• L’incontournable HODL 

HODL est l’acronyme de “Hold On for Dear Life”, ce qui se traduit littéralement dans la langue de Molière par : accroche toi, la vie est belle. Si c’est un mode de vie pour la communauté crypto se revendiquant de ce mouvement, c’est avant tout une erreur commise par un utilisateur dénommé GameKyuubi qui, en 2013, se trompe dans l’orthographe du mot “HOLD” (en anglais : conserver)  lors d’une publication d’un post sur un forum. Il a admis quelques jours plus tard s’être noyé dans du whisky avant de publier son post.

Pour résumé, dans sa violente diatribe envers le trading, GameKyuubi explique qu’il a cherché à “timer” ses positions sur le cours du bitcoin, lorsqu’il valait moins de 1000 dollars, et a perdu beaucoup d’argent en agissant de la sorte. Puis il explique qu’il faut “HODL” ses bitcoins plutôt que chercher à arbitrer ses positions en faisant du trading.

La controverse s’est rapidement déchaînée, le post n’est pas passé inaperçu et des centaines de commentaires ont envahi la publication de GameKyuubi, à grands coups de “HODL!”, “HODLING hard !” “Keep Hodling !"... Et finalement, vu l’ampleur du phénomène,  les internautes du forum ont donné un sens à l’acronyme HODL : Hold On for Dear Life. Si GameKyuubi n’est pas tombé dans les méandres de l’abus de whisky, et a tenu d’une main de fer ses positions en “hodling” depuis 2013, il devrait avoir au moins multiplié par 17 son capital. Mais rien n’est moins sûr…

HODL est devenu un cri de guerre sur internet, souvent matérialisé par des mèmes, des détenteurs à long terme des cryptomonnaies. Son utilisation s’est propagée dans la cryptosphère et s’est imposée en tant que “stratégie d’investissement légitime”. Mais pour certains, la stratégie est devenue une croyance presque religieuse dans l'inévitabilité d'un retour à la rentabilité et d’un rejet à la fois du day trader inconstant ainsi que du crypto-sceptique.

Maintenant, voici ce que pourrait dire votre petit cousin assis en face de vous : “HODL! , HODLING hard ! Keep Hodling !” en hurlant et en coupant toutes les autres discussions autour de la table. Dans ce cas, inquiétez-vous, il a peut-être été atteint de la Bitcoinite : maladie fictive qui définit les personnes qui ont une croyance exacerbée, parfois satanique, envers le potentiel du Bitcoin. 

Votre mamie, plus réaliste, pourrait plutôt vous dire que, au cœur du HODL se trouve l’idée que les investisseurs en crypto ne devraient pas chercher à négocier uniquement sur la base de mouvements de prix à court terme. Au lieu de cela, les crypto-investisseurs devraient tout simplement conserver leurs bitcoins en occultant l’extrême volatilité inhérente au marché des actifs numériques. Autrement dit, même si les cryptomonnaies peuvent chuter drastiquement, les rebonds viendront compenser les pertes au fil du temps. Il s’agit tout simplement de ne pas essayer de chercher à vendre les points hauts et acheter les points bas, et donc d'éviter le stress lié au trading en conservant ses avoirs. 

Maintenant, c’est à vous de jouer. Vous serez prêts à débattre avec votre mamie et/ou votre petit cousin lorsque le “HODL” retentira avant de passer à table. Vous ferez peut-être des découvertes inattendues.  

Illustration : O. Campana
  • L’inévitable DYOR

DYOR est l'acronyme de Do Your Own Research, ce qui se traduit par : faites vos propres recherches. Si cet acronyme n’est pas uniquement utilisé dans la sphère crypto, et peut-être plus largement appliqué à l’heure où les fake news pullulent sur Internet, il y est tout de même, ici, très utilisé en raison du nombre important d'escroqueries qui dupent les investisseurs. 

Le terme DYOR est devenu très populaire lorsque les vagues de projets ICO (Initial Coin Offering - levées de fonds avec des cryptomonnaies) ont frappé les côtes de la cryptosphère entre 2016 et 2018. A cette époque, la capitalisation du marché des cryptomonnaies est passée de quelques milliards de dollars à plus de 800 milliards. Le marché haussier a inévitablement favorisé le manque de vigilance des investisseurs qui ne voulaient pas “rater le train”. Encore moins compris qu’aujourd’hui, à cette époque, certains se sont brûlés les ailes en investissant dans à peu près tout et n’importe quoi tant que le projet mentionnait le mot magique : blockchain.

Afin de lutter contre la fraude, et après s’être fait dilapidés, les utilisateurs ont été invités à “DYOR” et à enquêter pleinement sur tout investissement potentiel avant d'engager de l'argent dans un projet. Pour faire simple, l’expression “DYOR” encourage les utilisateurs à rechercher et à comprendre les ambitions d’un projet crypto, notamment les solutions qu’il propose, qui est à l’origine du projet et quels problèmes cherche-t-il à résoudre, avant d’investir dans une cryptomonnaie. 

Cependant, il n’est pas facile de comprendre ces projets qui mettent souvent tout un tas de nouveaux termes techniques qui découragent les nouveaux arrivants : “technologie de stockage”, “liste d’enregistrement”, “système peer-to-peer”, “noeuds de stockage”, “cryptographie”, “algorithme de consensus", “réseau décentralisé”, “transactions on-chain”, “staking”... Un langage d’initié exclut ceux qui ne le maîtrise pas. Or, d’après moi, c’est aux initiés de faire un pas pédagogique vers le plus grand nombre et non au grand nombre de se mettre au niveau des initiés. Dans la section “Analyses - Cryptomonnaies” sur Zonebourse, nous démystifions ces termes pour comprendre où est-ce que nous mettons les pieds dans cet écosystème. 

Si, au moment de déguster la bûche,  votre petit cousin - ou votre mamie - vous assène qu’il faut investir dans le “prochain bitcoin” car un influenceur suivi par 33 personnes a posté sur Facebook que ladite cryptomonnaie va flamber d’un pourcentage à quatre chiffres dans les prochaines semaines, alors vous pourrez lui demander : “As-tu DYOR sur cet actif ?” Il sera temps d’écouter les arguments convaincants, ou non, de votre interlocuteur. 

D’ailleurs, l’expression “DYOR” est souvent utilisée comme une sorte de clause de non-responsabilité par certaines influenceurs/personnalités crypto lorsqu'ils publient des informations sur des projets ou des analyses sur des plateformes de médias sociaux. Concernant votre mamie ou votre petit cousin, espérons, qu’avant d’investir, qu’ils soient allés plus loin dans leurs recherches que le simple espoir de voir l’actif prendre de la valeur. Sinon ils risquent de se faire REKT. Rendez-vous à la partie 2 pour découvrir comment est interprétée l’expression “REKT” dans l'écosystème, et aborder une nouvelle expression encore secrète. A retrouver très vite dans les colonnes de Zonebourse.