Ils commandent leurs achats en ligne, veulent pouvoir comparer, payer moins cher et s’épargner la corvée des courses et des files d’attente aux caisses. Les « digital natives » cassent les codes des distributeurs traditionnels. La puissance commerciale et financière d’Amazon, qui s’impose comme le site de shopping de référence pour une grande partie de la planète, les force à réagir. D’autant plus depuis que l’Américain a décidé d’entrer sur le marché de la distribution physique et alimentaire. Le coup de tonnerre est intervenu lorsqu’il s’est offert l’enseigne américaine Whole Foods Market. Cette chaîne de supermarchés de produits biologiques a été acquise pour un montant de 13.7 milliards de dollars au second semestre 2017, ce que les analystes ont considéré comme un tournant dans l’histoire des grandes surfaces. En bourse, une phase de correction sévère de la grande distribution traditionnelle a suivi cette acquisition, même si la spéculation a été relancée sur une possible offensive d’Amazon en Europe.

Pour l’heure, le géant du commerce électronique n’a pas réinventé le secteur de la grande distribution en France, mais tente des approches. Un partenariat a été signé avec Casino, plus précisément avec son enseigne Monoprix, afin de proposer un service de livraison à domicile : Monoprix Prime Now. Amazon assure la logistique et la filiale de Casino se charge des commandes. Un modèle que l’Américain a déjà lancé en Espagne avec Dia et au Royaume-Uni avec Morrison. L’accord n’est pas de nature à révolutionner le secteur, puisqu’il est limité géographiquement et en nombre de références. Il pourrait représenter 15 millions d’euros en 2018 : une goutte d’eau dans l’océan des ventes de la grande distribution. Mais il préfigure un mouvement de fond et démontre que les enseignes hexagonales sont à la recherche d’un nouveau modèle. Casino avait par ailleurs signé quelques semaines auparavant un accord avec le logisticien Ocado pour déployer une offre d’e-service alimentaire. Leclerc a pour le moment choisi d’y aller seul en lançant « E.Leclerc chez Moi » en région parisienne fin mars.

Les autres initiatives des distributeurs français sont défensives et souvent fondées sur la politique d’achats, pour améliorer leur compétitivité-prix. Carrefour et System U ont annoncé une coopération de ce type cette semaine. Le groupe dirigé par Alexandre Bompard avait déjà scellé une alliance avec Fnac Darty, l’ancienne société qu’il dirigeait, dans le domaine des produits électroniques et électroménager. Casino et Conforama avaient déjà fait de même sur ce segment. Le groupe de Jean-Charles Naouri s’était aussi allié à Dia puis avec Auchan dans les achats. Ces alliances permettent de jouer sur la taille pour négocier de meilleurs tarifs auprès des fournisseurs. Elles ont aussi pour but de favoriser les circuits-courts en limitant le nombre d’intermédiaires et de s’insérer dans la tendance actuelle d’amélioration de la qualité des produits et de meilleure rémunération des fournisseurs - même si ce dernier point reste à prouver.

Malgré l’ampleur du bouleversement en cours, les analystes apparaissent plutôt confiants quant à l’avenir de la grande distribution. La phase de correction des valorisations offre à leurs yeux des points d’entrée pertinents et permet d’afficher de bons potentiels par rapport aux objectifs de cours. Parmi les sociétés cotées françaises, Carrefour offre le meilleur potentiel théorique, devant Casino :
 

Source : zonebourse.com - à la clôture le 26/04/2018

 
Génération d’individus nés dans les années 1980 – 2000, également appelée « Génération Y » ou encore, « Digital Natives ».