par Mark Heinrich

LONDRES, , 6 décembre (Reuters) - La communauté internationale s'est élevée mercredi contre la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël en dépit des multiples mises en garde adressées au président américain.

Arabes et musulmans du Proche-Orient, Nations unies, ou dirigeants européens, ils sont nombreux à avoir fait part de leur désaccord devant cette décision qui a bouleversé la ligne diplomatique observée depuis des décennies par les prédécesseurs de Donald Trump.

A Alger, où il effectue une visite-éclair, le président français, Emmanuel Macron, fut l'un des premiers à condamner la décision américaine qualifiée de "regrettable", avant que la chancelière allemande, Angela Merkel ne la condamne à son tour.

Seul dirigeant à se réjouir ouvertement de la volte-face américaine, Benjamin Netanyahu a au contraire salué une décision historique et un "pas important en direction de la paix".

Tout accord de paix avec les Palestiniens devra d'ailleurs reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, a prévenu le dirigeant israélien qui a prié les autres pays de la planète de suivre l'exemple américain.

Israël a conquis Jérusalem-Est, partie arabe de la ville, lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et l'a ensuite annexée, proclamant la ville réunifiée sa capitale. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

La communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté d'Israël sur la totalité de la ville, qui abrite des lieux saints pour à la fois les religions juive, chrétienne et musulmane.

Dans un discours pré-enregistré, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que Jérusalem était "la capitale éternelle de l'Etat de Palestine" et que la décision de Donald Trump montrait que les Etats-Unis avaient renoncé à leur rôle de médiateur dans la région.

Le mouvement palestinien Hamas, qui a administré la bande de Gaza plus d'une décennie durant, a de son côté dénoncé une "agression flagrante (commise) à l'encontre du peuple palestinien" et appelé les Arabes et les musulmans à s'en prendre aux intérêts américains dans la région.

DÉCISION LÉGALEMENT NULLE

Le président libanais, Michel Aoun, a regretté une décision qualifiée de dangereuses qui remet en question le rôle des Etats-Unis au Proche-Orient et remet en question le processus de paix, peut-être pour des décennies.

L'Egypte, premier pays arabe à avoir normalisé ses relations avec Israël en 1979, a elle aussi rejeté la décision de Donald Trump, soulignant qu'elle n'aurait, selon le Caire, aucune conséquence sur le statut juridique de la ville sainte.

A Amman, le gouvernement jordanien a adopté une ligne semblable, jugeant "légalement nulle" la décision américaine dans la mesure où elle consolide l'occupation du secteur oriental de Jérusalem.

Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a appelé l'administration américaine à revenir sur sa décision, prévenant qu'elle pourrait avoir des conséquences inattendues.

Selon un journaliste de Reuters, plusieurs centaines de manifestants se sont réunies dans le calme devant le consulat américain d'Istanbul.

Notoirement hostile aux Etats-Unis, la république islamique iranienne a elle aussi condamné la décision américaine, rappelant qu'elle allait à l'encontre des résolutions des Nations unies. Avant même l'officialisation de la position de Donald Trump, le guide suprême de la révolution iranienne, l'Ayatollah Ali Khamenei, avait dénoncé l'attitude de Washington qui cherche selon lui à déstabiliser la région. (Rédactions de Reuters, Nicolas Delame pour le service français)