Franchement, on voyait Theresa May mal embarquée depuis un moment en capitaine d'un Brexit qu'elle avait été chargée de piloter alors qu'une partie de son équipage s'était déjà jeté à la mer. Comme tout le monde, on s'était étonné mais réjoui de l'accord qu'elle avait arraché la nuit dernière après des heures de discussions avec son cabinet étendu. Et comme tout le monde, nous nous étonnons que cinq de ses ministres et secrétaires d'Etat aient attendu la matinée du lendemain pour quitter à leur tour le navire. Dominic Raab, ministre du Brexit (depuis l'été dernier), Shailesh Vara, secrétaire d'Etat en charge de l'Irlande du Nord, Suella Braverman, sous-secrétaire d'Etat au Brexit, Esther McVey, secrétaire d'Etat au travail et Anne-Marie Trevelyan, sous-secrétaire parlementaire de l'Enseignement, ont claqué la porte. 
 
L'avenir de Theresa May aux commandes de l'exécutif britannique ne tient plus qu'à un fil, puisqu'elle subit des attaques de tous côtés, en particulier dans son propre camp où le divorce avec la frange dure des eurosceptiques est consommé depuis longtemps. Il faut reconnaître la pugnacité de la dirigeante, illustrée par l'épisode houleux qui a duré de 11h30 à 14h30 à la Chambre des communes. Harcelée de questions, mais harcelée de façon ordonnée à la britannique, May a réaffirmé en séance qu'elle ferait front et a repoussé fermement les appels à un second referendum. La plupart des commentaires étaient critiques, avec un texte qui a cristallisé les critiques des partisans du Brexit comme de ses opposants et des Ecossais comme des Unionistes irlandais. 

Et après ? En l'absence d'accord, le Royaume-Uni et l'Union européenne plongeraient dans l'inconnu. La première victime de cette incertitude est la livre sterling. ING Economics estime qu'une éventuelle démission de Theresa May pourrait entraîner la livre 3 à 4% plus bas. Jacob Rees-Mogg et d'autres Brexiteers du noyau dur  ont lancé des appels à la démission. Précisions importante, Theresa May a, durant la séance des questions, écarté l'idée de faire procéder à un vote indicatif sur le texte avant le vote du parlement prévu sur la mouture finale qui reviendra après avoir été avalisée lors du sommet du 25 novembre avec l'UE. 
 
A Paris, le CAC40 cède environ 0,4% autour des 5 050 points peu avant 15h00, après avoir évolué au-dessus des 5 100 peu après l'ouverture. Les victimes expiatoires habituelles des incertitudes du moment sont attaquées : Valeo, Michelin et STMicroelectronics notamment, et même Peugeot. A Londres, le FTSE tient bon, mais le compartiment bancaire flanche avec des replis de 7% pour Royal Bank of Scotland, 4,5% pour Lloyds ou 4,4% pour Barclays