New York (awp/afp) - De Shanghai à Wall Street, les marchés mondiaux ont vu rouge lundi après le brutal durcissement du climat commercial entre Pékin et Washington suite aux menaces surprises lancées par Donald Trump.

En pleines négociations pour tenter d'apaiser le conflit sino-américain qui secoue le commerce mondial depuis plus d'un an, le président américain avait déterré la hache de guerre dimanche soir.

Estimant que ces discussions n'allaient pas assez vite, il a brandi la menace d'une hausse de 10% à 25% des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois exportés chaque année aux Etats-Unis dès vendredi.

De quoi jeter un voile d'incertitudes sur la poursuite des discussions entre les deux puissances mondiales et mettre en doute la capacité de Pékin et Washington à parvenir rapidement à un accord.

En toute fin de séance les courtiers de Wall Street semblaient toutefois relativiser la situation: son indice vedette le Dow Jones Industrial Average a terminé en baisse de 0,25% à 26.438,48 points après avoir dévissé beaucoup plus nettement en début de séance.

"Les acteurs du marché estiment visiblement qu'il s'agit plus d'une tactique de négociations (de la part du président américain) qu'autre chose", a relevé Tom Cahill, gestionnaire de portefeuille pour Ventura Wealth Management.

"Il peut s'agir d'un coup de bluff", a aussi estimé dans une note Tangi Le Liboux, analyste stratégique pour le courtier Aurel BGC. "Mais c'est à double tranchant car cette stratégie devrait irriter Pékin", a-t-il ajouté.

Pékin laisse la porte ouverte

Les marchés européens ont aussi limité la casse en fin de séance.

La Bourse de Paris a perdu 1,18% à 5.483,52 points tandis que celle de Francfort a lâché 1,01%, le Dax finissant la journée à 12.286,88 points.

Les places asiatiques, saisies d'une anxiété plus marquée en début de journée, ont été les plus secouées.

En Chine continentale, l'indice composite de la Bourse de Shanghai a perdu 5,58% à 2.906,46 points et celui de Shenzhen a dévissé de 7,38% à 1.515,80 points.

La Bourse de Hong Kong a cédé 2,9% à la clôture, l'indice composite Hang Seng reculant de 871,3 points, à 29.209,82 points.

Le marché japonais était fermé.

Sur les autres marchés européens, presque tous ont fini en baisse: l'indice SMI de la Bourse suisse a reculé de 0,87% à 9.657,24 points, le FTSE Mib de Milan a cédé 1,63% à 21.409 points et l'indice AEX d'Amsterdam a perdu 0,87% à 563,79 points.

Même tendance à Madrid (-0,84% à 9.331 points), Lisbonne (-1,45% à 5.301,30 points) et Bruxelles (-0,90% à 3.681,80 points).

Sur le marché des changes, le yuan a terminé en nette baisse face au dollar, à 6,7671 yuans pour un billet vert contre 6,7354 yuans vendredi soir.

Cela fait plusieurs mois que les investisseurs parient sur la conclusion imminente d'un compromis entre Pékin et Washington.

"Le succès (de Wall Street) cette année repose sur trois éléments: le virage de la Banque centrale américaine vers une position plus accommodante, des résultats d'entreprises meilleurs que prévu et l'anticipation d'un accord commercial avec la Chine au premier semestre", rappelle ainsi Art Hogan de la société d'investissement National.

Le marché "est en train d'intégrer le fait que l'un de ces trois éléments vient d'être sérieusement remis en cause", ajoute-t-il.

Si la guerre commerciale devait se poursuivre encore longtemps, elle pourrait peser sur la croissance mondiale et les profits des entreprises.

L'administration chinoise n'a pas fermé la porte aux négociations et a fait savoir que son équipe de négociateurs se préparait toujours à se rendre à Washington. Sans toutefois confirmer spécifiquement de date, ni si le vice-Premier ministre Liu He dirigerait bien la délégation chinoise.

Les prochaines négociations sont prévues en principe mercredi, après une dixième session de pourparlers qui s'est déroulée à Pékin la semaine dernière.

Depuis une rencontre entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping début décembre, l'atmosphère était revenue à l'apaisement entre les deux géants économiques qui ne parlaient plus de s'imposer mutuellement des droits de douane punitifs.

afp/rp