Les signes d'amélioration de la deuxième économie mondiale viendraient s'ajouter aux espoirs grandissants d'un accord commercial entre Washington et Pékin, qui mettrait fin à des mois de tensions néfastes pour la confiance des entreprises et la croissance mondiale.

Pour autant, les économistes n'attendent pas de rebond marqué de l'économie chinoise, les mesures de soutien prises jusqu'ici étant plus restreintes que celles qui par le passé avaient provoqué de vives reprises reflationnistes.

Ils prévoient en moyenne une croissance de 6,3% sur le trimestre janvier-mars par rapport à la même période de 2018, soit le rythme le plus lent depuis le premier trimestre 1992 quand a débuté la compilation des données.

Au quatrième trimestre, la croissance avait été de 6,4% sur un an. Pour l'ensemble de 2019, les économistes ont une prévision de 6,2% contre 6,6% en 2018 et 6,8% en 2017, selon une enquête Reuters publiée vendredi.

Le chiffre du premier trimestre sera publié mercredi, en même temps que des indicateurs d'activité du mois de mars qui, eux, pourraient témoigner d'une amélioration.

Fin mars, le Premier ministre Li Keqiang avait fait état d'"évolutions" positives en mars qui ont permis à l'économie de se stabiliser au premier trimestre.

Selon des données publiées vendredi, les banques chinoises ont accordé pour 1.690 milliards de yuans (222,67 milliards d'euros) de nouveaux crédits en mars et 5.810 milliards sur l'ensemble du trimestre, un record laissant penser que les mesures de soutien à l'activité prises par la banque centrale commencent à porter leurs fruits.

Les chiffres du commerce extérieur publiés le même jour ont toutefois montré une demande intérieure toujours atone.

Le 5 mars, Pékin a annoncé de nouvelles baisses d'impôts et dépenses d'infrastructure venant s'ajouter à des mesures annoncées l'an dernier.

Pour autant, le gouvernement ne veut plus inonder le pays de liquidités comme il l'avait fait lors de précédents retournements conjoncturels, ce qui avait eu pour effet d'aggraver la dette.

En variation séquentielle, les économistes anticipent une croissance de 1,4% au premier trimestre, contre 1,5% lors des trois derniers mois de 2018.

NOUVELLES MESURES DE SOUTIEN ATTENDUES

En plus des données du produit intérieur brut, les marchés scruteront mercredi les statistiques mensuelles de la production industrielle, des ventes au détail, de l'investissement et du marché immobilier, qui livreront des indications sur l'évolution de la demande intérieure en mars.

Les indices PMI ont montré un retour inattendu à la croissance dans le secteur manufacturier en mars et une accélération dans les services, mais cette embellie peut s'expliquer en partie par des facteurs saisonniers.

Les économistes prévoient en moyenne une hausse de 5,9% de la production industrielle en mars sur un an, après une progression de 5,3% sur les deux premiers mois de l'année qui était la plus faible depuis 17 ans.

Les ventes au détail sont pour leur part prévues en hausse de 8,4%, après +8,2% sur les deux premiers mois.

Les ventes de voitures ont reculé en mars pour le neuvième mois consécutif mais le rythme de baisse a ralenti, les constructeurs ayant pu baisser leurs prix grâce à des mesures fiscales du gouvernement visant à stimuler la demande des ménages.

Les projets d'infrastructures annoncés par le pouvoir devraient quant à eux se refléter dans la statistique des investissements en actifs fixe, prévue en hausse de 6,3% au premier trimestre sur un an après +6,1% en janvier-février.

Les récents indicateurs plus positifs ont amené certains économistes à tempérer leurs anticipations de nouvelles mesures de soutien mais la plupart pensent que Pékin ne pourra faire l'économie d'autres annonces pour assurer un redressement durable.

La Banque populaire de Chine (BPC) a déjà réduit le taux de réserves obligatoires des banques à cinq reprises en un an et pourrait assouplir encore sa politique dans les prochains trimestres afin d'encourager le crédit et de réduire les coûts d'emprunt, notamment pour les petites et moyennes entreprises qui sont vitales pour la création d'emplois.

Les économistes interrogés pour l'enquête de vendredi, avant la publication des chiffres du crédit, tablaient sur trois nouvelles baisses du coefficient des réserves obligatoires cette année mais avec un maintien des taux directeurs de la banque centrale en 2019 et 2020.

(Kevin Yao à Pékin, enquête de Khushboo Mittal à Bangalore et Jing Wang à Shanghai, Véronique Tison pour le service français, édité par Patrick Vignal)