GENEVE, 15 octobre (Reuters) - Les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux ont diminué de 41% au premier semestre à 470 milliards de dollars (405 milliards d'euros), leur plus bas niveau depuis 2005, montrent les chiffres publiés lundi par l'UNCTAD, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.

La principale explication de cette chute, intervenue après un repli de 23% en 2017, est la réforme fiscale mise en oeuvre aux Etats-Unis, qui a conduit les entreprises américaines à rapatrier un total net de 217 milliards de dollars, a précisé le directeur de l'UNCTAD, James Zhan.

"Les flux d'investissements sont influencés davantage par des éléments de politique nationale que par le cycle économique", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, en citant en exemple la réforme fiscale américaine et la libéralisation de l'économie chinoise.

"Globalement, le tableau est sombre et les perspectives ne sont pas encourageantes", a-t-il ajouté.

Les IDE, qui incluent les fusions et acquisitions transnationales, les prêts internes aux multinationales et les investissements engagés dans des projets à l'étranger, sont considérés comme un baromètre de la mondialisation.

Leur recul peut donc faire craindre un affaiblissement des chaînes d'approvisionnement internationales, a souligné James Zhan.

"Si le rôle des IDE diminue dans l'expansion des chaînes de valeur, bien sûr, cela aura un impact sur les chaînes de valeur globales et donc un impact sur le commerce mondial", a-t-il dit.

"Il est difficile de dire si nous sommes à un tournant (de la mondialisation) ou s'il s'agit d'un simple ralentissement."

Sur les six premiers mois de l'année, la Chine est devenue la première destination des IDE avec un afflux de 70 milliards de dollars, en hausse de 6%.

Les pays en développement ont attiré deux fois plus d'IDE que les pays développés.

Les flux vers l'Europe ont chuté de 93%, conséquence d'un solde négatif de 81 milliards de dollars pour l'Irlande, où sont basées les filiales européennes de nombreux grands groupes américains.

La Suisse a quant à elle subi des sorties de 77 milliards de dollars.

A l'opposé, la Grande-Bretagne a reçu 66 milliards de dollars d'IDE, notamment par le biais de prêts internes aux entreprises, qui avaient fortement diminué en 2017.

En dépit du ralentissement global, les montants engagés dans de nouveaux projets ont augmenté de 42% au total, et inscrit un record en Asie.

(Tom Miles, Marc Angrand pour le service français)