Paris (awp/afp) - La messagerie cryptée Telegram pourrait récolter jusqu'à 3,8 milliards de dollars via une levée de fonds en crypto-monnaies (ICO), ce qui constituerait un record en la matière, ont indiqué vendredi des experts à l'AFP.

Plusieurs fonds d'investissement très présents dans le numérique, parmi lesquels Sequoia Capital ou Kleiner Perkins Caufield & Biers, ont accepté d'y participer, ont ajouté les experts interrogés.

Ces fonds, sollicités en amont du lancement de l'ICO, ont participé pour 20 millions de dollars chacun, a-t-on précisé de même source, ajoutant que la première phase de la levée pourrait atteindre 850 millions de dollars, ce qui rejoint des chiffres publiés ces derniers jours dans la presse russe.

Telegram n'a pour l'instant pas officiellement confirmé.

"Nous sommes sur des montants très conséquents, jusqu'ici les plus larges ICO atteignaient les 250 à 300 millions de dollars mais cela s'explique par la notoriété de Telegram", a expliqué à l'AFP Julien Maldonato, associé conseil industrie financière au cabinet Deloitte.

Cette notoriété vient également des fondateurs de la messagerie, Pavel et Nikolaï Durov, "qui détiennent une vraie crédibilité, du fait du succès de leurs précédentes entreprises", a ajouté Jonathan Gérardin, manager chez Wavestone.

"Il y a également la base des utilisateurs de la messagerie (180 millions dans le monde, NDLR) ainsi que la possibilité à venir d'échange de crypto-monnaies, et donc d'argent, via la messagerie, une possibilité qui intéresse beaucoup de monde", selon M. Gérardin.

L'intérêt des fonds d'investissement classique peut s'expliquer par "la maximisation des retours sur investissement" de précédentes ICO, estime Greg Revenu, associé du cabinet Bryan Garnier & Co.

La messagerie Telegram, créée en 2013 par les frères Durov, est avant tout connue pour sa capacité à protéger et anonymiser les échanges. Son utilisation par les mouvements djihadistes a régulièrement suscité la polémique ces dernières années.

Organisation à but non lucrative, Telegram est basée sur des logiciels en +open source+, c'est-à-dire libres de droits et accessibles à tous afin d'en améliorer le programme, et rejette tout type de contrôle sur son fonctionnement et sa gouvernance.

Utilisées de plus en plus souvent, notamment par les startups, les ICO sont surveillées de près par les régulateurs par crainte de fraudes. Lors d'une telle opération, au lieu d'émettre des actions ou des obligations, une entreprise crée sa propre monnaie virtuelle ou des "jetons" échangeables en monnaie virtuelle, et les vend pour financer son développement.

afp/rp