(Actualisé avec précisions)

LA PAZ, 23 octobre (Reuters) - Des milliers de Boliviens ont exprimé leur colère dans les rues de la capitale La Paz mardi à l'égard de ce qu'ils considèrent comme une tentative du président sortant Evo Morales de truquer les résultats de l'élection présidentielle de dimanche, alors que la commission électorale dépouillait les derniers bulletins.

Selon les résultats provisoires après 96% des bulletins dépouillés, Evo Morales disposait d'une avance de 9,36 points de pourcentage sur son principal rival, Carlos Mesa, soit un écart insuffisant pour être élu dès le premier tour de scrutin.

Mesa et ses partisans ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas une victoire de Morales dès le premier tour, la légitimité du scrutin ayant été entachée après que le Tribunal électoral suprême (TSE) a interrompu de manière inattendue les projections sur son site quand un second tour entre Morales et Mesa se profilait après 84% des bulletins dépouillés.

Lorsque le TSE a repris le décompte préliminaire lundi, Morales était donné en tête avec une marge supérieure au seuil des 10 points de pourcentage nécessaires pour être élu au premier tour, engendrant des incidents dans plusieurs bureaux électoraux.

Le vice-président du TSE, Antonio Costas, a démissionné en guise de protestation, déclarant que l'interruption dans la publication des résultats avait discrédité "l'ensemble du processus électoral, provoquant une convulsion sociale inutile".

Des heurts entre électeurs et forces de l'ordre ont éclaté lundi en différents points du pays lorsque des bureaux de vote et des urnes ont été incendiés. Les affrontements se sont poursuivis dans la nuit de lundi à mardi.

Scandant "Nous n'avons pas peur" et des insultes à l'encontre de Morales, qui est au pouvoir depuis 2006, des contestataires sont descendus mardi dans les rues de La Paz et ont marché jusqu'au bâtiment dans lequel le TSE procédait au décompte des bulletins.

Il s'agit de l'une des manifestations les plus importantes en Bolivie depuis des décennies, a constaté un journaliste de Reuters, estimant le nombre de manifestants à au moins 100.000.

Affichant une volonté d'apaisement, le gouvernement a invité l'Organisation des Etats américains (OAS) à procéder à un audit du vote. "Quel que soit le résultat, le gouvernement l'acceptera", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Diego Pary, lors d'une conférence de presse.

Un candidat à la présidentielle doit obtenir au moins 50% des suffrages, ou 40% des voix et une avance de dix points de pourcentage, pour être élu dès le premier tour. (Daniel Ramos et Monica Machicao, avec Mitra Taj; Jean Terzian pour le service français)