Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre a choisi de maintenir son taux d'intérêt directeur à son plancher historique. L'institut d'émission a jugé une "nette chute" du produit intérieur brut (PIB) mondial au premier semestre "probable" du fait de la pandémie de Covid-19 qui paralyse l'économie.

L'institution a annoncé jeudi garder son taux d'intérêt à 0,1%, une semaine après l'avoir abaissé à ce niveau historiquement bas. Une "nette chute" du PIB mondial au premier semestre est "probable" et "il y a un risque de danger à long terme pour l'économie" britannique, a en outre souligné la banque centrale.

Les membres du Comité de politique monétaire (MPC) ont également décidé de poursuivre le programme de rachat d'actifs, qui avait été augmenté de 200 milliards de livres pour le porter à 645 milliards jeudi dernier. C'est à cette occasion qu'ils avaient également décidé d'abaisser le taux d'intérêt de 0,15 point de pourcentage, pour le fixer à 0,1%. Au début du mois, il était encore à 0,75%.

Jeudi dernier, le gouverneur Andrew Bailey, qui venait de prendre ses fonctions à la tête de l'institution, avait déclaré que la situation était "clairement sans précédent" et que "les choses évolu(aient) trop vite" pour attendre la réunion prévue cette semaine.

Comme attendu

Comme attendu, la Banque d'Angleterre (BoE) a déclaré qu'elle était prête à en faire plus "si nécessaire" pour soutenir l'économie. Ce maintien de la politique monétaire n'a pas surpris les investisseurs et la livre sterling n'a pas réagi, le statu quo étant attendu.

Certains ont cependant pu être "légèrement déçus que le MPC n'ait pas choisi de copier la Réserve fédérale américaine en s'engageant aujourd'hui à acheter des obligations pour une durée indéterminée", a commenté Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

"La Banque ne peut rien faire contre ce qu'elle a décrit comme une contraction importante du PIB. Mais elle essaie d'empêcher la crise économique de se transformer en crise financière et cherche à donner à l'économie la meilleure chance de rebondir une fois le virus contenu", a réagi Paul Dales, analyste pour Capital Economics.

La BoE a ainsi jugé que "les flux de trésorerie des entreprises seront gravement affectés, ce qui, en l'absence de mesures de soutien, pourrait menacer de faillite un nombre important d'entreprises et provoquer une augmentation importante et persistante du chômage".

"La nature du choc économique du Covid-19 est très différente de celle (des autres chocs économiques) auxquels le MPC a déjà eu à répondre", même si celui-ci devrait être "temporaire", a-t-elle averti.

Pire que 2008

La propagation de l'épidémie de Covid-19 s'est considérablement accélérée ces derniers jours au Royaume-Uni, avec 463 morts et 9529 cas de contamination officiellement recensés. Le prince Charles, héritier du trône, a notamment été testé positif. Depuis que l'Europe est devenue l'épicentre de la pandémie de coronavirus, de nombreux pays ont imposé un confinement de la population, paralysant l'activité économique et forçant les banques centrales à prendre des mesures exceptionnelles.

Dans son enquête qu'elle réalise régulièrement auprès d'entreprises, la situation a été décrite par de nombreux répondants comme "pire que la crise financière de 2008" et 71% des 2.500 acteurs s'étant exprimés ont déclaré s'attendre à un impact négatif de l'épidémie sur leur activité.

Pour juguler la récession, le gouvernement britannique devrait dévoiler jeudi des mesures pour aider les travailleurs indépendants, une population déjà précaire et touchée de plein fouet par la paralysie de l'économie. Vendredi, il avait déjà annoncé une batterie de mesures "sans précédent" pour mettre l'économie sous perfusion et sauver des emplois.

Mercredi, la BoE et le Trésor ont publié une lettre enjoignant aux banques de "maintenir et amplifier les prêts malgré l'incertitude économique".

Si les conséquences économiques de la pandémie restent à mesurer, l'activité s'est d'ores et déjà effondrée en mars au Royaume-Uni, selon une première estimation de l'indice PMI, tombé à son plus bas niveau depuis la publication des premières données en janvier 1998, et ce alors que les dernières mesures de confinement ne sont entrées en vigueur que lundi soir.

afp/vj