Genève (awp/afp) - Les variants britannique et sud-africain du coronavirus, particulièrement contagieux, s'étendent désormais à au moins une cinquantaine de pays, dans un monde submergé par une nouvelle vague de contaminations que confinements, couvre-feux et campagnes de vaccination ne parviennent pas à endiguer.

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi avoir atteint le chiffre de 10 millions de personnes vaccinées, important à l'échelle mondiale puisque l'OMS fait état de 28 millions de doses administrées au total dans 46 pays. Mais c'est encore bien peu pour faire fléchir l'épidémie qui a déjà fait plus de 380.000 morts dans le pays.

Au même moment, confronté à la pire flambée de cas et au pire bilan en Europe avec près de 85.000 morts, le Royaume-Uni, reconfiné en raison de la propagation d'un variant plus contagieux du virus, a enregistré mercredi 1.564 décès, le pire bilan quotidien depuis le début de la pandémie.

Sur le continent, c'est maintenant le Portugal qui s'est résolu à un nouveau confinement général, alors que le virus s'y propage de manière accélérée avec plus de 10.500 nouveaux cas en une journée mercredi parmi ses 10 millions d'habitants. "La règle est simple: chacun d'entre nous doit rester à la maison", a souligné le Premier ministre Antonio Costa.

Dans l'Espagne voisine, avec près de 39.000 nouveaux cas enregistrés mercredi, c'est une situation de "risque extrême", selon les mots de Carolina Darias, ministre de la Politique territoriale.

Alors qu'en Italie le gouvernement a annoncé son intention de prolonger l'état d'urgence jusqu'au 30 avril, la France de son côté retient son souffle, après un nouveau conseil de Défense réuni mercredi par le président Emmanuel Macron. Des décisions seront dévoilées jeudi pour faire face à la hausse des contaminations (plus de 23.000 enregistrées mercredi) et à la propagation du nouveau variant britannique.

Le nombre de pays et territoires où se trouve dorénavant ce variant repéré initialement en Grande-Bretagne mi-décembre s'élève à 50 et il est de 20 pour le variant identifié en Afrique du Sud, a annoncé l'OMS, jugeant cette évaluation fort probablement sous-estimée.

Réunion d'urgence

Une troisième mutation, originaire de l'Amazonie brésilienne et dont le Japon a annoncé dimanche la découverte, est actuellement analysée et pourrait impacter la réponse immunitaire, selon l'OMS qui évoque "un variant inquiétant".

Le comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé va se réunir jeudi, avec deux semaines d'avance, pour discuter notamment de ces nouveaux variants plus contagieux.

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 1.963.557 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP mercredi.

Plus de 91,5 millions de personnes ont été contaminées, et le branle-bas de combat s'intensifie -à coups de "lockdown", couvre-feu et autres restrictions impopulaires-, pour stopper ce regain de la pandémie qui frappe actuellement la planète.

Trois morts minute

Les Etats-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts (presque 381.000) que de cas (près de 23 millions). Avec une moyenne de trois morts par minute, le pays a enregistré mardi un nouveau record de morts quotidiens (4.470).

"C'est astronomique, c'est plus de morts que je n'en ai jamais vu auparavant", a témoigné Kari McGuire, infirmière à l'hôpital Saint-Mary d'Apple Valley, petite ville rurale du sud de la Californie.

Dans l'espoir d'enrayer les contagions, les autorités fédérales ont décidé que tous les voyageurs souhaitant se rendre aux Etats-Unis par avion devraient présenter, à partir du 26 janvier, un test négatif au Covid-19.

Au Canada, les habitants de l'Ontario ont reçu l'ordre de rester chez eux, alors que le système de santé de la province est "sur le point de s'effondrer" selon les autorités locales.

En Chine, qui a très largement éradiqué l'épidémie, apparue dans le pays fin 2019, et où le dernier décès signalé officiellement remonte à mai dernier, plusieurs foyers de contamination sont apparus ces derniers jours, entraînant une réponse ferme des autorités, avec de strictes restrictions de déplacement pour des dizaines de millions de personnes.

C'est le cas notamment dans la province du Heilongjiang (nord-est), frontalière de la Russie, ainsi que dans le Hebei, qui entoure Pékin, où 76 millions d'habitants se sont vus interdire de quitter la province.

En Asie toujours, le Japon a étendu mercredi son état d'urgence, déjà en place sur Tokyo et sa grande banlieue, à sept départements supplémentaires, avec notamment une fermeture en soirée des bars et restaurants.

Le pape vacciné

Le pape François, âgé de 84 ans, a lui aussi été vacciné mercredi, selon des journalistes.

En Russie, le président Vladimir Poutine a ordonné mercredi d'entamer dès la semaine prochaine la vaccination contre le coronavirus de toutes les catégories de population, affirmant que le vaccin conçu par son pays était le "meilleur".

Face à la propagation de l'épidémie, les gouvernements du monde entier se précipitent pour acquérir et fournir le plus rapidement des vaccins.

Le Royaume-Uni compte ainsi mettre en place "dès que possible" une vaccination 24 heures sur 24. L'objectif est de vacciner d'ici à mi-février les plus de 70 ans et les soignants, soit environ 15 millions de personnes, pour 2,4 millions de vaccinés aujourd'hui depuis le 8 décembre.

L'Union africaine a obtenu 270 millions de vaccins anti-Covid pour le continent, dont la plupart des pays n'ont pas les moyens de financer l'immunisation de leur population, a annoncé mercredi soir l'Afrique du Sud, qui assure la présidence tournante de l'UA.

Quant au Brésil, il a annoncé mercredi que deux millions de doses du vaccin d'AstraZeneca/Oxford seraient acheminées d'Inde par avion afin que débute d'ici la fin du mois la vaccination.

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé le président Jair Bolsonaro d'avoir tenté de "saboter" les mesures sanitaires prises pour freiner la propagation du Covid-19 dans son pays, dans son rapport annuel.

afp/rp