Ottawa (awp/afp) - La Banque du Canada a maintenu mercredi à 1% son principal taux directeur, sans cacher sa volonté de resserrer plus tard sa politique monétaire, car pour le moment l'économie canadienne reste dépendante des risques géopolitiques et du protectionnisme commercial accru des Américains.

Comme les économistes le prévoyaient, l'institut d'émission a maintenu les conditions de crédit plutôt accommodantes, même si un resserrement de la politique monétaire est hautement probable l'an prochain. Pour les économistes, la question est sur le moment plutôt que sur la remontée effective des taux par la banque centrale.

"Si le communiqué (de la banque centrale) ne met pas le couvert pour une hausse en janvier" lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, un tel mouvement sur les taux est néanmoins possible, a estimé Stéfane Marion de la Banque Nationale.

Un avis partagé par Benoit Durocher de la banque Desjardins. "Les perspectives de croissance de l'économie canadienne sont assez bonnes pour les prochains trimestres, ce qui milite en faveur d'une nouvelle augmentation du taux d'intérêt directeur d'ici quelques mois', a-t-il estimé.

Pour Josh Nye, économiste de la Banque Royale, "l'attitude prudente" de l'institut d'émission laisse penser qu'une hausse des taux au Canada n'interviendra pas avant le printemps.

Après un rythme annuel de croissance de 3,7% sur la première moitié de l'année, l'activité s'est ralentie au troisième trimestre (+1,7% en rythme annualisé). Une tendance qui confirme les prévisions de la Banque du Canada "selon lesquelles la croissance de l'économie canadienne se modérera tout en demeurant supérieure à celle de la production potentielle au deuxième semestre de 2017".

Le marché de l'emploi a été dynamique et les salaires ont augmenté, favorisant, selon la banque centrale, la consommation des ménages et l'activité des entreprises.

Au Canada, le taux de chômage est tombé le mois dernier à son plus bas niveau depuis 10 ans grâce à près de 400.000 nouveaux emplois en un an et, pour Stéfane Marion, "la banque centrale --tout en reconnaissant une forte croissance de l'emploi et une hausse des salaires--, s'attend à un certain ralentissement du marché du travail".

Avec plus d'emplois et une tension sur les salaires, l'inflation hors éléments volatils comme l'essence ou les aliments pourrait augmenter et la banque pourrait alors manier l'arme des taux, selon les économistes en faisant référence aux conclusions de la banque centrale mercredi reconnaissant que "des taux d'intérêt plus élevés (seront) probablement nécessaires avec le temps".

Avant tout mouvement, les responsables de la politique monétaire baseront leurs futures décisions sur les conséquences pour l'activité de "la sensibilité de l'économie aux taux d'intérêt, l'évolution des capacités économiques et la dynamique de la croissance des salaires et de l'inflation".

Après deux hausses successives cette année, la banque a préféré le statu quo, car des menaces se profilent à l'extérieur des frontières. "Les perspectives mondiales demeurent entachées d'une incertitude considérable, notamment quant à l'évolution géopolitique et aux politiques commerciales", a prévenu la Banque du Canada.

Les tensions politiques dans plusieurs régions du monde mais aussi les velléités sans cesse répétées du président américain Donald Trump de mettre fin à l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), ou à minima d'aboutir à une renégociation favorable aux exportateurs américains, sont donc autant de points noirs pour l'économie canadienne.

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