Le fonds Comgest Growth Europe Smaller Companies vient de fêter ses 20 ans, l’occasion pour Wolfgang Fickus, membre du Comité d’Investissement de Comgest, de revenir, pour AOF, sur son succès.

1) Vous n'imaginiez pas que le fonds puisse connaître un 20ème anniversaire aussi animé ?

Nous avons assisté à l'apparition d'un cygne noir avec le Covid 19. Nous avons su amortir les chocs en limitant de 52% la baisse du marché. Notre approche centrée sur les valeurs de qualité et de croissance achetées en vue d'être conservées à long terme a donc offert une certaine protection à la baisse, caractéristique de notre style de gestion qualité et croissance. Les investisseurs ne s'y trompent pas. Depuis le choc, le fonds connaît un regain de souscriptions. Le montant de nos actifs sous gestion, tous fonds confondus, n'est pas loin de son niveau record du début d'année.

2) Comment expliquez-vous cette surperformance ?

Les sociétés de notre portefeuille ont été à la hauteur pendant la crise. Nous ne nous fions jamais au cycle, à la tendance et aux bruits de marché, uniquement à la qualité de nos sociétés en portefeuille. Bien sûr, nous avons constaté les réactions des banques centrales, des pouvoirs publics aux Etats-Unis, en Europe comme dans les pays émergents. Dès lors, nous avons décidé de prendre nos bénéfices sur les titres qui avaient vraiment performé, de l'ordre de +50% en 2020. A l'inverse, nous avons renforcé des positions sur des titres de qualité et croissance que nous jugions injustement sacrifiés, dont les prix étaient trop éloignés de leur " fair value ".

3) Quel regard portez-vous sur le marché des petites et moyennes capitalisations ?

Ce segment suscite l'intérêt croissant des investisseurs, sans doute parce qu'il surperforme celui des grandes capitalisations grâce au effet ‘petite taille' (Small Size Effect). Nous le trouvions d'ailleurs un peu cher juste avant la crise, raison pour laquelle nous avions adopté une position prudente communicant avec les investisseurs. Il ne suffit pas qu'une société affiche un taux de croissance de 15% ou plus par an sur du long terme pour rentrer dans notre portefeuille, elle doit également afficher une valorisation attractive. Or les small caps n'affichaient plus la prime de risque requise pour la volatilité élevée et la liquidité réduite dans ce marché avant la crise. Donc il faut toujours investir avec une grande sélectivité pour réduire cette volatilité tout en affichant une croissance supérieure aux indices. Notre approche de l'investissement est darwinienne et s'y prête parfaitement. Les valeurs que nous sélectionnons présentent de solides qualités de croissance fondamentales peu ou pas dépendante du cycle économique.

4) Quelle est la composition du fonds ?

Notre façon d'investir n'a pas changé depuis 20 ans. Le fonds compte entre 30 et 40 valeurs à fort potentiel de croissance, choisis sans égard de l'indice de référence. Nous ne regardons pas le secteur, ni la géographie. Cependant, je reconnais qu'au final, notre approche conduit à un biais. Vous ne trouverez aucune valeur financière, matières premières ou énergétique aujourd'hui. Il est très difficile de trouver des titres à fortes barrières à entrées et peu d'exposition au cycle économique dans ces secteurs. La visibilité pour investir dans le long-terme est donc trop souvent trop faible. 60% du fonds est constitué de valeurs de la santé et technologique. Par ailleurs, le filtre ESG est appliqué naturellement dès lors que l'on cherche à investir dans des entreprises de qualité et sur le long terme.

5) Quels sont vos derniers investissements ?

Preuve que nous ne nous attachons pas aux secteurs, nous apprécions MTU Aero Engines, un équipementier aéronautique allemand qui a été, selon nous, trop mis à mal. Nous avons aussi récemment investi dans la medtech suédoise Vitrolife, un leader mondial dans le marché de niche de ‘in-vitro-fertilisation'.

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot