* Les Nations unies font état de plus de 130.000 déplacés

* Des familles de membres de Daech s'échappent d'un camp en Syrie

* Un observatoire syrien recense une centaine d'évasions

* La Turquie fait état de 480 combattants kurdes "neutralisés"

* Plus de 200 tués en Syrie dont 52 civils-Observatoire

par Tom Perry et Daren Butler

BEYROUTH/ISTANBUL, 13 octobre (Reuters) - Des femmes affiliées à l'Etat islamique et leurs enfants ont fui en masse dimanche un camp où ils étaient retenus dans le nord de la Syrie après des bombardements des forces turques au cinquième jour de leur offensive, a déclaré l'administration sous supervision kurde de la région.

L'offensive d'Ankara contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie a gagné la ville de Soulouk, prise pour cible par des rebelles syriens alliés de la Syrie. Il y a des informations contradictoires à ce stade sur l'issue des combats.

La Turquie est menacée de sanctions par les Etats-Unis qui réclament l'arrêt de l'offensive tandis que la Ligue arabe a dénoncé l'opération.

La France et l'Allemagne ont quant à elles annoncé suspendre les exportations d'armes vers la Turquie.

Lors d'une conférence de presse à Istanbul, le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a annoncé ce dimanche que l'armée turque et ses alliés rebelles syriens prévoyaient de progresser de l'ordre de 30 à 35 kilomètres à l'intérieur du territoire syrien, où ils ont pris le contrôle de la ville de Ras al Aïn et font le siège de Tel Abyad, a-t-il dit.

L'opération "Source de paix", qui cible les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), a été lancée mercredi dernier dans la foulée de l'annonce d'un retrait américain de la zone frontalière entre la Turquie et la Syrie.

Selon l'autorité sous supervision kurde de la région, quelque 785 étrangers, affiliés à l'état islamique, ont fui le camp d'Aïn Issa.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui cite des sources au sein du camp, évoque de son côté le chiffre de 100 personnes s'étant échappées.

En faisant apparemment référence aux rebelles soutenus par la Turquie, l'Autorité de la région a expliqué que des "mercenaires" avaient attaqué le camp où des "éléments de Daech" s'en étaient alors pris aux gardes surveillant le camp et avaient ouvert les portes.

PLUS DE 130.000 DÉPLACÉS

Les forces démocratiques syriennes (FDS), sous commandement kurde, contrôlent d'importantes parties du territoire autrefois sous le "califat" de l'état de islamique. Les FDS gardent des milliers de djihadistes en prison ainsi que des dizaines de milliers de membres de leur famille dans des camps. Marvan Qamishlo, un responsable des FDS, a déclaré à Reuters qu'il n'y avait pas assez de gardes pour surveiller le camp qui se trouve au nord de Rakka et à environ 30 kilomètres au sud de la frontière turque.

"La surveillance est très faible maintenant", a-t-il dit, précisant qu'il y avait actuellement entre 60 et 70 personnels de sécurité dans le camp contre environ 700 en temps normal pour un camp de 12.000 personnes.

Plus de 130.000 personnes ont été déplacées des zones rurales autour de Tel Abyad et Ras al Aïn du fait des combats, ont dit les Nations unies dimanche.

Le ministère turc de la Défense a fait état de 480 combattants des Unités de protection du peuple (YPG) "neutralisés" - un terme qui veut généralement dire tués - depuis le début de l'opération. Les FDS, mouvement dominé par les Kurdes des YPG, ont annoncé 76 tués dans leurs rangs.

Selon l'observatoire, 104 combattants FDS, 76 rebelles soutenus par la Turquie et 52 civils ont été tués dans le conflit. Les médias et autorités turques recensent de leur côté 18 civils tués en Turquie dans les bombardements des deux côtés de la frontière.

(Avec les correspondants de Reuters dans la région et Kirsti Knolle à Vienne, Gwénaëlle Barzic pour le service français)