Roulette russe, montagnes russe, ours russe, bons baisers de Russie… En attendant de trouver comment placer cigarettes russes ou poupées russes, je crois avoir épuisé par mal de titraille à poncifs la semaine dernière. Mais il va quand même falloir se renouveler parce que la crise à la frontière ukrainienne monopolise toujours l'attention médiatique. Plutôt logique, puisque le bras de fer entamé entre l'Est et l'Ouest ne perd pas vraiment en intensité et qu'il occupe du beau monde. Plusieurs théories circulent sur les stratégies à l'œuvre de part et d'autre. Les russophiles ont l'air de penser que Vlad mène tout le monde par le bout du nez. Les Atlantistes trouvent que Joe a efficacement dynamité les noirs desseins du Kremlin avec sa tactique de balancer dans les médias tous les mouvements des troupes russes. Les Européens essaient de rabibocher tout le monde. A l'image d'Emmanuel Macron qui est parvenu à faire accepter à Joe Biden et Vladimir Poutine une rencontre. Les deux dirigeants ont accepté la proposition, du moins sur le principe. Sous réserve que la Russie n'envahisse pas l'Ukraine, a pris soin de préciser la Maison Blanche.

Les marchés actions ont pris parti eux aussi : ils n'aiment pas les situations incertaines et encore moins celles qui sortent totalement du cadre de leur routine habituelle. Un char, c'est quand même plus rare qu'une enquête pour malversation sur le Crédit Suisse ou que la création d'une nouvelle cryptomonnaie. Les indices ont à nouveau perdu du terrain la semaine dernière, et davantage à cause de la géopolitique que des conséquences d'une inflation débridée qui va nécessiter une sévère reprise en mains. Nouvelle preuve concrète ce weekend : quand j'ai commencé à préparer ma chronique hier soir, les indicateurs avancés américains étaient rouge "bain de sang", à cause des escarmouches dans le Donbass qui auraient pu servir de prétexte à une attaque russe. Mais la médiation proposée par l'Elysée a inversé la tendance et les indices occidentaux pointent ce matin vers un rebond. Emmanuel Macron allié de la finance ? J'ai déjà entendu ça quelque part.

Cette embellie dans la relation sinusoïdale entre les deux factions a entraîné une reculade nocturne des cours du pétrole, de l'or et de l'indice de volatilité VIX. Ce dernier reste toutefois assez haut perché, dans la zone des 20 à 30 points qui semble être devenue la norme depuis la mi-janvier. En attendant de connaître le prochain rebondissement dans cette crise majeure, voici quelques brèves à caractère informatif pour démarrer la semaine du bon pied :

  • Les marchés américains sont fermés pour fêter la naissance de George Washington (dont j'apprends qu'il jouissait de la nationalité française de façon honorifique à la fin de sa vie, par décret de l'assemblée nationale de 1792).
  • 84% des entreprises présentes dans l'indice S&P500 ont publié leurs trimestriels : 77% ont dépassé les attentes de bénéfices pour une ampleur moyenne de 8,5% (ce qui est presque conforme à la moyenne des 5 dernières années pour les deux statistiques, selon FactSet). Volatilité oblige, les dépassements sont moins bien payés que d'habitude en bourse pour les actions, tandis que les manquements sont plus sévèrement punis.
  • God save the queen : Elisabeth II (95 ans) a contracté le Covid avec des symptômes plutôt légers.
  • La Fed édicte enfin des règles d'interdiction et de contrôle des investissements pour ses hauts fonctionnaires et banquiers centraux.
  • Donald Trump lance "Truth Social", son réseau social, aujourd'hui.
  • Les jeux olympiques d'hiver de Pékin, c'est fini.
  • Le parlement iranien pose six conditions à un accord dans le domaine nucléaire.
  • Cette semaine sur l'agenda macro, les indicateurs PMI flash de février (aujourd'hui), l'indice Ifo de confiance des affaires en Allemagne (mardi) et un double gros morceau vendredi, l'inflation PCE et les commandes de biens durables aux Etats-Unis.

Dans des marchés toujours nerveux, les places européennes sont donc attendues en hausse à l'ouverture. En Asie, l'optimisme est moins bien partagé puisque la plupart des indices perdent 0,5 à 1% à l'heure où ces lignes sont écrites, hormis l'Australie qui grappille quelques points.

Les temps forts économiques du jour

Le marché connaîtra le moral des directeurs d'achats de grandes entreprises grâce à aux indices PMI flash de février, publiés pour les grandes économies tout au long de la journée.

L'euro reprend 0,4% à 1,136 USD. L'once d'or, qui a dépassé 1900 USD il y a quelques heures, recule à 1893 USD ce matin. Le pétrole corrige de 2%, à 92,86 USD le baril de Brent et à 90,73 USD le baril WTI. Calme plat sur le marché de la dette souveraine avec un 10 ans américain à 1,93%. Le bitcoin rebondit après une sévère chute, à 39 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : Liberum reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 2 à 3,50 EUR.
  • Airbus : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 140 à 150 EUR.
  • Commerzbank : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 8,70 EUR.
  • Deutsche Rohstoff : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 27,30 à 36 EUR.
  • Kinepolis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 64 à 70 EUR.
  • Klépierre : HSBC passe de conserver à acheter en visant 31 EUR.
  • Nordnet : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 210 à 230 SEK.
  • Publicis : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 71,50 EUR.
  • Quadient : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 27,40 à 28,40 EUR.
  • Renault : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 40 à 41 EUR.
  • Roche : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 375 à 365 CHF.
  • Salmar : SpareBank passe d'acheter à conserver en visant 660 NOK.
  • Sanofi : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 92 à 100 EUR.
  • Siemens AG : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 195 à 200 EUR.
  • Teleperformance : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 400 EUR.
  • Vicat : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 42 à 40 EUR.
  • Wacker Neuson : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 31 EUR.

En France

Principales publications de résultats

  • Faurecia : la marge devrait croître cette année. Les objectifs financiers 2022 seront détaillés le 28 avril, puis un plan stratégique sera dévoilé au second semestre.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Air France-KLM projette une recapitalisation rapide avec tous ses actionnaires de référence, soit China Eastern, Delta Air Lines, les Pays-Bas et la France, selon Les Echos.
  • Worldline va accepter une offre à 2,3 Mds€ pour sa division TSS de la part d'Apollo, dont 1,7 Md€ en numéraire.
  • Lagardère Travel Retail signe un accord d'acquisition d'une participation majoritaire dans Creative Table Holdings.
  • Valneva obtient un financement 24 M€ en Ecosse pour développer ses vaccins.
  • Le consortium de prétendants à Pierre & Vacances prolonge son offre jusqu'au 4 mars.
  • Vicat et Béton Direct s'associent pour développer les ventes en ligne de béton prêt-à-l'emploi.
  • Nicox obtient un brevet sur NCX470 en Chine.
  • Société Foncière Lyonnaise propose un dividende de 4,20 EUR après ses résultats annuels.
  • Altheora ne rachètera pas Edel Tamp.
  • Biosynex détient 4,04% du capital de Novacyt.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures