* Un départ précipité en Chine pour s'occuper du grand-père

* L'ensemble de la famille contracte le virus - sauf l'enfant

* Sa mère espère son retour au Canada dans le prochain avion

par Caroline Pailliez

PARIS, 8 février (Reuters) - Morte d'inquiétude, Amelia Pan tente de ramener auprès d'elle au Canada sa fille de deux ans, Cerena, qui se trouve à des milliers de kilomètres, dans la province de Hubei, épicentre de l'épidémie du coronavirus en Chine, gardée par de la famille éloignée depuis que son père et ses grands-parents sont tombés malades.

"J'essaye de tenir", dit à Reuters cette Canadienne originaire de Chine qui vit à Richmond, près de Vancouver en Colombie-Britannique. "Je dois rester forte pour ma famille".

Depuis des jours, Amelia Pan essaie de faire sortir sa fille de Chine avec les avions de rapatriement affrétés par le Canada - le premier avion est parti dans la nuit de jeudi à vendredi - mais les difficultés n'ont cessé de s'accumuler.

Le père de Cerena, Wei Ye, a contracté le virus et est en ce moment même soigné dans un hôpital à Yingshan, sa ville natale. Cerena, elle-même, a eu une montée de fièvre et a été transférée dans un autre hôpital pour vérifications. Une cousine éloignée a accepté de rester à ses côtés et dort avec elle à l'hôpital.

"Ma fille a moins de trois ans et porte toujours des couches. Elle ne peut pas s'occuper d'elle toute seule. Elle a besoin de l'aide d'adultes", explique Amelia Pan.

Le grand-père de Cerena a été le premier de la famille a contracter le virus et est décédé la semaine dernière. Sa grand-mère est quant à elle sous traitement.

Le drame familial a commencé le 17 janvier lorsque Amelia Pan a reçu un appel de sa belle-soeur, en Chine, leur annonçant que son beau-père, atteint d'un cancer, était en phase terminale. L'épidémie venait tout juste d'éclater. Mais rien à l'époque n'indiquait qu'elle allait prendre de telles proportions.

Le lendemain, Wei Ye est parti pour la Chine avec sa fille. Amelia Pan, qui n'avait pas de visa chinois, devait les y rejoindre quelques jours plus tard.

DES RÉSULTATS NÉGATIFS

Le 26 janvier, la jeune femme a appris que son beau-père était infecté par le coronavirus. Le lendemain, son mari et sa belle-mère ont eu une montée de fièvre. Ils ont été hospitalisés et diagnostiqués positifs au virus.

Cerena a d'abord été confiée à une voisine et mise en quarantaine, avant d'être envoyée - après sa montée de fièvre - à l'hôpital pour des examens médicaux.

Les résultats, reçus samedi, sont revenus négatifs, a dit sa mère, soulagée, et Cerena devrait pouvoir sortir de l'hôpital dans le courant du week-end sauf nouvelle hausse de sa température.

La jeune femme espère donc que sa fille pourra monter à bord du deuxième avion de rapatriement canadien, programmé pour lundi. Elle tente maintenant de trouver une personne qui accepterait de l'accompagner durant le vol, Wei Ye ne pouvant toujours pas sortir de l'hôpital.

"J'espère pouvoir trouver quelqu'un de responsable (...) qui s'assurera qu'elle porte en tout temps son masque et ne touche pas à tout. Mais c'est difficile de gérer un enfant qu'on ne connaît pas", dit Amelia Pan.

Rongée par la culpabilité, la jeune mère avoue avoir profité d'une semaine de tranquillité sans sa fille et son mari, avant que la situation ne dégénère. "Mais quel prix à payer pour cette semaine de liberté. J'aimerais tellement revenir en arrière", dit-elle. (Edité par Marine Pennetier)