BRASILIA, 28 mars (Reuters) - Le Brésil a interdit vendredi aux étrangers ne disposant pas d'un titre de résidence d'entrer dans le pays via ses aéroports afin d'éviter la propagation du coronavirus, alors même que le président Jair Bolsonaro a incité les citoyens brésiliens à oublier la distanciation sociale pour reprendre le travail.

L'interdiction de voyage émise par le ministère de la Justice et publiée au Journal officiel prend effet à compter de lundi pour une durée de 30 jours.

Cette décision a été annoncée dans un contexte de querelles entre le chef de l'Etat et les gouverneurs sur l'approche à adopter face au coronavirus, avec des mesures dissonantes sur les plans fédéral et local.

Faisant fi des avertissements des experts en santé publique, Jair Bolsonaro a déclaré qu'il voulait que l'économie brésilienne continue de fonctionner, dénonçant une "hystérie" sur cette question sanitaire et qualifiant le coronavirus de "petite grippe".

Le président d'extrême droite s'est attiré les foudres des maires et gouverneurs qui ont mis les villes de Sao Paulo et de Rio quasiment à l'arrêt pour endiguer la propagation du virus.

Une campagne publicitaire dénommée #LeBrésilNePeutPasS'Arrêter a été lancée vendredi par le gouvernement. "Pour le vendeur de quartier, pour les propriétaires de commerces dans les centre-villes, pour les employés de maison, pour des millions de Brésiliens, le Brésil ne peut pas s'arrêter", dit la publicité télévisée, montrant des salles de classe et des rues commerçantes bondées.

Des alliés de Jair Bolsonaro, dont l'un de ses fils le sénateur Flavio Bolsonaro, ont partagé cette campagne publicitaire sur les réseaux sociaux.

Selon deux personnes au fait de la question, cette campagne a été préparée sur demande des services du président sans consultation avec le ministère de la Santé et a coûté environ 1 million de dollar.

Un représentant du ministère de la Santé a déclaré à des journalistes qu'il ne ferait aucun commentaire sur Bolsonaro et que les recommandations sur la distanciation sociale n'avaient pas changé.

Le gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria, un ancien allié de Bolsonaro qui a critiqué la gestion du coronavirus par celui-ci, a qualifié cette publicité de "désinformation". "Plus de 50 pays sont en quarantaine. Donc le monde entier a tort et la seule personne qui a raison est le président Jair Bolsonaro ?", a-t-il dit vendredi.

Plus de 3.400 cas de contamination ont été confirmés au Brésil selon le dernier bilan communiqué vendredi par le ministère de la Santé, contre près de 1.900 cas lundi. Le nombre de décès s'est alourdi à 92.

La popularité de Bolsonaro a décliné depuis le début de la crise sanitaire, et de nombreuses personnes à travers le pays affichent chaque soir leur désaccord avec Bolsonaro depuis leurs fenêtres. (Pedro Fonseca et Jamie McGeever, avec Tatiana Bautzer et Angelo Amante; version française Jean Terzian)