(Reuters) - Les Bourses européennes, Francfort exceptée, ont terminé en hausse jeudi, soutenues par les valeurs bancaires après l'annonce d'une hausse de trois quarts de point des taux de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que le dollar profitait des déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, réaffirmant sa détermination à faire reculer l'inflation.

À Paris, le CAC 40 a gagné 0,33% (19,98 points) à 6.125,90 points, à Londres, le FTSE 100 a avancé de 0,35% alors qu'à Francfort, le Dax perdait 0,09%.

L'indice EuroStoxx 50 a fini sur une progression de 0,29%, le FTSEurofirst 300 de 0,47% et le Stoxx 600 de 0,51%.

À Wall Street, au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones gagnait 0,58%, le Standard & Poor's 500 0,65% et le Nasdaq Composite 0,78%.

Alors que les marchés s'interrogeaient ces dernières semaines sur l'attitude de la BCE, celle-ci a opté pour un relèvement de 75 points de base de ses trois taux directeurs, une mesure sans précédent, en précisant qu'elle prévoyait de poursuivre le resserrement de sa politique dans les prochains mois face à l'accélération de l'inflation.

La banque centrale a parallèlement annoncé qu'elle allait désormais rémunérer les dépôts des Etats de la zone euro auprès des banques centrales nationales, une mesure qui devrait réduire les tensions sur les marchés obligataires.

"Le ton était globalement 'dur' sur les taux et sur l'inflation, en dépit de la montée des inquiétudes pour la croissance. Ceci dit, la BCE n'a pas provoqué de surprise majeure, ce qu'elle aurait pu faire par exemple en s'engageant à porter les taux en territoire restrictif ou en durcissant le ton sur d'autres instruments que les taux", commente Samy Chaar, chef économiste chez Lombard Odier.

De l'autre côté de l'Atlantique, Jerome Powell a profité de sa participation à un débat sur la politique monétaire organisé par le Cato Institute pour redire que la Fed devait continuer d'agir "fortement" pour contrer l'inflation.

Par ailleurs, les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont enregistré un recul inattendu la semaine dernière à 222.000, leur plus bas niveau depuis début juin, ce qui pourrait donner à la Fed une raison supplémentaire d'opter pour une forte hausse de taux le 21 septembre.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro ont fini en nette hausse après les annonces de la BCE, profitant de la décision sur la rémunération des dépôts des Etats.

Ces dépôts n'étaient jusqu'à présent pas rémunérés, ce qui exerçait une pression à la baisse sur les rendements tout en favorisant le creusement des spreads.

Le dix ans allemand a terminé en hausse de 14 points de base à 1,714% et son équivalent français de dix points à 2,254%.

Sur le marché américain, le dix ans est en légère hausse à 3,2826% mais le deux ans, plus sensibles aux anticipations d'évolution des taux directeurs, prend cinq points après les déclarations de Jerome Powell à 3,4932%.

CHANGES

L'euro n'a que brièvement profité des annonces de la BCE et il recule désormais face au dollar à 0,9949 (-0,50%) tout en se maintenant au-dessus des plus bas de près de 20 ans touchés en début de semaine.

Le billet vert, qui cédait du terrain en début de journée, bénéficie en effet des propos de Jerome Powell. ({.DXY;+PCTCHNG:2}%)

La livre sterling, elle, n'a trouvé qu'un soutien éphémère dans la présentation par la nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss, de mesures visant à atténuer l'impact économique de l'envolée des prix de l'énergie et recule désormais face au dollar.

VALEURS EN EUROPE

Le compartiment bancaire européen affiche la meilleure performance sectorielle du jour avec un gain de 2,3% à la faveur des annonces de la BCE.

À Paris, Société générale s'est adjugé 2,76%, BNP Paribas 2,18% et Crédit agricole 1,24%.

En baisse, le secteur de la distribution a cédé 1,54% avec la chute de 7,56% d'AB Foods, la maison mère de l'enseigne Primark, sanctionnée après un avertissement sur ses bénéfices.

La pire performance du jour au sein du Stoxx 600 est pour Atos, qui a plongé de 14,7% après la dégradation du conseil de Goldman Sachs, passé à la vente.

PÉTROLE

Le marché pétrolier vit une séance volatile entre les menaces de la Russie d'arrêter ses livraisons d'hydrocarbures, les craintes liées à la conjoncture économique mondiale et l'annonce d'une forte augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière (+9 millions de barils).

Le Brent gagne 1,38% à 89,21 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,96% à 83,55 dollars.

(Rédigé par Marc Angrand)