On y est une fois de plus. Vous savez, ce moment vécu des dizaines de fois où vous voyez partir les actions à risque dans la stratosphère pendant que vos belles valeurs de qualité restent scotchées au sol, quand elles ne creusent pas un trou. Chassez le FOMO, il revient au galop en somme. Le FOMO, c'est la peur de manquer quelque chose (fear of missing out en anglais). On aurait pu appeler ça PMQC en bon français, mais ça sonne quand même moins bien. Le FOMO a constitué un puissant moteur de la performance des actions quand l'argent était gratuit et permettait de maintenir en vie des entreprises dépourvues de modèle économique, sinon celui d'être capable de lever des fonds ad nauseam. Mais il n'a pas disparu et permet de renforcer les phases de rebond comme celle qui s'esquisse actuellement. C'est lui qui dope Tesla, Just Eat et Orpea et qui assomme Eli Lilly, Sanofi et Equinor.

Bref, les investisseurs les plus audacieux reprennent des paris plus osés pendant que les plus prudents regardent le train passer en pensant qu'il va dérailler. C'est toujours la même histoire depuis des décennies quand il y a débat sur un point d'inflexion du marché. En l'occurrence, une majorité de financiers pense qu'il existe un faisceau de signaux convergents démontrant que les banques centrales vont bientôt toucher le plafond de leur cycle de resserrement monétaire. Aux Etats-Unis, le pic implicite de taux directeurs s'établit au moment où j'écris à 4,93% en juin prochain, alors que la fourchette actuelle des Fed Funds est de 4,25 à 4,50%. En d'autres termes, il ne manque pas beaucoup de tours de vis pour y parvenir (il faut se souvenir qu'il y a un an, la fourchette était de 0 à 0,25%). D'ailleurs, l'outil FedWatch du CME fait état d'une probabilité de 80% en faveur d'une hausse de taux de 0,25%, le minimum syndical, lors de la réunion de la Fed le 1er février. Il y a un mois, on était encore à 50/50 entre une hausse de taux de 25 points et une hausse de taux de 50 points.

Si les différents intervenants s'accordent à peu près sur le pic de taux, il y a nettement plus de divergences sur deux autres inconnues. D'une part la durée du maintien des taux au plafond supputé, et d'autre part les dégâts que cela occasionnera à l'économie. C'est là que résident actuellement les principales interrogations, si l'on fait exception des camps les plus extrêmes. Celui qui pense que la Fed se fourre le doigt dans l'œil en pratiquant cette politique punitive alors que l'inflation se serait évaporée d'elle-même. Et à l'autre bout celui qui estime que la stagflation est inévitable à cause des erreurs de politique monétaire passées.

Dans ce contexte, le discours de la Fed n'a plus l'air d'être parole d'évangile. Enfin moins que pendant la majeure partie de 2022. L'institution a beau multiplier les appels à la prudence vis-à-vis de l'inflation, elle rame un peu. Hier, Raphael Bostic et Mary Daly, deux des gouverneurs régionaux de la banque centrale, ont évoqué chacun de leur côté un pic de taux au-dessus de 5%. Ça n'a fait ni chaud ni froid au marché obligataire, avec un 10 ans toujours positionné autour de 3,52%, alors qu'il avait dépassé 4,3% fin octobre. Traduction ? Le marché n'est plus aussi inquiet qu'à l'automne, après une série de statistiques montrant que la surchauffe économique se dissipe. Il ne croit pas que la Fed ira au-delà des 5%. Le chef suprême, Jerome Powell, aura l'occasion d'affiner le message cet après-midi à 15h00 lors d'un événement organisé par la banque centrale suédoise. Rien ne dit qu'il le fera, mais il y a quand même une bonne probabilité pour qu'il en profite. A surveiller de près, avant jeudi la publication de l'inflation de décembre aux Etats-Unis, un autre point de passage obligé de la semaine.

En attendant, du côté des actions donc, l'appétit pour le risque s'est réveillé. Les indices américains ont quand même perdu une partie de leurs gains au fur et à mesure de la séance de la veille, ce qui a même entraîné le S&P500 en légère baisse à la clôture (-0,08%). Mais le Nasdaq est resté en hausse de 0,62%, tiré par les semiconducteurs et les achats massifs de titres lourdement sanctionnés sur les mois écoulés, comme Tesla ou DocuSign. En Europe, en dépit d'un petit décrochage de toute fin de parcours, les indices ont encore brillé. A l'image du CAC40 français qui a repassé le cap des 6900 points en signant une 4e hausse sur 5 séances en 2023. C'est un plus haut depuis février 2022, lorsque Vladimir Poutine a décidé de réveiller les consciences historiques.

Dans les autres actualités du jour, je note que l'ambassade de Chine en Corée du Sud a suspendu la délivrance de visas de courte durée pour les visiteurs sud-coréens, première mesure de rétorsion à l'encontre des nations imposant des restrictions COVID-19 aux voyageurs en provenance de Chine. Et que la Première ministre Elisabeth Borne présente aujourd'hui son projet de réforme reculant l'âge légal de départ à la retraite en France. Au Brésil, la polémique continue autour de la manifestation de force des partisans de Bolsonaro au cours du weekend, qui ont pu prendre d'assaut assez facilement les sièges du pouvoir démocratique. On a bien eu droit au retour de la guerre en Europe. Pourquoi pas un coup d'Etat militaire au Brésil ? Enfin, Joe Biden pourrait avoir à répondre de la découverte de documents classifiés datant de sa vice-présidence dans un cercle de réflexion qu'il fréquentait. Ce polisson de Donald Trump a suggéré de faire perquisitionner les propriétés de l'actuel président. Un prêté pour un rendu.

Les parcours sont mitigés ce matin en Asie Pacifique. Le Japon, où la bourse était fermée hier, reprend sur un gain de 0,8% du côté du Nikkei 225. En Chine en revanche, Shanghai et Hong Kong perdent un peu de terrain. La Corée du Sud est en progression modeste, à l'inverse de l'Australie, qui perd 0,28% au terme de la séance. L'Inde confirme un début d'année compliqué après un millésime 2022 très réussi : le SENSEX perd près de 1% au début de la séance, effaçant une partie de son rebond de la veille. L'Europe devrait perdre du terrain dans les premiers échanges, au vu des indicateurs avancés. Le CAC40 perdait 0,45% peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Au programme, la production industrielle française de novembre (8h45) et les ventes des grossistes américains de novembre (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro se renforce encore à 1,0732 USD. L'once d'or recule à 1871 USD. Le pétrole recule légèrement, avec un Brent de Mer du Nord à 79,12 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,44 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans ressort en légère baisse à 3,54%. Le bitcoin évolue autour de 17 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Admiral : Deutsche Bank passe de conserver à acheter.
  • Ageas : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 52,30 EUR.
  • Air France-KLM : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne.
  • Anheuser-Busch Inbev : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 81,30 à 88 EUR.
  • ArgenX : Wedbush reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 416 à 432 EUR.
  • Ashmore : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 280 GBp.
  • BT Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 250 à 190 GBp.
    Centrica : Exane BNP Paribas reprend le suivi à surperformance en visant 150 GBp.
  • Clarkson : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 3400 GBp.
  • Edenred : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne.
  • EFG International : UBS passe d'acheter à neutre en visant 9 CHF.
  • EssilorLuxottica : RBC passe de performance sectorielle à sousperformance en visant 155 EUR.
  • Evotec : Oddo BHF reprend le suivi à surperformance en visant 23 EUR.
  • Julius Bär : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 64 à 73 CHF.
  • Klépierre : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 23 EUR.
  • Nexi : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 8,60 EUR.
  • NN Group : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver.
  • OC Oerlikon : Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 8,30 à 7,70 CHF.
  • Pandora : RBC passe de performance sectorielle à sousperformance en visant 460 DKK.
  • Partners Group : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 1050 à 990 CHF.
  • Pirelli : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 6 EUR.
  • Prosus : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 88 à 100 EUR. Investec passe d'acheter à conserver en visant 79 EUR.
  • SOL S.p.A : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 24,40 EUR.
  • Superdry : RBC passe de surperformance à performance sectorielle.
  • Swatch Group : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 270 CHF..
  • U-Blox : Research Partners reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 80 à 90 CHF.
  • Zehnder : Research Partners reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 100 à 90 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Accord Belgique-Engie pour prolonger de 10 ans deux réacteurs nucléaires.
  • Renault s'allie au motoriste Punch Torino dans les moteurs diesel pour utilitaires.
  • BNP Paribas et CACEIS (Crédit Agricole / Banco Santander) créent Uptevia, nouvel acteur des Services aux Émetteurs.
  • Alstom remporte un contrat de 12 M£ pour la rénovation des trains de ScotRail.
  • Teleperformance obtient la certification de responsabilité sociale Verego SRS.
  • Aéroports de Paris prend acte de l'ouverture d'une enquête antitrust sur la cession de 50% de sa filiale restauration à SSP.
  • Air France-KLM place 1 Md€ d'obligations à 3,3 (7,25%) et 5,3 ans (8,125%) avec des contraintes de développement durable.
  • CGG attend un cash-flow net positif de 61 M$ au T4.
  • OVH lance une nouvelle offre, Metal Instances.
  • Les actionnaires de GPA (Casino) voteront la séparation d'avec Exito le 14 février.
  • Eurazeo investit dans le groupe d'architecture français Patriarche.
  • Vergnet réduit la valeur nominale de ses actions.
  • Hopium tire de nouvelles convertibles.
  • Manutan, Spineguard et Upergy ont publié leurs résultats.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Microsoft serait en discussion pour investir 10 Mds$ dans OpenAI, selon Semafor.
  • Apple remplacerait les puces Broadcom et les pièces Qualcomm par ses propres composants.
  • Le PDG de Pfizer confirme qu'un partenaire se prépare à fabriquer la pilule COVID-19 en Chine, mais nie les pourparlers concernant une copie générique.
  • Danaher prévoit une croissance de son chiffre d'affaires supérieure aux prévisions pour le quatrième trimestre.
  • Manchester United, Tottenham et Liverpool seraient des cibles de rachat pour le fonds du Qatar, selon Bloomberg News.
  • Holcim acquiert l'italien Nicem.
  • Johnson & Johnson est à l'affut d'acquisitions dans les soins oculaires, les robots chirurgicaux, l'orthopédie et les produits cardiovasculaires.
  • Shell envisage de réduire ses investissements au Royaume-Uni après l'augmentation de l'impôt sur les bénéfices exceptionnels.
  • La Cour suprême des États-Unis rejette l'offre renouvelée de Bristol-Myers Squibb concernant son contentieux brevetaire avec Gilead Sciences.
  • General Electric HealthCare va acquérir Imactis pour une somme non divulguée.
  • Nagarro ajuste ses prévisions.
  • Brunello Cucinelli vise 1 Md€ de revenus cette année.
  • Enel place 1,75 Md€ d'obligations.
  • Ford va collaborer avec LG Energy Solution pour construire une usine de batteries en Turquie, abandonnant SK sur l'accord.
  • GSK remporte une victoire devant une cour d'appel américaine dans le dossier Zofran.
  • Roche et Sonnet BioTherapeutics s'associent pour évaluer un combo contre le cancer ovarien dans une étude de phase 1b/2a.
  • Principales publications du jour : Albertsons, Games WorkshopTout l'agenda ici.

Lectures