* Les ressortissants de l'espace Schengen interdits de voyage aux USA

* Bruxelles s'indigne

* Les marchés plongent

* L'épidémie en recul en Chine

* Les commerces fermés en Italie

* Emmanuel Macron s'exprime à 20h00 sur la situation en France

par Liangping Gao et Andrea Shalal

PEKIN/WASHINGTON, 12 mars (Reuters) - Des passagers affolés se sont précipités dans les aéroports européens et les marchés ont à nouveau plongé jeudi après la décision surprise de Donald Trump de limiter drastiquement les voyages en provenance d'Europe, manière selon lui d'enrayer la propagation du coronavirus sur le territoire américain.

En Chine, où la maladie est apparue en décembre, les autorités assurent que le pic de l'épidémie est passé et jugent qu'elle pourrait s'achever d'ici juin à l'échelle mondiale si des mesures d'isolement aussi draconiennes que les leurs sont mises en oeuvre partout dans le monde.

Après avoir minimisé les risques du Covid-19, le président des Etats-Unis a décidé la nuit dernière d'interdire aux ressortissants des vingt-six pays européens de l'espace Schengen de se rendre aux Etats-Unis pour une durée de trente jours à compter de vendredi minuit (samedi 04h00 GMT).

"Il s'agit des mesures les plus agressives et les plus complètes jamais prises dans l'histoire moderne pour lutter contre un virus étranger", a-t-il dit lors d'une allocution télévisée.

"L'Union européenne n'a pas été capable de prendre les mêmes précautions et restrictions de voyage pour la Chine et d'autres zones sensibles. Par conséquent, un nombre important de nouveaux foyers de contamination aux Etats-Unis ont été semés par des voyageurs venus d'Europe", a encore affirmé le président.

A Bruxelles, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Charles Michel, son homologue du Conseil, ont déploré "que la décision américaine (...) ait été prise unilatéralement et sans consultation".

Bien qu'elle ne soit pas concernée, la Grande-Bretagne a également exprimé sa désapprobation.

La Bourse de New York a ouvert en forte baisse après la décision américaine. Trois heures après le début des échanges, l'indice Dow Jones perdait plus de 9%, et le Standard & Poor's 500, plus large, cédait 8,3%.

Les Bourses européennes ont perdu plus de 10% dans la journée, une des pires séances de leur histoire, retombant à leur plus bas niveau depuis 2016 malgré les nouvelles mesures de soutien au crédit annoncées par la BCE.

En France, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a annoncé la création d'un fonds de solidarité pour les entreprises les plus touchées par la crise du coronavirus et a confirmé qu'elles pourraient demander un report des charges sociales et fiscales.

LES MUNICIPALES MENACÉES EN FRANCE ?

La décision de Donald Trump a provoqué des scènes de panique et de confusion dans les aéroports européens, où certains voyageurs ont cherché à embarquer à destination des Etats-Unis avant son entrée en vigueur.

Les compagnies aériennes, déjà sous le choc, ont été prises de court, tout comme les voyagistes, l'industrie, le secteur du divertissement et le monde des sports, puisque les Jeux olympiques de Tokyo seraient notamment menacés.

Dans la province chinoise du Hubei, premier et principal foyer de l'épidémie, huit nouveaux cas seulement ont été signalés jeudi. Le bilan quotidien passe ainsi pour la première fois sous les dix contaminations supplémentaires. En Chine continentale, sept nouveaux cas seulement ont été dénombrés.

"Le pic de l'épidémie est passé pour la Chine", s'est félicité Mi Feng, porte-parole de la Commission nationale de la santé. "Si tous les pays pouvaient se mobiliser, ce pourrait être terminé d'ici juin mais, si certains ne le font pas avec une fermeté suffisante, ce sera plus long", a assuré Zhong Nanshan, principal conseiller médical du gouvernement et épidémiologiste réputé, qui a notamment contribué à la lutte contre le Sras en 2003.

A l'échelle mondiale, plus de 126.000 cas et 4.624 décès ont été signalés, selon le décompte de Reuters, et l'Organisation mondiale de santé (OMS) considère désormais qu'il s'agit d'une pandémie.

En Italie, pays européen le plus touché avec 827 décès et 12.462 cas, le président du Conseil italien Giuseppe Conte a annoncé la fermeture dès ce jeudi et jusqu'au 25 mars de tous les commerces, à l'exception de ceux qui vendent des produits alimentaires et sanitaires.

En France, l'entourage du président (Les Républicains) du Sénat, Gérard Larcher, a démenti des informations du Journal du dimanche (JDD) faisant état d'un éventuel report des élections municipales, dont le premier tour est prévu dimanche.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron doit s'exprimer à 20h00 (19h00 GMT). (Avec l'ensemble des rédactions de Reuters, version française Jean-Philippe Lefief, édité par Jean-Stéphane Brosse)