* Le forum annuel se tient du 23 au 26 janvier dans la station suisse

* Trump, premier président US à s'annoncer à Davos depuis 18 ans

* Macron et Merkel entendent mener la riposte européenne

par Noah Barkin

DAVOS, Suisse, 21 janvier (Reuters) - Les dirigeants européens, attendus en nombre au Forum économique qui s'ouvre mardi à Davos, devraient unir leurs voix pour promouvoir le multilatéralisme avant l'arrivée en Suisse du président Donald Trump, chantre de l'"America First".

C'est donc dans une atmosphère de défi que les dirigeants politiques, grands patrons et banquiers influents se retrouveront cette année dans la station des Alpes suisses.

Si la croissance semble bien installée près de dix ans après la faillite spectaculaire de la banque d'affaires Lehman Brothers, les velléités protectionnistes exprimées çà et là, et notamment aux Etats-Unis, pourraient assombrir le climat.

"Toutes les tensions géopolitiques ne constituent pas une menace pour les marchés financiers", estime Axel Weber, président de la banque suisse UBS et ancien président de la Bundesbank. "Mais j'admets qu'il puisse exister une incompréhension depuis quelque temps et qu'elle pourrait perdurer un moment."

Publié la semaine dernière par le Forum économique mondial, le "Global Risks Report" a dit déceler un risque aggravé de confrontations politiques et économiques entre grandes puissances au cours de l'année.

Premier président annoncé à Davos depuis la venue de Bill Clinton en 2000, Donald Trump alimente à lui seul l'anxiété ambiante après une première année de mandat qui a plongé beaucoup d'observateurs dans la perplexité.

Le Forum s'ouvrira mardi par un discours inaugural du Premier ministre indien, Narendra Modi, et il s'achèvera vendredi, date à laquelle il est prévu que Donald Trump s'exprime dans le gigantesque auditorium où le président chinois Xi Jinping l'avait précédé l'année dernière.

Annoncée début janvier, la présence de Donald Trump pourrait toutefois être remise en question par le "shutdown" qui paralyse depuis samedi l'administration fédérale, selon Mick Mulvaney, responsable des questions budgétaires à la Maison blanche.

CONTRE-ATTAQUE

Entre le discours de Narendra Modi et l'intervention de Donald Trump, les dirigeants des principaux pays européens, largement absents l'année dernière, devraient se servir du Forum comme d'une tribune en faveur d'une voie différente de celles que proposent Donald Trump et Xi Jinping, à qui ils reprochent de ne pas avoir honoré les engagements pris en 2017 sur l'ouverture de la Chine aux investissements étrangers.

Beaucoup attendent à Davos l'arrivée du président français, Emmanuel Macron. Ce dernier a invité lundi à Versailles plusieurs grands patrons, qui se rendront dans la foulée à Davos, pour les inviter à investir en France.

Le chef de l'Etat français s'exprimera mercredi à Davos et devrait énoncer les solutions qu'il préconise pour réduire les inégalités, agir sur le réchauffement climatique et endiguer les poussées nationalistes, dit-on dans son entourage.

"Je ne pense pas que Macron puisse résister à la tentation de mener la contre-attaque anti-Trump", suppute Robin Niblett, directeur du cercle de réflexion Chatham de Londres.

La chancelière allemande Angela Merkel interviendra le même jour, alors qu'elle s'était montrée discrète depuis les élections législatives de septembre dont l'issue a conduit l'Allemagne dans une impasse politique d'où elle peine à s'extirper.

Seront également présents le président du Conseil italien Paolo Gentiloni et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Parmi les autres invités figurent la Première ministre britannique, Theresa May, qui devra s'efforcer de convaincre le monde des affaires que la procédure de sortie de l'Union européenne qu'elle a engagée ne pénalisera pas les perspectives de l'économie du Royaume-Uni.

Plusieurs chefs d'Etat africains sont également attendus, dont le nouveau dirigeant du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa.

Emmenée par Donald Trump, si sa venue se confirme, la délégation américaine sera nombreuse et comptera dans ses rangs le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson et le gendre du président, Jared Kushner.

Parmi les absences, on remarquera celle de l'Iran. Contactés par Reuters, les organisateurs n'ont pas été en mesure de préciser si l'annulation tardive de la venue du ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, était liée à l'annonce d'une prise de parole de Donald Trump. (Avec Michel Rose à Paris, Nicolas Delame pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)