PARIS, 25 janvier (Reuters) - La France traverse un "moment inquiétant" de l'épidémie de COVID-19 qui devrait nécessiter des mesures plus strictes, dont la date de mise en oeuvre dépendra des données reçues dans les tout prochains jours, a déclaré lundi la présidente de la Haute Autorité de santé (HAS), Dominique Le Guludec.

Ces données, attendues mardi ou mercredi, porteront à la fois sur l'impact du couvre-feu à 18h00 élargi à toute la France depuis le 16 janvier et sur la présence de nouveaux variants du SARS-CoV-2 plus transmissibles.

Un conseil de défense sanitaire est programmé mardi et un autre mercredi, selon l'agenda du Premier ministre Jean Castex, mais aucune décision sur un troisième confinement, n'est encore prise, ont assuré lundi matin plusieurs membres du gouvernement.

D'après franceinfo, Emmanuel Macron ne s'exprimera pas à l'issue du conseil de défense de mercredi.

Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique qui a jugé un reconfinement "probable", dimanche, à l'antenne de BFM TV, l'estime inévitable dans un entretien accordé à Libération, qui paraîtra mardi, mais juge qu'"on n'est pas à une semaine près".

"Il y a des hypothèses mais pas de décision à cette heure", a indiqué le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune sur Radio Classique.

"Cette question n'est pas réglée et sera débattue en conseil de défense mercredi", a confirmé le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, au micro de franceinfo.

"Les débats auront lieu à la fois sur les données observées sur ces trois, quatre, cinq dernières semaines et sur les données épidémiologiques qui sont prévues et qui prennent évidemment pleinement compte des variants, de leur propagation et de leur dynamique", a-t-il ajouté.

Priée de dire si le gouvernement attendait ces données "pour savoir si on boucle cette semaine ou la prochaine", Dominique Le Guludec a répondu sur France Inter : "Exactement."

"On attend de voir comment se passe la montée des cas dans les réanimations, la montée des décès et, deuxièmement, la proportion de variant anglais (...) Je ne crois pas que le gouvernement sait aujourd'hui", a-t-elle précisé.

Le nombre de patients atteints du COVID-19 en réanimation, qui est l'un des principaux paramètres observés par les pouvoirs publics, est passé lundi au-dessus de 3.000.

"C'est un moment inquiétant. Nous sommes tous inquiets puisque nous savons que ce variant anglais va arriver et plus il arrivera sur une situation épidémique déjà élevée, une circulation du virus élevée, pires seront les conséquences", a poursuivi la présidente de la HAS.

"Une exponentielle, une fois qu'elle est lancée, on ne peut plus l'arrêter. Aujourd'hui, grâce aux modélisations des épidémiologistes, on sait prévoir dès le début de la courbe. Donc il faut à la fois prendre des mesures assez tôt pour éviter d'être en plein dedans et limiter la hauteur du pic, et pas trop tôt non plus car un confinement vous voyez bien à quel point c'est terrible pour tout le monde."

"On va le savoir très vite (si on est au début de la courbe exponentielle). C'est grâce à cette montée en quinze jours qu'on va pouvoir prévoir le reste", a déclaré Dominique Le Guludec. (Bertrand Boucey, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief)