Pékin (awp/afp) - La Chine a vu sa production industrielle accélérer en avril beaucoup plus que prévu, tandis que sa consommation au contraire s'essoufflait: un tableau contrasté de la conjoncture du géant asiatique, plombé par le durcissement du crédit et toujours sous la menace d'une guerre commerciale avec Washington.

La production industrielle dans la deuxième économie mondiale a progressé le mois dernier de 7% sur un an, très au-delà de sa performance de mars (+6%), a indiqué mardi le Bureau national des statistiques (BNS).

C'est bien mieux que ce qu'escomptaient en moyenne (+6,4%) les analystes sondés par l'agence Bloomberg.

Cette solidité du secteur industriel chinois est alimentée par une demande internationale toujours robuste, comme en témoigne le bond de 13% de ses exportations le mois dernier.

L'activité profite également de l'assouplissement de la vaste campagne antipollution déployée durant l'hiver, qui avait entraîné de nombreuses fermetures d'usines dans le nord du pays. Beaucoup ont pu rouvrir ou gonfler à nouveau leur production avec l'arrivée du printemps.

Ce bon chiffre intervient alors que se rapproche le spectre d'une escalade de la crise commerciale entre Pékin et Washington: la Chine est sous la menace, qui pourrait se concrétiser dès le 22 mai, de droits de douane américains punitifs sur quelque 50 milliards de dollars de produits exportés vers les Etats-Unis.

Par ailleurs, signe que la conjoncture chinoise reste fragile et contrastée, sa consommation intérieure - dont le régime communiste veut pourtant faire un pilier d'un nouveau modèle de croissance rééquilibré - commence à s'essouffler.

Certes, les ventes au détail, baromètre des achats des ménages, ont augmenté en avril de 9,4% sur un an. Mais c'est à un rythme moins rapide qu'en mars (+10,1%) et très en-deçà de l'attente des experts (+10%).

Un signal alarmant, alors que les chiffres d'avril, contrairement à ceux de février et de mars, ne sont plus faussés par les perturbations saisonnières liés au décalage calendaire des congés du Nouvel an lunaire.

Enfin, témoin des efforts de désendettement des autorités, les investissements en capital fixe, reflet des dépenses dans les chantiers d'infrastructures, ralentissent encore: ils ont gonflé de 7% sur un an sur les quatre premiers mois de l'année... contre une hausse de 7,5% pour l'ensemble du premier trimestre.

C'est bien moins que le bond de presque 9% à la même période de 2017.

De l'avis des experts, sur le reste de l'année 2018, l'intensification de la campagne menée contre les risques financiers devrait continuer à peser sur le crédit et à contenir l'activité.

La Chine a vu sa croissance économique se stabiliser à 6,8% au premier trimestre, résistant mieux qu'attendu sur fond de consommation et d'exportations robustes, malgré un ralentissement de sa production industrielle.

Mais Pékin s'est fixé pour 2018 un objectif de croissance "d'environ 6,5%", bien en-deçà du vigoureux sursaut (+6,9%) enregistré en 2017.

afp/buc