Un total de 751 contrats de 5 bitcoins chacun a été négocié sur l’échéance la plus rapprochée, soit janvier, pour un montant notionnel de près de 70 millions de dollars.

Lors de la séance de lancement des tous premiers contrats de futures sur un marché réglementé par le CBOE Global Markets le 10 décembre, 4.000 contrats portant sur un bitcoin chacun avaient été échangés.

Sur la période équivalente à la séance inaugurale des futures du CME, 2.712 contrats à échéance janvier ont été traités sur le CBOE correspondant à un montant notionnel d’un peu plus de 50 millions d’euros.

A titre de comparaison, les volumes notionnels quotidiens négociés sur la plateforme BitMEX de Hong Kong, spécialisée sur les futures sur bitcoin qui autorise un levier de 100 et n’exige qu'un un dépôt minimal de garantie de 1% de la position prise, atteignent 4 milliards de dollars.

Le contrat à échéance janvier du CME a ouvert en hausse à 20.650 dollars, le plus haut niveau de séance, mais a chuté de 6% durant la première heure d'échanges avant de se stabiliser à 19.510 dollars pour terminer à 18.690 dollars contre un cours référence de 19.500 dollars donné par le CME pour cette échéance.

Les cours de référence est de 19.600 dollars pour le contrat à échéance février, de 19.700 dollars pour l’échéance mars et de 19.900 dollars pour juin, selon les données communiquées par le CME.

"Il s'agit d'une toute nouvelle classe d'actifs et il se peut que les investisseurs veuillent d'abord voir comment ça se passe avant de s'aventurer sur le marché", a dit Spencer Bogart, associé de Blockchain Capital, juste après l'ouverture.

L'origine du bitcoin remonte à 2008. Cette monnaie virtuelle, qui utilise la technologie des chaînes de blocs (blockchain), a été créée par une ou plusieurs personnes réunies sous le patronyme Satoshi Nakamoto.

Le bitcoin est la première monnaie à avoir employé la cryptographie avec succès pour assurer la confidentialité des transactions, rendant toute tentative de réglementer ce nouveau marché très difficile, voire impossible.

MULTIPLICATION DES MISEs EN GARDE

Les banquiers centraux, entre autres, s'inquiètent de la flambée du bitcoin mais aussi d'autres risques, comme celui de son usage éventuel pour des opérations de blanchiment.

Le gouverneur de la banque centrale du Danemark a demandé lundi aux investisseurs de rester à l’écart du bitcoin, précisant que la régulation du marché ne relevait pas de la responsabilité des autorités.

Le ministre des Finances français, Bruno Le Maire, a déclaré dimanche que Paris demanderait à la présidence argentine du G20 d'organiser un débat au sommet d'avril 2018 sur la régulation du bitcoin.

La banque néérlandaise ING a expliqué lundi qu’une fois la médiatisation du bitcoin terminée, il redeviendrait un "produit de niche" utilisé par les "accros de la tech", ceux qui veulent effectuer des paiements anonymes et ceux qui s’inquiètent de l’hyperinflation de leurs propres monnaies.

ING a aussi souligné que le logiciel du bitcoin étant en open source, cela le rendait reproductible et pourrait le désavantager à l’avenir face à d’autres cryptomonnaies – déjà au nombre de plus de 1.000.

La valeur totale de toutes les cryptomonnaies existantes a atteint 603 milliards de dollars lundi quelques jours seulement après avoir franchi le seuil des 500 milliards de dollars, selon le site internet spécialisé Coinmarketcap. Elle dépasse ainsi la capitalisation boursière de géants du net comme Facebook ou Amazon.

Certains investisseurs pensent que les futures du CME sont susceptibles d'attirer davantage les institutionnels car le prix de règlement définitif est calculé à partir de multiples places.

"Le lancement devrait augmenter la pression du côté acheteur et être en puissance le catalyseur entraînant le bitcoin au-dessus des 20.000 dollars", dit Shane Chanel (ASR Wealth Advisers). "Son introduction par le CME et le CBOE ne fait que renforcer la légitimité de l'actif bitcoin".

Il n'empêche que pour l'heure le bitcoin est considéré avec circonspection, en témoignent les appels de marge sur les contrats. Ceux-ci sont de 35% sur le CME et de 40% sur le CBOE, alors qu'ils sont limités à 5% pour les futures du S&P-500, remarquent des analystes.

(Wilfrid Exbrayat et Thierry Tranchant pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Gertrude Chavez-Dreyfuss, Swati Pandey et Jemima Kelly