PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en ordre dispersé et sous leurs plus hauts de séance jeudi malgré les records inscrits par Wall Street, les déclarations de la Banque centrale européenne (BCE) ayant tempéré l'appétit pour le risque suscité par l'arrivée de Joe Biden à la Maison blanche et par des indicateurs américains supérieurs aux attentes.

À Paris, le CAC 40 a terminé sur un repli de 0,67% (37,65 points) à 5.590,79 points, à Londres, le FTSE 100 a perdu 0,37% et à Francfort, le Dax abandonnait 0,11%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,16% alors que le FTSEurofirst 300 gagnait 0,11% et le Stoxx 600 0,01%. Ce dernier avait auparavant gagné jusqu'à 0,76% et atteint son plus haut niveau depuis février.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le désordre: le Dow Jones cédait 0,08%, le Standard & Poor's gagnait 0,05% et le Nasdaq Composite prenait 0,5%. Tous trois ont inscrit de nouveaux plus hauts historiques en début de séance.

Si l'optimisme suscité sur les marchés par la prise de fonctions de Joe Biden continue de soutenir l'appétit pour le risque, les positions se font donc plus prudentes.

Les investisseurs européens ont notamment pris note des déclarations de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), sur les risques à court terme liés à la situation sanitaire et aux mesures prises par les gouvernements pour tenter de l'endiguer, même si l'institution a, comme attendu, laissé sa politique monétaire inchangée.

Certains observateurs notent aussi les déclarations répétées de la BCE sur le fait que le PEPP, le programme d'achats de titres lancé en mars dernier et porté à 1.850 milliards d'euros en décembre, ne serait peut-être pas dépensé en totalité.

"Les nombreuses questions portant sur le PEPP - notamment sur ce qui l'empêcherait d'être pleinement utilisé - montrent à quel point cet instrument est important, y compris en termes d'influence des attentes du marché", écrit ainsi William De Vijlder, chef économiste de BNP Paribas.

VALEURS

Les secteurs cycliques comme l'automobile (+1,10%) et la distribution (+0,65%) ont continué de soutenir la tendance en Europe mais la meilleure performance du jour est pour le compartiment des hautes technologies, dont l'indice Stoxx a pris 1,58% et inscrit un nouveau plus haut de près de 20 ans.

L'éditeur de logiciels Sage (+4,92%) et le spécialiste des équipements pour le secteur des semi-conducteurs ASML(+3,84%) figurent ainsi parmi les plus fortes hausses du Stoxx 600.

A la baisse, l'énergie (-1,30%) a souffert de la baisse des cours du pétrole et l'immobilier (-1,50%) des craintes de durcissement des mesures de confinement.

A Paris, Unibail-Rodamco-Westfield a chuté de 8,39%, la plus forte baisse du CAC 40.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué légèrement plus qu'attendu la semaine dernière, à 900.000 contre 926.000 (révisé) la semaine précédente, l'indice d'activité "Philly Fed" a progressé à 26,5 après 9,1 en décembre et les mises en chantier de logements ont augmenté de 5,8% en décembre à 1,669 million en rythme annualisé, leur plus haut niveau depuis 2006.

En France, l'indice Insee du climat des affaires dans l'industrie est remonté à 98 pour janvier, celui des services à 92.

CHANGES

Le dollar est en baisse pour la troisième séance consécutive face aux autres grandes devises, toujours en raison de l'anticipation des mesures de relance promises par l'administration Biden, tandis que l'euro reste orienté à la hausse à 1,2142 dollar, le statu quo de la BCE et les déclarations de sa présidente n'ayant que brièvement fait réagir les cambistes.

La livre sterling, de son côté, a inscrit de nouveaux plus hauts de deux ans et demi contre le dollar et de huit mois contre l'euro, le rythme soutenu de la campagne de vaccination en cours au Royaume-Uni laissant espérer un rebond économique plus rapide.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat de nombreux pays de la zone euro se sont orientés à la hausse après les annonces de la BCE, le marché ayant surtout retenu la volonté de l'institution de souligner qu'elle n'utiliserait pas forcément la totalité des 1.850 milliards d'euros alloués à ses achats d'obligations.

Le dix ans allemand est ainsi repassé au-dessus de -0,5% et le français au-dessus de -0,27%, tandis que leurs équivalents espagnol et italien atteignaient leur plus haut niveau depuis début novembre.

PÉTROLE

Le marché pétrolier recule après l'annonce mercredi soir par l'American Petroleum Institute (API) d'une hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

Le Brent abandonne 0,3% à 55,91 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,69% à 52,94 dollars.

(Marc Angrand)