BEYROUTH, 4 mai (Reuters) - Les combats entre éléments de la branche syrienne d'Al Qaïda, le Front al Nosra, et de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont provoqué l'exode de plus de 60.000 habitants dans l'est de la Syrie et fait des dizaines de morts, a déclaré samedi soir l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Ces combats entre groupes rivaux de l'insurrection minent de l'intérieur la révolte en cours depuis trois ans contre le régime du chef de l'Etat Bachar al Assad, et ils ont fait des milliers de morts depuis le début de l'année.

L'OSDH, organisation proche de l'opposition et basée en Grande-Bretagne, a rapporté que le Front al Nosra s'était emparé de la ville d'Abriha, jusqu'alors tenue par l'EIIL.

Au moins 62 combattants ont péri en quatre jours d'affrontements dans ce secteur, qui a vidé Abriha de ses habitants, de même que les villes d'Al Boussairah et d'Al Zir, dont la population totale dépasse les 60.000 personnes, indique l'OSDH.

Selon l'observatoire, les combattants islamistes ont incendié des habitations.

L'EIIL et le Front al Nosra se sont déjà affrontés à plusieurs reprises pour le contrôle des champs pétrolifères et de points stratégiques de la province de Daïr az-Zour, désertique, qui s'étend le long de la frontière irakienne.

Pour le numéro un d'Al Qaïda Ayman al Zaouahri, l'engagement de l'EIIL dans le conflit civil syrien a provoqué une "catastrophe politique" pour les insurgés islamistes, et il lui a conseillé de renoncer à la Syrie et de se concentrer plutôt sur l'Irak.

Ayman al Zaouahri, qui a succédé en 2011 à Oussama ben Laden à la mort de ce dernier, a déjà accusé le chef de l'EIIL, l'Irakien Abou Bakr al Baghdadi, de "sédition". Dans son dernier message vidéo, qui remonte à vendredi, il lui reproche d'avoir offert "sur un plateau en or" le conflit syrien à Bachar al Assad. (Alexander Dziadosz; Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)