La hausse de l'inflation, et donc des rendements, est en elle-même défavorable à la valorisation des actions, rappelle Colin Moore, Global Chief Investment Officer de Columbia Threadneedle Investments. Toutefois, les rendements ne peuvent pas être considérés de manière isolée dans la mesure où il faut également tenir compte de la croissance bénéficiaire et de la confiance (rémunérées par la prime du risque sur actions).

Une croissance modeste des salaires et des prix est généralement positive pour l'économie et les bénéfices des entreprises, indique le professionnel. Les prévisions de croissance et la confiance s'améliorent, atténuant l'impact de la hausse des rendements obligataires sur la valorisation des actions.

Récemment, observe Colin Moore, la confiance dans la croissance bénéficiaire a été renforcée par la vigueur de la croissance économique, laquelle a été stimulée par les mesures de Washington. La baisse de l'impôt sur les sociétés s'est traduite par une nette révision à la hausse des prévisions bénéficiaires. Le nombre d'entreprises publiant des résultats positifs est de loin le plus élevé de la dernière décennie.

Le chapitre n'est pas encore clos, mais selon l'équipe de recherche de Columbia Threadneedle Investments, les commentaires formulés lors des dernières présentations de résultats ont laissé entendre sans équivoque que les plus grands détenteurs de liquidités à l'étranger envisageaient de rapatrier des sommes significatives aux Etats-Unis.

Colin Moore considère cela au minimum comme un élément supplémentaire favorable aux bénéfices. Une enquête réalisée auprès des analystes de Columbia Threadneedle Investments révèle que les équipes dirigeantes dans la plupart des secteurs ont regagné confiance, encouragées par la perspective d'une croissance modeste continue et les effets positifs de la réforme de l'impôt sur les sociétés.

En effet, les données historiques suggèrent que l'augmentation des rendements soutient initialement les valorisations boursières. Avec près de 3% de croissance, une inflation proche du centre du balancier peut accompagner la hausse des valorisations, révèle Colin Moore.

Le marché actions pourrait connaître des pics de volatilité le temps que les investisseurs assimilent le changement de régime des taux d'intérêt. Mais en fin de compte, la normalisation de la politique monétaire signale que la croissance de l'économie repose sur des fondations solides.

Si l'inflation et les rendements continuent d'augmenter, la valorisation des actions finira par en pâtir dans la mesure où les investisseurs anticipent un niveau de taux destiné à ralentir l'économie (quelque part entre les points 4 et 5 du balancier).

En conclusion, atteindre le bon objectif d'inflation peut être délicat et problématique pour les investisseurs. Dans l'environnement actuel, bien que l'inflation semble augmenter, il est peu probable qu'elle entraîne une hausse des rendements à 10 ans vers des niveaux problématiques pour les actions. Selon Colin Moore, un niveau problématique serait un rendement de 4%, contre 2,9% actuellement.