Walt Disney a relevé en juin son offre sur les actifs de Twenty-First Century Fox dans le cinéma, la télévision et l'international pour la porter à 71,3 milliards de dollars (61,5 milliards d'euros), dont une partie en numéraire.

Disney n'a pas répondu aux sollicitations de commentaires.

Si les hostilités ont cessé sur un front, elles risquent de se poursuivre sur un autre.

L'offre de Comcast sur Sky est de 34 milliards de dollars et porte sur 61% du capital du télédiffuseur britannique, dont Fox détient 39% des parts.

Comcast est pour l'instant à l'origine de la meilleure offre avec une proposition de 14,75 livres par action.

Son action gagne 3% à Wall Street, les investisseurs étant soulagés que le groupe n'ait plus envie de croiser le fer avec Disney, dont l'action gagne un peu plus de 3%. En revanche, Fox cède 1,6% et Sky 1,2%.

Comcast a décidé de jeter l'éponge parce que batailler contre Disney avait pour effet de gonfler la valeur de Sky, compte tenu que Fox en est en partie propriétaire, ont expliqué des sources au fait des intentions du groupe américain.

Sur la base des parts détenues par Fox, la commission britannique des OPA a établi la semaine dernière un prix plancher de 14 livres pour une nouvelle offre de Disney, soit en deçà du prix proposé par Comcast. Le régulateur doit réexaminer sa décision le 27 juillet et Disney pour l'instant attend, selon les sources.

Juste avant la reprise par Disney, Fox transfèrera le réseau et les chaînes Fox Broadcasting, Fox News Channel, Fox Business Network, ses chaînes sportives FS1, FS2 et le Big Ten Networks au sein d'une nouvelle entité cotée qui sera mise à la disposition de ses actionnaires.

De l'avis des analystes, l'endettement de Disney risque de l'empêcher de surenchérir sur Comcast pour Sky parce qu'il devra, en particulier, investir encore plus pour lancer une plate-forme de streaming en accès direct pour le consommateur.

Comcast a également renoncé à son offre sur les actifs de Fox parce qu'il craignait de voir les prix monter même si les banques semblaient le suivre, ont encore dit les sources.

Comcast craignait enfin un manque à gagner lié aux actifs de Fox qu'il aurait dû céder pour éviter tout problème avec les autorités de la concurrence. Au-delà des réseaux sportifs régionaux de Fox, l'opération aurait été une entrave pour les investissements consentis par Comcast dans le service de télévision en streaming Hulu, dont il a des parts, tout comme Fox et Warner Media Group, devenu propriété d'AT&T.

La bataille entre Comcast et Disney atteste d'une guerre totale qui secoue le secteur des médias et du divertissement, les groupes traditionnels se regroupant pour mieux affronter la concurrence de géants de l'internet tels que Netflix et Amazon.com.

Acheter Sky, un télédiffuseur qui touche 23 millions de foyer en Europe avec des programmes aussi divers que du sport, des films, des séries et des émissions diverses, diversifierait sensiblement l'offre de Comcast à l'étranger mais sans que cela lui assure une présence déterminante en dehors des Etats-Unis, son principal marché.

Comcast s'est laissé entrainer dans une surenchère sur les actifs de Fox parce que les gros médias achetables sont rares, le secteur étant dominé par de puissantes familles ou individualités qui n'ont pas du tout envie de vendre.

CBS et Viacom par exemple sont sous le contrôle étroit de la famille Redstone.

En revanche, des sociétés plus petites passent pour être opéables. Lions Gate Entertainment a vu son action gagner 5% sur de telles spéculations. Sony Pictures Entertainment et MGM Studios sont considérés comme ayant le même statut de proie potentielle.

Comcast avait fait sa première offre sur les actifs de Fox en novembre mais Fox avait décidé de choisir la solution Disney parce qu'il pensait que faire affaire avec Comcast ne serait pas bien vu par les autorités de la concurrence. Le département de la justice américain a de fait donné son feu vert à Disney le mois dernier.

(Avec Munsif Vengattil et Sheila Dang, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Liana B. Baker et Carl O'Donnell