Un changement complet de méthodologie, davantage tournée vers l'innovation et de nouveaux facteurs de croissance, repousse la Suisse à la quatrième place de ce classement de 100 pays notés de zéro à 100.

Singapour, deuxième, et l'Allemagne devancent également la Confédération, loin devant la France et sa 17e place.

Les Etats-Unis, jusqu'ici deuxièmes, "ont une note de 85,6 qui signifie qu'ils sont encore à 14 points de la compétitivité absolue", a déclaré Saadia Zahidi, membre du comité exécutif du WEF, en présentant le rapport.

La première économie mondiale est une "locomotive de l'innovation" avec aussi une population importante et un marché du travail flexible, a-t-elle noté, tout en faisant état de "signes inquiétants."

"Les Etats-Unis sont l'une des économies les moins bien classées du G20 s'agissant de la santé, et il y a des inquiétudes sur la liberté de la presse et l'indépendance de la justice (...) Ce sont des facteurs qui pourraient influer sur la compétitivité du pays à plus long terme."

Alors que le classement ancien citait la dette publique comme un point de faiblesse des Etats-Unis, le nouveau leur accorde une note quasi parfaite de 99,2 pour leur "dynamique de la dette."

Les experts du Forum ont démenti que l'étude ait été remodelée pour être au goût du président américain Donald Trump, qui a fait le déplacement à Davos en janvier pour vendre son slogan "America First" à l'élite mondiale réunie par le WEF dans la station alpestre suisse.

"Un nouvel indice était nécessaire car nous avons appris beaucoup de nouvelles choses sur ce qui tire la croissance économique et la croissance des revenus sur le long terme", a expliqué Saadia Zahidi.

Les 98 critères retenus pour l'étude, établis à partir de données d'organisations internationales et d'une enquête auprès de dirigeants d'entreprises, reflètent surtout des politiques de long terme comme l'investissement dans la formation numérique, a-t-elle noté.

A l'aune de ces critères, la Suisse pourrait devoir patienter avant de retrouver son premier rang. Pour la responsable de l'étude, la Confédération est certes un pôle d'innovation mais doit revoir sa culture entrepreneuriale.

"Il faut avoir cette capacité à prendre des risques et à utiliser certaines de ces nouvelles technologies pour créer des entreprises. Et pas seulement créer des entreprises mais les accompagner depuis l'idée d'origine jusqu'à la commercialisation concrète", a-t-elle dit.

Plus loin dans le classement, la Chine occupe la 28e place, la Russie la 43e et l'Inde la 58e, en nette baisse par rapport à son 40e rang l'an dernier.

L'Arabie saoudite est 39e, un classement qui pourrait "potentiellement être affecté" par l'affaire en cours de la disparition du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, a indiqué Saadia Zahidi.

Les 30 dernières places sont presqu'exclusivement occupées par des pays africains, même si Haïti et le Yémen viennent se glisser devant le Tchad, bon dernier avec un score de 35,5.

(Véronique Tison pour le service français)

par Tom Miles