Pékin (awp/afp) - Les ventes de détail en Chine ont connu un ralentissement surprise en juillet, tandis qu'investissements et production industrielle progressaient très en-deçà des attentes, selon des indicateurs officiels publiés mardi, signaux d'une demande affaiblie sur fond de guerre commerciale exacerbée.

Confrontée à un périlleux conflit douanier avec les Etats-Unis, la deuxième économie mondiale montre de nouveau des signes de faiblesse, alors que commence à se faire sentir l'impact des taxes douanières punitives infligées par Washington début juillet sur 34 milliards de dollars de biens chinois importés.

L'étendue du contrecoup pour l'économie du géant asiatique reste difficile à évaluer, mais "cet impact négatif sera graduel, et se fait d'ores et déjà sentir dans l'économie mondiale", a prévenu mardi Liu Aihua, porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS).

Baromètre de la consommation des ménages, les ventes au détail ont progressé le mois dernier en Chine de 8,8% sur un an, selon des statistiques publiées mardi par le BNS.

C'est en-deçà de la hausse de 9% enregistrée en juin et à rebours de l'accélération attendue en moyenne par les analystes sondés par Bloomberg (+9,1%).

La production industrielle a également déçu les attentes: elle a gonflé de 6% sur un an en juillet, exactement au même rythme qu'en juin --son plus bas niveau depuis presque un an-- et contrecarrant la prévision d'une nette accélération (+6,3%).

Dans le même temps, les investissements en capital fixe, qui mesurent notamment les dépenses dans les infrastructures, ont grimpé de 5,5% sur un an pour la période janvier-juillet, continuant de s'essouffler à des niveaux plus vus depuis presque deux décennies.

C'est un nouveau brutal ralentissement après une progression de seulement 6% sur le premier semestre, et très loin du gonflement de 7,2% enregistré pour l'année 2017.

Ces indicateurs, qui témoignent d'un nouvel essoufflement de la demande intérieure chinoise, interviennent alors que Chine et Etats-Unis s'échangent de nouvelles salves de représailles dans leur guerre commerciale, des droits de douane américains supplémentaires devant entrer en vigueur la semaine prochaine.

La conjoncture chinoise avait été fragilisée plus tôt dans l'année par une vaste campagne antipollution, qui avait entraîné fermetures d'usines et réductions de production.

Surtout, les efforts du gouvernement pour endiguer le gonflement du colossal endettement chinois, ont contribué à plomber l'activité.

En s'attaquant à la finance de l'ombre non régulée et en durcissant le crédit, ces mesures compliquent le financement des entreprises... et restreignent les investissements des collectivités locales, déjà fort endettées, dans des firmes régionales et chantiers d'infrastructures.

Pékin s'est cependant engagé en juillet à appliquer une politique budgétaire "plus active" pour relancer l'activité, à coups de rabais fiscaux et de dépenses publiques accrues, dans l'espoir qu'une politique monétaire et budgétaire plus accommodante soutienne la croissance.

Pour autant, "l'état de l'économie chinoise va encore empirer avant qu'elle n'aille mieux, cela prendra au moins plusieurs mois avant d'assister à un revirement", en dépit des efforts d'"assouplissement" du régime communiste, estime Ting Lu, analyste de la banque Nomura.

afp/rp