* La mutation E484K entraîne une efficacité vaccinale moindre

* Les autorités britanniques tentent de traquer le variant sud-africain

* Les contrôles aux frontières ne suffisent pas à empêcher de nouveaux variants-expert

par Estelle Shirbon et Alistair Smout

LONDRES, 2 février (Reuters) - Le variant du coronavirus détecté en Angleterre a développé une nouvelle mutation qui, selon les scientifiques, le rend similaire aux variants dits sud-africain et brésilien et pourrait réduire l'efficacité des vaccins.

Selon l'agence de santé Public Health England (PHE), 11 cas de ce nouveau variant présentant la mutation E484K ont été signalés, principalement dans le sud-ouest de l'Angleterre.

La mutation E484K, qui se produit sur la protéine "spike" du virus, est la même que celle observée sur les variants sud-africain et brésilien qui ont suscité des inquiétudes au niveau international.

"PHE suit la situation de près et toutes les interventions de santé publique nécessaires sont entreprises, y compris le renforcement de la recherche des cas contacts et des mesures de contrôle", a déclaré un porte-parole de l'agence.

Plusieurs études de laboratoire ont montré que le variant du coronavirus identifié pour la première fois en Afrique du Sud diminue l'efficacité des vaccins.

En revanche, les résultats ont montré que les vaccins fonctionnaient tout aussi bien contre le variant dit britannique avant la mutation E484K.

Le ministre de la Santé, Matt Hancock, a déclaré qu'il était trop tôt pour connaître l'impact des variants sur les vaccins mais des cas préoccupants de mutation ont été signalés à Bristol et à Liverpool.

"Nous devons continuer à agir avec prudence, notamment en raison des nouveaux défis posés par les nouveaux variants du coronavirus", a-t-il déclaré aux députés.

Calum Semple, membre du comité conseillant le gouvernement britannique, a déclaré à la BBC que l'E484K était la "mutation la plus préoccupante" et qu'elle s'était "produite spontanément" dans le variant britannique.

Le nom E484K, en termes simples, fonctionne comme les coordonnées d'une carte. Le nombre 484 est l'emplacement exact de la mutation, la lettre E est l'acide aminé qu'elle était à l'origine et la lettre K est l'acide aminé qu'elle est devenue.

L'inquiétude suscitée par le variant sud-africain et la mutation E484K a incité les autorités anglaises à lancer une campagne de tests massifs en porte à porte dans les régions où des cas ont été découverts, chez des personnes n'ayant aucun lien avec l'Afrique du Sud.

Avec cette nouvelle mutation, et malgré un faible nombre de cas, les scientifiques estiment qu'une stratégie consistant à simplement tenter d'empêcher l'importation de nouveaux variants est insuffisante.

"Ce rapport semblerait suggérer que dans des conditions de très hauts niveaux de réplication du virus, même les contrôles frontaliers les plus stricts, bien qu'ils puissent retarder la propagation, ne sont pas susceptibles d'empêcher l'apparition de nouveaux variants", a déclaré Jonathan Stoye, virologue à l'Institut Francis Crick. (Avec Kate Kelland, version française Kate Entringer, édité par Bertrand Boucey)