Dans son ouvrage “One Up On Wall Street”, l’investisseur caméléon, car à l'aise avec tous les styles de gestion, fait l’éloge d’un ratio qu’il utilise dans sa stratégie d’investissement : le PEG. Le Price Earning to Growth permet d’ajouter une dimension à la valorisation d’une entreprise en mettant en relation son PER et le taux de croissance de ses bénéfices. Un PEG de 1, indique que le PER est égal au taux de croissance de l’entreprise. Le PEG est à Lynch ce que le PER est à Buffett. Et si ce ratio est inférieur à un, Peter Lynch considère que l'entreprise est sous-évaluée.

Imaginons qu’une entreprise se paye 30 fois ses bénéfices (PER = 30), cela signifie que la capitalisation boursière de l’entreprise est 30 fois supérieure au résultat net. Cela peut paraître cher. Mais si les analystes anticipent que les bénéfices vont croître de 30% par an, alors la valorisation de la société est juste : le PEG est égal à un. Cependant ce taux de croissance des bénéfices doit être constant sur le moyen terme, notre exemple n’est valable que si la société est capable de maintenir ses 30% de croissance sur les quatre prochains exercices. 

Grossièrement, ce ratio permet de justifier le PER élevé d’une société, si le taux de croissance de la bottom line est en adéquation avec lui. Cependant, le PEG montre assez rapidement des limites. Quel PER faut-il choisir, celui de l’année en cours ? L’estimation de l’année d’après ? On peut se poser la même question pour le choix du taux de croissance, à quel horizon ?

Nous allons vous présenter quelques entreprises avec un PEG inférieur à un, choisies dans le S&P 500. Le PEG utilisé pour l’article est calculé en divisant le PER de 2022 par un taux de long terme estimé sur les 4 prochains exercices.

 

  • DR Horton, PulteGroup

D.R. Horton et PulteGroup sont deux entreprises leaders du secteur de la construction d’habitations. Dopé par la reprise économique des Etats-Unis et une volonté grandissante de s'éloigner des villes, les constructeurs de maison individuelle ont du pain sur la planche. Le consensus s’attend à ce que le bénéfice des sociétés progresse dans les années futures. Une tendance qui est aussi à l’origine de la montée des prix sur le bois de construction récemment. En effet, contrairement à la France où seulement 11% des maisons sont en bois, aux Etats-Unis, cela concerne 90% des habitations. Le grand potentiel de croissance, couplé à un PER peu élevé, explique la présence de ce secteur dans la liste. DR Horton et PulteGroup présentent respectivement un ratio PEG de 0,37 et 0,40. 

Les deux sociétés ont de solides fondamentaux, cependant le risque lié à la pénurie de bois de construction n’est pas négligeable. D.R. Horton et PulteGroup ont des taux de croissance annualisés du bénéfice de 23% et 17% pour les quatre prochains exercices.

Evolution des constructions de nouvelles résidences (Projets autorisés, Projets en commencement et en cours d'achèvement)
Notes fondamentales des deux valeurs, source : Zonebourse.com
  • Facebook, Alphabet, eBay

Difficile de croire que ces trois sociétés sont sous-évaluées. Pourtant, si l’on suit le raisonnement de Peter Lynch, elles le sont. Le PEG de Facebook ressort à 0,99, certes très proche de 1. Alphabet Inc, et Ebay sont aussi légèrement inférieurs à ce seuil avec respectivement des ratios de 0,96 et 0,84. Les analystes prévoient une évolution de leur bottom line supérieur au PER estimé de 2022. Les trois techs présentent des taux de croissance annuels estimés élevés : 13,5% pour eBay, 23% pour la maison mère de Google et 22,5% pour le réseau social créé par Mark Zuckerberg.

 

Evolution du cours des trois actions depuis le début de l'année, source : Zonebourse.com

 

 

Notes fondamentales des trois valeurs, source : Zonebourse.com
  • Qualcomm, Skyworks, Micron

De nombreuses sociétés liées au secteur des semi-conducteurs apparaissent avec un ratio price earning to growth peu élevé, à l’image de Qualcomm, Skyworks Solutions et Micron Technology. Elles comprennent un ratio compris dans un intervalle entre 0,40 et 0,70. C’est encore un secteur en pénurie et plein d'incertitudes, en plus d’être concurrentiel. Cependant, les bureaux d’études semblent confiants au vu de l’évolution des révisions de bénéfices, clairement orientées à la hausse. Sur quatre ans, le taux de croissance annualisé à long terme ressort à plus de 25% pour Qualcomm, près de 21% pour Skyworks et 18% pour Micron Technology.

Evolution de l’indice MSCI Semiconductors
Les multiples tels que le PER ou le PEG sont des méthodes qui permettent généralement de valoriser une entreprise de façon relative, c'est-à-dire en comparaison avec des concurrents ou un secteur entier. Pour plus de pertinence on n’utilise donc jamais ces ratios “seuls”. Une vidéo de Xavier Delmas vous donne un avant goût des critères pour choisir le bon ratio de valorisation : selon si c’est une valeur de croissance ou une société mature par exemple.
Quel ratio pour quel secteur ? Source : Valuation Multiples: Accuracy and Drivers – Evidence from the European Stock Market, Péter Harbula