Pékin (awp/afp) - La banque centrale chinoise a injecté cette semaine l'équivalent net de 104 milliards d'euros dans le système financier, le plus gros volume hebdomadaire depuis dix mois, Pékin s'efforçant d'enrayer la récente fièvre sur ses taux souverains et de ménager l'activité économique.

Les injections nettes de liquidités par la banque centrale (PBOC) s'élèvent sur les cinq derniers jours à 810 milliards de yuans, à travers des opérations de marchés régulières (des accords de rachat, ou "repo"), selon l'institution et des médias d'Etat.

Sur la seule journée de jeudi, elle a injecté un total net de 310 milliards de yuans (40 milliards d'euros), un record depuis mi-janvier.

Dans un communiqué publié jeudi, la PBOC a expliqué vouloir "maintenir stable la situation de liquidité du système bancaire", face notamment à l'arrivée à échéance de facilités de prêts.

De l'avis des experts, l'idée est surtout de rassurer tous azimuts, après une alarmante fièvre des taux souverains chinois: le taux des obligations d'Etat à 10 ans a dépassé mardi 4%, pour la première fois depuis trois ans, contre environ 3,6% début octobre.

Cette forte remontée, qui traduit d'importants mouvements de vente sur la dette chinoise, reflète la défiance des investisseurs, inquiets de la santé financière du géant asiatique et d'un potentiel resserrement de sa politique monétaire.

En musclant les liquidités injectées dans le système financier, "les autorités veulent revigorer le moral (du marché) parce que le mouvement de vente sur la dette a été trop rapide, et menaçait de s'étendre à d'autres actifs", explique Becky Liu, analyste de Standard Chartered citée par Bloomberg News.

Autre cause d'inquiétude pour les investisseurs obligataires: après avoir mené une politique monétaire ultra-accommodante, ayant favorisé l'envolée du crédit et permis de garder bas les taux souverains, le régime serre désormais la vis.

Pour contenir les risques financiers liés à un endettement public et privé abyssal, Pékin s'efforce de dégonfler les créances douteuses des banques, d'asphyxier la "finance de l'ombre" (instruments de crédits non régulés), de restreindre la spéculation immobilière ou encore de sabrer les dépenses publiques d'infrastructures.

Le pays, qui n'a dévoilé aucun objectif de croissance au-delà de 2020, semble ainsi prêt à voir son économie se modérer, au nom d'un rééquilibrage vers les services et l'innovation au détriment d'industries lourdes très endettées... mais tout en préservant l'emploi et l'activité.

La PBOC cherche "un équilibre entre le désendettement et le maintien de la stabilité", en accroissant l'octroi aux banques de liquidités qu'elles peinent désormais à trouver sur le marché, insistent les analystes de Moody's Investor Service.

afp/jh