* Apparition in extremis du dossier de l'Amazonie

* Premier dîner informel au "phare" de Biarritz

* Manifestations prévues à Hendaye, pas de communiqué final

par Simon Carraud et Marine Pennetier

BIARRITZ, 24 août (Reuters) - Le sommet du G7 s'ouvre ce samedi pour trois jours dans une ville de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) ultra-sécurisée où les dirigeants des pays conviés s'apprêtent à débattre des sujets les plus sensibles du moment, sans grand espoir de combler le gouffre qui les sépare sur l'Iran, le climat ou le Brexit.

Un dossier a fait son apparition in extremis à l'ordre du jour : le sort de l'Amazonie, en proie à de violents incendies qui ont ravivé les inquiétudes de la communauté internationale et déclenché une passe d'armes à distance entre Emmanuel Macron et son homologue brésilien, Jair Bolsonaro.

La teneur des échanges entre les deux chefs d'Etat, qui se sont mutuellement jeté des accusations au visage - Macron taxé de néocolonialisme, Bolsonaro de mensonge -, en dit long sur l'atmosphère qui règne entre grands dirigeants de la planète.

C'est dans ce climat que se retrouveront ce samedi soir les sept chefs d'Etat et de gouvernement du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), avec en vedette Emmanuel Macron, hôte du sommet, Donald Trump et le britannique Boris Johnson, qui fera ses premiers pas parmi ses pairs.

Le président français ouvrira le bal en faisant, seul, une allocution télévisée, programmée à 13h00, afin de présenter les "enjeux" de ces trois journées, dit-on à l'Elysée.

Tous ont ensuite rendez-vous au pied du phare de Biarritz pour un dîner "informel", un format apprécié par Emmanuel Macron et censé favoriser les conversations à bâtons rompus, sans trop de rigueur protocolaire et à l'abri du regard des journalistes.

C'est là que leur seront servis des plats élaborés par de grands chefs et des vins fins à même de "déverrouiller" les discussions, espère l'intendant adjoint de l'Elysée, Vincent Jumert.

DES INITIATIVES POUR L'AMAZONIE ?

Comme à chaque fois avant ce genre de rendez-vous international, les débats entre dirigeants ont été préparés en amont par des mois de négociations en coulisses entre conseillers diplomatiques - les "sherpas".

Les échanges des dernières heures ont tourné notamment autour de la forêt amazonienne, ravagée depuis le début de l'année par quelque 73.000 incendies, un chiffre en hausse de 83% par rapport à la même période l'an dernier selon les calculs de L'Agence spatiale brésilienne (INPE).

Au G7, "on va essayer d'une part de mobiliser tout le monde pour lever des financements, pour reboiser le plus vite possible", a indiqué Emmanuel Macron dans une interview à Konbini diffusée vendredi soir. Soucieux de trouver des réponses "concrètes" à ce drame environnemental, le président veut aussi "développer des mécanismes de prévention des incendies" et "trouver la bonne gouvernance de l'Amazonie" en associant organisations non gouvernementales et peuples autochtones.

Au-delà de l'Amazonie, les sujets de discussions - et de désaccords - ne manquent pas : climat, Iran, tensions dans le détroit d'Ormuz, migrations, Brexit, situation à Hong Kong, au Cachemire, taxation des géants du numérique, guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Ce dernier point suscite de grandes inquiétudes chez la plupart des grandes puissances, qui redoutent un ralentissement généralisé de la croissance, d'autant que le conflit entre les deux premières économies au monde s'est encore aggravé ces dernières heures.

La Chine a en effet annoncé vendredi son intention de relever les droits de douane sur environ 75 milliards de dollars (68 milliards d'euros) de produits américains et Donald Trump a menacé en retour de prendre des mesures de représailles.

MANIFESTATIONS

Pour tenter d'éviter un scénario "à la Malbaie" - la volte-face américaine de dernière minute au G7 du Canada de juin 2018 -, la France a renoncé au communiqué final tout en laissant la porte ouverte à de possibles publications sur certains dossiers.

Sécurité oblige, les rues de Biarritz forment un décor insolite à cette période de l'année, plus proche de la place forte que de la station balnéaire, à mille lieues de l'effervescence habituelle de la fin août.

Quelque 13.200 policiers et gendarmes épaulés par les forces militaires sont mobilisés - gare et aéroports fermés, quartiers bouclés - en pleine saison touristique, au grand dam des commerçants biarrots.

Point d'orgue du contre-sommet organisé par plusieurs organisations et associations altermondialistes depuis le milieu de la semaine, une grande manifestation est prévue ce samedi à Hendaye, avant une série d'"occupation des places publiques" autour de Biarritz et une "marche des portraits" en faveur du "climat et de la justice sociale" - dimanche à Bayonne. (Edité par Elizabeth Pineau)