Pékin (awp/afp) - L'inflation en Chine s'est emballée en janvier au plus haut depuis plus de huit ans, chauffée par la forte envolée des prix alimentaires, alors que les mesures drastiques prises pour endiguer l'épidémie du coronavirus désorganisent les transports de biens agricoles à travers le pays.

Les prix à la consommation ont grimpé de 5,4% le mois dernier sur un an, un record depuis fin 2011, leur renchérissement s'accélérant nettement après une progression de 4,5% le mois précédent, a indiqué lundi le Bureau national des statistiques (BNS).

Une poussée de fièvre due surtout aux prix alimentaires, qui se sont envolés le mois dernier de 20,6% sur un an. Très surveillés, les prix du porc -- la viande la plus consommée dans le pays -- ont plus que doublé (+116%).

Certes, l'inflation en Chine était déjà dopée ces derniers mois par une flambée des prix du porc du fait d'une offre restreinte, le cheptel chinois étant décimé depuis août 2018 par une épidémie de peste porcine africaine.

Une traditionnel pic de la consommation avant les congés traditionnels du Nouvel an lunaire, qui débutaient le 24 janvier, a pu aggraver le problème.

Mais surtout, "la hausse sur un an des prix à la consommation a été affectée, outre les facteurs liés aux vacances du Nouvel an, par l'épidémie du nouveau coronavirus", a insisté le BNS dans un communiqué.

La Chine a adopté des mesures drastiques adoptées à partir du 23 janvier pour endiguer la propagation de l'épidémie de pneumonie virale: la province du Hubei coupée du monde, des barrages routiers omniprésents, de nombreuses restrictions de déplacement et le confinement de populations de villes entières.

De quoi désorganiser largement les réseaux de distribution de biens agricoles à travers le pays: les prix des légumes frais ont bondi en janvier de 17,1% sur un an.

De l'avis des analystes, les restrictions prises par la Chine pourraient continuer de renchérir les prix à la consommation encore davantage en février: l'acheminement des légumes et viandes vers les villes restant très compliqué.

En glissement mensuel, les prix du porc ont grimpé de 8,5% par rapport à décembre.

Pourtant, soucieux de prévenir toute pénurie avant les congés du Nouvel an, le gouvernement --selon des médias locaux-- avait mis sur le marché d'importants stocks de porc congelé prélevé sur les réserves nationales. Sans visiblement enrayer l'envolée des prix.

De leur côté, les prix à la production (prix sortie d'usine) sont restés quasi-stables, grimpant d'un maigre 0,1% sur un an en janvier. Ils évoluaient auparavant en repli --c'est-à-dire en déflation-- depuis juillet.

Le chiffre de janvier reflète une demande toujours atone et une conjoncture sous pression, alors que l'activité économique, déjà plombée par la guerre commerciale sino-américaine, est désormais paralysée du fait de l'épidémie.

afp/jh