier donc, la Fed avait quelques annonces potentiellement douloureuses à faire. Elle devait notamment confirmer la fin d'un certain nombre de mesures de soutien à l'économie, i.e. la disparition progressive du bazooka à liquidités qui irrigue les marchés financiers depuis des années. Sans grande surprise, les rachats d'actifs vont être réduits rapidement pour cesser totalement en mars prochain. Les critiques fusaient depuis longtemps déjà sur le maintien de cette mesure jugée inutile puisque l'économie était repartie tambour battant.

En parallèle, la banque centrale a fourni un calendrier précis de son programme de hausse de taux. Il y en aura trois cette année et trois l'année prochaine, de 25 points de base à chaque fois. C'est un peu plus soutenu que ce que prévoyaient les économistes, qui n'en voyaient que deux en 2022, surtout depuis l'irruption du variant Omicron dans l'équation. Si l'on en croit l'indicateur FedWatch du CME, basé sur les contrats futures des Fed Funds, le premier tour de vis est attendu le 4 mai, même si la probabilité d'une hausse dès la réunion du 16 mars a gagné en vigueur depuis hier soir, tout en restant inférieure à 50%.

Le discours est ainsi plus ferme que prévu, ce qui est en général synonyme de réaction négative du marché. Mais en l'occurrence, les banquiers centraux américains avaient pas mal pavé le terrain et les investisseurs apprécient le nouvel itinéraire correctement fléché, qui donne l'impression que la Fed a repris le contrôle des événements. Ce qui n'est pas si mal au vu de l'immense décalage entre la réalité actuelle et les projections précédentes. "La Fed prévoit désormais un resserrement de 150 points de base en 2022/2023, ce qui représente une différence considérable par rapport au début de l'année, lorsqu'elle prévoyait de laisser sa politique inchangée jusqu'en 2024", souligne l'économiste d'ING James Knightley. Entretemps, l'inflation est passée de "transitoire" à "débridée". Le plus dingue, c'est que dans l'intervalle, les principaux indices ont repris 20% et qu'ils ont continué à grimper hier à l'annonce de ce programme un peu plus austère que prévu. Il en faut manifestement plus pour retirer aux marchés cette fameuse cape d'invincibilité dont je parle parfois dans ces colonnes.

Bon j'en reviens quand même à mon propos du début, au risque de jouer les rabat-joie : il faudra attendre que la poussière retombe. Le programme de resserrement monétaire aura des conséquences macroéconomiques à moyen terme. A ce stade, les réactions des différentes classes d'actifs, à l'exception des actions donc, ont été vraiment modestes, en particulier sur les obligations d'Etat. Mais on sait que ce marché est parfois un peu long à la détente. Il convient de souligner un point important, qui explique aussi les raisons de l'optimisme des marchés depuis hier soir : le niveau des taux directeurs que les observateurs attendaient pour fin 2024 n'est pas vraiment modifié (il est marginalement plus élevé). Ce qui change, c'est le tempo pour y parvenir, qui a été accéléré. Jerome Powell s'est employé à convaincre que la croissance américaine est suffisamment solide pour encaisser un resserrement plus rapide, et le discours a l'air d'avoir fait mouche. En d'autres termes, les conditions sont meilleures qu'en 2014/2016, lors du dernier épisode de "tapering" suivi d'une hausse de taux aux Etats-Unis.

Les indicateurs avancés sont haussiers en Europe ce matin, dans le sillage de la clôture un peu euphorique de Wall Street. La journée est particulièrement riche en indicateurs macroéconomiques et en rendez-vous monétaires. Après la Fed hier, les banques centrales suisse, britannique et européenne entrent en effet à leur tour dans l'arène pour communiquer sur leurs politiques. En Asie, Tokyo rebondit fortement mais Hong Kong déprime encore à cause des menaces de bannissement de certaines entreprises chinoises par les Etats-Unis. Le CAC40 prenait 1,75% à 7048 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Grosse journée de publications, avec notamment les indices PMI de décembre et une batterie de décisions de banques centrales : Suisse (9h30), Angleterre (13h00) et BCE (13h45). Aux Etats-Unis on ne chôme pas non plus avec les permis de construire, les demandes hebdomadaires d'allocation chômage et l'indice Philly Fed (14h30), puis la production industrielle (15h15).

La paire euro / dollar évolue à 1,12856 USD ce matin, tandis que l'once d'or reste figée à 1781 USD. Le pétrole se négocie 74,48 USD le baril de Brent et 71,56 USD le baril WTI. Les rendements obligataires sont en légère hausse avec un T-Bond 10 ans rémunéré 1,42%. Le bitcoin est stable à 48 733 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aalberts : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 80 EUR.
  • Allfunds : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 19 EUR.
  • Capelli : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 41,40 à 37,10 EUR.
  • Carl Zeiss Meditec : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 184 EUR.
  • Ceres Power : Crédit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 1450 GBp.
  • Compagnie d'Entreprises CFE : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 130 EUR.
  • Daimler Truck : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 43 EUR.
  • EDP Renovaveis : Crédit Suisse démarre le suivi à neutre en visant 22 EUR.
  • Euronext : HSBC passe de conserver à acheter en visant 104 EUR.
  • ITM Power : Crédit Suisse démarre le suivi à souspondérer en visant 340 GBp.
  • Nel : Crédit Suisse démarre le suivi à neutre en visant 19,30 NOK.
  • On The Beach : Libera me reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 380 à 250 GBp.
  • Pfeiffer Vacuum : Stifel démarre le suivi à conserver en visant 207 EUR.
  • Sodexo : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 84 EUR.
  • Solaria Energia : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 18 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Qantas va acheter 20 A321XLR et 20 A220 à Airbus pour sa flotte domestique.
  • Le trafic passagers de Vinci Airports recule de 44,3% en novembre par rapport à novembre 2019.
  • Vivendi ferait pression pour refondre la composition du conseil d'administration de Telecom Italia, selon Reuters.
  • Klépierre annule des actions.
  • Publicis lance une fintech en Asie du Sud-Est en coentreprise avec Siam Commercial Bank.
  • Electricité de France revoit en baisse ses prévisions de production. 
  • Arkema double sa capacité de résines photoréticulables Sartomer en Asie.
  • Icade va acquérir les murs de quatre hôpitaux en Italie pour 85 M€.
  • Valneva annonce des résultats positifs pour le rappel homologue de son candidat vaccin inactivé et adjuvanté contre la COVID-19, VLA2001.
  • Spie signe un accord pour acquérir la société polonaise NexoTech.
  • Navya lance la nouvelle version de son logiciel de conduite autonome Navya Drive.
  • Vranken-Pommery finalise un emprunt obligataire de 60 ME.
  • Archos va suspendre ses tirages d’OCABSA à compter de janvier 2022 jusqu’à la fin de l’exercice 2022.
  • AST Groupe va être transféré sur Euronext Growth.
  • Europlasma tire deux tranches d'OCA.
  • Pherecydes Pharma obtient un premier brevet en Chine, pour ses phages anti-Staphylococcus aureus.
  • Crossject lève 7,5 M€ via une convertible et des BSA.
  • Innate Pharma traite un premier patient dans l'essai clinique de phase I/II2 évaluant iph6101/sar443579 dans diverses formes de cancers du sang.
  • L'actionnaire de contrôle d'Envea veut retirer le dossier de la cote à 175 EUR l'action.
  • Don't Nod va sortir un nouveau jeu narratif, en coproduction avec Portaplay, pour une sortie en 2022 sur Nintendo Switch et PC.
  • Capelli, Groupe Partouche, Graines Voltz et Crypto-Blockchain Industries ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Novartis va racheter 15 Mds$ d'actions.
  • Les ventes de Volkswagen en 2021 devraient être légèrement inférieures à 9 millions de véhicules, selon Manager Magazin.
  • Schroders est en discussions avancés en vue du rachat de 75% du capital de Greencoat Capital, selon Sky News.
  • Intel va investir 7 Mds$ dans une nouvelle usine en Malaisie et créer 9 000 emplois.
  • Embracer négocie le rachat d'Asmodée pour 2,75 Mds€.
  • Boohoo lance un avertissement.
  • Vontobel acquiert l'activité SFA d'UBS avec 7,2 MdsCHF d'actifs.
  • Straumann ambitionne d'atteindre 5 MdsCHF de recettes d'ici 2030.
  • Leon Technology flambe après avoir démenti les rumeurs de son placement sur la liste noire des USA.
  • Reddit dépose un dossier pour entrer en bourse aux Etats-Unis.
  • Principales publications de résultats : Adobe, Accenture, Rivian, Fedex, Jabil, ITM Power

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