L'empressement des gouvernements à créer de la dette et à s'en réjouir a de quoi faire s'étouffer les gardiens de l'orthodoxie budgétaire. Les économistes essaient de déterminer si c'est grave au pas. Ou tentent de quantifier s'il vaut mieux mettre le paquet ou laisser la frange la plus fragilisée de la population sur le carreau. En réalité, personne n'en sait rien, alors les gouvernants vont de l'avant. Hier, la première émission de l'UE destinée à financer les mesures de chômage partiel sur le vieux continent a permis de lever 17 milliards d'euros à 10 et 20 ans. Mais le plus hallucinant, c'est la demande : 233 milliards d'euros ! Pour des obligations "offrant" un rendement de -0,238% sur 10 ans et de 0,131% sur 20 ans (oui, oui, vous avez bien lu). Malgré tout ce que l'on entend, l'UE fait recette. D'autant que ces titres vont tomber tôt ou tard dans l'escarcelle de la BCE et seront quasiment sanctuarisés, c’est-à-dire qu'ils ne présenteront en théorie aucun risque. Cela explique en partie l'engouement des investisseurs.

Au-delà des fonds qu'elles ont permis de drainer, ces obligations constituent une vraie évolution vers une forme de mutualisation de la dette des pays européens. Un mécanisme honni par certains et réclamé à grands cris par d'autres. J'ignore là aussi si c'est une bonne idée, mais au moins c'est une avancée. Entre Londres et Bruxelles en revanche, ça n'avance pas beaucoup sur le Brexit. Il va d'ailleurs falloir songer à bannir le terme "date-butoir" de notre vocabulaire puisqu'il ne veut plus rien dire.

Aux Etats-Unis, les Démocrates et les Républicains ne se sont pas risqués à fixer une échéance pour leurs négociations sur le plan de relance. Mais on peut considérer qu'il y a un avant et un après 3 novembre, date de l'élection présidentielle. Il paraît qu'un accord est possible avant cette date. Hier, la cheffe de file Démocrate Nancy Pelosi a parlé d'un "texte commun en cours de rédaction", et le chef de cabinet de Donald Trump Mark Meadows de "grands progrès" accomplis dans la négociation. Difficile de savoir qui manipule qui et quels sont les desseins des uns et des autres. La véritable question qui se pose est de savoir si les électeurs considéreraient une signature avant l'élection comme un succès de Donald Trump, ou s'ils estimeraient que l'obtention d'une enveloppe bien plus garnie que la Maison Blanche ne le souhaitait initialement est une victoire Démocrate. Suspense, même si les marchés ont clairement pris le parti d'un succès sans contestation de Joe Biden, le plus consensuel des deux septuagénaires traîneurs de casseroles.

Toujours suspendus aux négociations budgétaires aux Etats-Unis, les marchés financiers commencent à crouler sous les publications d'entreprises. Notamment Netflix, Texas Instruments et Snap aux Etats-Unis, et Nestlé, Akzo Nobel, Ericsson ou Vivendi en Europe. Le CAC40 perdait finalement un peu de terrain quelques minutes après l'ouverture, à 4927 points.

Les temps forts économiques du jour

L'inflation britannique (8h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis (16h30) animeront la journée, avant la publication à 20h00 du Livre Beige de la Fed.

L'euro remonte fort à 1,1844 USD. L'once d'or aussi à 1918 USD. Le pétrole est stable à 42,87 USD le baril de Brent et à 41,44 USD le baril WTI. Le T-Bond offre un rendement de 0,82%. Le Bitcoin poursuit son ascension à 12 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 9,50 à 9,20 EUR.
  • Air Liquide : Atlantic Equities passe de surpondérer à neutre en visant 142 EUR.
  • Chr. Hansen : Goldman Sachs passe de vendre un neutre en visant 660 DKK.
  • Continental : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 95 à 103 EUR.
  • Dechra Pharmaceuticals : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3515 à 3850 GBp.
  • Galapagos : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 87 EUR.
  • Husqvarna : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 99,40 à 110 SEK.
  • Kuehne + Nagel : AlphaValue passe de vendre à alléger avec un objectif de cours relevé de 157,70 à 179 CHF. Credit Suisse relève son objectif de cours de 150 à 166 CHF.
  • Logitech : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 76 à 100 CHF.
  • Schaeffler : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,40 à 7 EUR.
  • Synthomer : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 370 à 440 GBp.
  • Thales : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 90 EUR.
  • Virbac : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 210 à 220 EUR.
  • Yara : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 395 NOK.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des entreprises

  • Bolloré : le chiffre d'affaires du troisième trimestre s'est contracté de 4%, principalement à cause de la logistique pétrolière.
  • Vinci : les revenus ont reculé de 12% à 30,8 Mds€ après neuf mois en 2020 si bien que le résultat annuel sera en forte baisse. Le management prévoit un rebond l'année prochaine, sans toutefois renouer avec les chiffres de 2019.
  • Vivendi : le chiffre d'affaires du troisième trimestre a renoué avec une croissance symbolique. Le groupe a par ailleurs annoncé son intention de faire entrer en bourse sa division musique, UMG, en 2022.

Annonces importantes

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Akzo Nobel :
  • Deutsche Lufthansa : la compagnie aérienne accuse 1,26 Md€ de perte d'exploitation au 3e
  • Ericsson : le spécialiste suédois des réseaux télécoms a réalisé des bénéfices trimestriels supérieurs aux attentes de la place. Il maintient ses prévisions 2022.
  • Netflix : le plus célèbre des services de streaming perd plus de 5% hors séance après des chiffres de nouveaux abonnés inférieurs aux attentes.
  • Nestlé : la croissance organique a accéléré à 4,9% au troisième trimestre, assez nettement au-dessus des attentes de la place.
  • Snap : l'action de l'application s'envole de 24% post-séance grâce à ses résultats.
  • Texas Instruments : les titres du groupe de semi-conducteurs réagissent plutôt bien hors séance à la publication des comptes trimestriels.
  • Zur Rose : le chiffre d'affaires du troisième trimestre progresse de 15,3%. Les prévisions annuelles sont confirmées.

Annonces importantes

  • Goldman Sachs paie 2,8 Mds$ et admet ses défaillances pour éviter un procès dans le dossier 1MDB.
  • L'ouverture d'une enquête antitrust contre Google ne fait pas ciller Alphabet en bourse.
  • Pioneer Natural Resources rachète Parsley Energy pour 4,5 Mds$.
  • Atlantia prolonge ses discussions avec la CDP italienne sur sa filiale d'autoroutes Autostrade jusqu'au 27 octobre.
  • Cogeco a officiellement repoussé l'offre de rachat améliorée présentée par Altice USA et Rogers Communications.
  • Cathay Pacific Airways va supprimer 8 500 emplois, près du quart de ses effectifs, et abandonne sa marque Cathay Dragon.
  • General Motors consacre 2 Mds$ à la conversion de son usine de Spring Hill (Tennessee) en site spécialisé dans les véhicules électriques.
  • Volkswagen a entamé des discussions préliminaires avec des prétendants à sa marque Ducati, mais pourrait aussi étendre sa réflexion à Lamborghini et Bugatti (dont le projet de cession avait déjà été évoqué).
  • Idorsia place près de 8 millions d'actions auprès d'institutionnels, reliquat de sa levée de fonds.
  • Les informations obtenues par Reuters laissent penser qu'Iberdrola (via Avangrid) est en train de négocier le rachat de PNM Resources.

Ça publie. Tesla, Nestlé, Verizon, Abbott, Thermo Fisher, Iberdrola, Biogen, Ericsson, Assa Abloy, Akzo Nobel, Novozymes, Segro, Antofagasta, Fresnillo

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