Le Dollar Cost Averaging (DCA) :

Le DCA ou investissement programmé en français, est une stratégie d’investissement long terme qui vise à se protéger de la volatilité d’un actif financier. Opter pour cette stratégie d’investissement signifie investir une certaine somme prédéfinie à intervalle de temps régulier pendant un très long laps de temps (au grand minima plus d’un an). En d’autres termes, des achats identiques doivent avoir lieu indépendamment du prix de l’actif. La seule règle étant de respecter une certaine temporalité fixée en amont concernant les passages des ordres (hebdomadaire, mensuel, trimestriel…). Bien que cela paraisse simple en apparence, il peut s'avérer compliqué de respecter ces règles lorsque le marché nous semble sur ou sous-valorisé. C’est pourquoi cette stratégie conviendra davantage aux investisseurs passifs qui ne s'intéressent pas aux valorisations. Mais comme un graphique vaut mille mots, regardons l’exemple ci-dessous

Source : Zonebourse

Les Avantages :

L’achat périodique par sommes fixes compte trois gros avantages.

  • D’abord, en investissant mécaniquement, vous éliminez la composante émotionnelle de votre prise de décision. Vous continuerez à acheter, quelle que soit l'ampleur des fluctuations du prix. Fréquemment, lorsque les actions baissent, les gens ont peur et vendent. Puis, lorsque le marché remonte, ils passent à côté de gains potentiels. Dans la théorie, quel que soit le niveau du marché, il faut acheter. Ce qui signifie deux choses. Lorsque le cours baisse, nous achetons plus de titres et moins lorsque le cours augmente. Ainsi moyennez par le bas votre prix d’achat (PRU).
  • À l'inverse, lorsque le marché boursier est en hausse, certains investisseurs peuvent être tentés de se précipiter et donc d’acheter au plus haut (FOMO). En investissant votre argent en une seule fois, le risque d'investir juste avant une forte baisse du marché est bien plus important. Ce qui peut vous amener à patienter de nombreuses années avant de retrouver les niveaux d’avant krach. En adoptant une stratégie d’investissement programmée, vous évitez ainsi le risque de mauvais timing. Car il est tout bonnement impossible de déterminer le point haut ou bas d’un marché.
  • En revanche, bien que le DCA évite d’investir au plus haut, il limite également les probabilités d’investir au plus bas. Ainsi, les probabilités de performances aux deux extrémités - c'est-à-dire très bonnes et très médiocres - sont réduites. Voir graphique ci-joint.

Source : Zonebourse

Pour résumer, le DCA permet donc de :

  • Réduire la composante émotionnelle
  • Éviter les mauvais timings (mais également les très bons)
  • Moyenner votre prix par le bas

Les Limites :

Le problème du DCA est que cette stratégie est couramment utilisée à mauvais escient, ou du moins sur des produits qui ne sont pas les bons. C’est ce qui m’a poussé à rédiger cet article. Le DCA est, à juste titre, présenté comme une stratégie “anti prise de tête". Quel que soit le niveau du marché, nous achetons. Alors quel peut être le couac ?

Outre le fait que nous nous appuyons sur l’idée que les marchés monteront à l’infini, hypothèse avec laquelle je suis contraint de m’accorder, un souci bien plus important existe. Cette stratégie est viable si et seulement si nous achetons des indices boursiers (ETF : Nasdaq, KWEB, MSCI China…). Pourquoi ? Car un indice ne meurt jamais contrairement aux actions qui le composent. Les indices font ce que tout bon investisseur devrait faire. C'est-à-dire surpondérer les actions qui montent et sous-pondérer les actions qui baissent (ou du moins ne croissent pas ou peu). Lorsqu’un titre se dégrade trop fortement ou fait faillite, il est éjecté de l’indice puis directement remplacé.

Prenons l’exemple du Dow Jones, l’indice historique des USA. Entre 1978 et aujourd'hui, seules 3 actions sont restées au sein de l’indice (Coca-Cola, IBM et P&G). Les autres ont été remplacées et vous sont maintenant sûrement inconnues (Nash Motors, Westinghouse Electric, National Steel…). Si ces entreprises ont disparu ou sombré aux oubliettes, le DJA a quant à lui progressé de près de 4334% depuis 1978.

Beaucoup d’investisseurs optent pour une stratégie DCA lorsqu’ils investissent sur une action ou une cryptomonnaie. Or comme dit précédemment, nous ne pouvons opter pour cette méthode de gestion qu’à condition d’acheter un indice. La raison est simple, une action peut baisser jusqu'à sa disparition. Théoriquement, un indice ne peut pas. Prenons un exemple couramment utilisé pour illustrer les limites du DCA :  le Bitcoin. 

Un petit disclaimer s’impose. Loin de moins l’idée d'être bearish (baissier) sur cet actif, bien au contraire, cependant l’exemple du bitcoin est sûrement le plus parlant. Alors mettons de côté nos convictions sur cet actif et cherchons simplement à comprendre le message. Sinon remplacez l’exemple de la crypto-monnaie par une action quelconque. Bref, revenons-en au sujet principal.

Premièrement, une erreur de backtest non négligeable existe lorsque nous nous référons à une approche DCA sur le bitcoin. Puisque toutes les chutes de marchés ont été retracées, beaucoup en concluent que les prochaines le seront aussi. Le fameux “Buy The Dip”. Mais rien ne nous assure que le prix du bitcoin continuera de croître indéfiniment (contrairement à un indice). Autrement dit, bien que le DCA nous permette de lisser notre PRU et de nous détacher de la volatilité, il peut aussi nous conduire à investir régulièrement dans un investissement perdant.

Comprenez que nous pouvons aimer une technologie, un business mais pas une valeur en particulier si nous ne nous y intéressons pas de près. Si je suis un peu plus négligent pour le bitcoin dû à sa grande complexité à l’analyser et le comprendre, et l’impossibilité de définir un prix cohérent, en revanche je suis beaucoup moins souple pour les actions. Prenons quelques exemples très parlants pour mieux comprendre. De nouveaux entrants peuvent disrupter un marché (Tesla vs industrie automobile), des challengers peuvent dépasser les leaders (Google vs Yahoo), des sociétés prometteuses peuvent ne jamais vraiment exploser (Criteo, StoneCo) et certaines peuvent même être amenées à disparaître ou faire faillite (Enron, Wirecard). Théoriquement le DCA pourrait fonctionner sur une action, si et seulement si nous considérons que les entreprises gardent toujours la même forme financière, croissent à l’infini et ne meurent jamais (comme un indice boursier). Alors si le DCA ne nous vient pas vraiment à l’idée pour une action, il est pourtant monnaie courante lorsque nous parlons de crypto-monnaies. 

Mais attention à ne pas mal interpréter mes dires. Renforcer une position n’est pas interdit, bien au contraire. Nous pouvons même renforcer une position mensuellement, trimestriellement ou autre.  Toute personne rémunérée mensuellement peut être amenée à renforcer sa position sur le bitcoin une fois par mois, ce qu’il correspond finalement à sa capacité d’épargne mensuelle. Idem, entrer en plusieurs fois sur une position n’est pas non plus à bannir. Il s’agit d’une certaine forme de diversification temporelle. Certaines personnes s’opposent à cette diversification en justifiant que si vous considérez un titre comme une belle opportunité, préférez entrer en une fois, car une baisse du prix à court terme ne devrait normalement pas remettre en cause votre raisonnement long terme. Compliqué pour le bitcoin me direz-vous, c’est ce qui explique ma souplesse avec cet actif, mais il me semble tout de même intéressant d’en avoir conscience.

Si vous souhaitez simplement minimiser votre risque, préférer la diversification au DCA.

“Un indice ne meurt jamais contrairement aux actions qui le composent”

On rembobine, les limites du DCA sont :

  • Ne remplace pas l'identification des bons investissements
  • Un indice ne meurt jamais, une entreprise si
  • Le marché monte au fil du temps