Paris (awp/ats/afp) - L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté mercredi sur la progression "quasi-exponentielle" de la pandémie provoquée par le coronavirus. Le nombre de décès a plus que doublé en une semaine.

"Dans les prochains jours nous atteindrons un million de cas confirmés et 50'000 décès", a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d'une conférence de presse virtuelle depuis Genève. "Nous devons être à l'unisson pour combattre ce virus inconnu et dangereux", a-t-il lancé.

Le coronavirus a tué près de 46'000 personnes dans le monde, dont les trois quarts en Europe. La pandémie, qualifiée par l'ONU de pire crise à laquelle l'humanité ait été confrontée depuis 1945, menace désormais de submerger les Etats-Unis.

"Au cours des cinq dernières semaines, nous avons assisté à une croissance quasi-exponentielle du nombre de nouveaux cas", s'est alarmé le patron de l'OMS. Plus de 900'000 cas ont été déclarés dans le monde, selon un comptage de l'AFP, dont plus de la moitié en Europe, plus de 200'000 aux Etats-Unis et plus de 110'000 en Asie.

L'inquiétude est également majeure pour les pays en développement, souvent démunis face au virus. "Bien qu'un nombre relativement plus faible de cas ait été signalé en Afrique et en Amérique centrale et du Sud, nous sommes conscients que le Covid-19 pourrait avoir de graves conséquences sociales, économiques et politiques pour ces régions", a affirmé M. Tedros.

Pour freiner la propagation de la pandémie, près de la moitié de la population mondiale (48%) est appelée ou contrainte à rester chez elle. Non sans difficultés dans les zones les plus pauvres, comme dans le township de Khayelitsha, près du Cap, où vivent des centaines de milliers de personnes dans un entrelacs de cabanes faites de bric et de broc. Sans eau courante, toilettes ou électricité.

En Europe, l'Italie a prolongé les mesures de confinement jusqu'au 13 avril et l'Allemagne jusqu'au 19 avril. En France, qui vient de franchir la barre des 4000 morts, le premier ministre Edouard Philippe a de son côté jugé "probable" que le déconfinement ne se fasse pas "en une fois, partout et pour tout le monde".

"Massacre silencieux"

Partout on espère voir une réduction des arrivées de nouveaux patients, comme en Italie, pays qui enregistre le plus grand nombre de décès (plus de 13'000), où le confinement commence à produire des résultats "encourageants", après trois semaines.

Mais la péninsule a encore annoncé mercredi soir 727 nouveaux morts en 24 heures. Les médecins italiens s'inquiètent désormais des convalescents, qui quittent l'hôpital dès que leur vie n'est plus menacée, même s'ils sont encore contagieux.

Certains sont envoyés dans des centres qui accueillent des personnes âgées. En dépit de strictes mesures de protection, des médecins mettent en garde contre le risque de "transformer ces centres de convalescence en 'bombes virales'" et évoquent "un massacre silencieux" dans ces structures.

Deuxième pays du monde le plus endeuillé, l'Espagne a annoncé mercredi avoir enregistré un nouveau record quotidien de 864 morts en 24 heures, passant la barre des 9000 morts. Madrid redoute toujours de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.

"Les mains nues"

En Roumanie comme dans de nombreux pays en proie à une pénurie d'équipements médicaux, la colère enfle. Les soignants affirment être "envoyés à la mort les mains nues". "Nous avons deux combinaisons pour douze employés", résume Lorena Ehim, responsable démissionnaire du département de soins intensifs de l'hôpital d'Orastie.

240'000 morts envisagés aux Etats-Unis

Mais ce sont les Etats-Unis, où près des trois quarts des Américains vivent désormais confinés, qui risquent de devenir le nouvel épicentre de la pandémie. Le président Donald Trump a demandé à ses concitoyens de se préparer, à l'instar de l'Europe, à des semaines "très, très douloureuses".

Au total, près de 4500 décès ont été recensés mercredi, un chiffre multiplié par deux en trois jours, selon l'Université américaine Johns Hopkins, dont les bilans font autorité. Selon les projections de la Maison Blanche, la maladie devrait faire entre 100'000 et 240'000 morts aux Etats-Unis.

afp/rp