Les marchés d'actions européens ont intégré dans les cours l'arrivée d'une récession, sans doute à tort, et l'appétit pour le risque pourrait revenir, notamment si le pire est évité du côté du Brexit ou encore du bras de fer entre Bruxelles et Rome sur le budget italien, a déclaré mardi Richard Brown, gérant de portefeuille spécialisé dans les actions européennes pour la société de gestion.

"Nous sommes plus inquiets de ce qui pourrait venir de l'autre côté de l'Atlantique", a-t-il lors d'un débat avec des investisseurs à Paris avant de donner plusieurs exemples.

Il a souligné d'abord un pourcentage supérieur à 80% d'entreprises s'introduisant en Bourse sur le marché américain tout en étant déficitaires, un phénomène qu'il explique par le nombre important de sociétés, technologiques notamment, qui visent une croissance à long terme plutôt qu'une rentabilité immédiate.

Il a ajouté que les trois plus grosses valeurs du S&P-500 représentaient plus de 11% de la capitalisation totale de l'indice, un déséquilibre pouvant faire craindre un retournement du marché, selon lui.

"Sur le plan économique, par ailleurs, l'élan paraît se ralentir avec l'essoufflement de l'effet de facteurs de court terme comme la réforme fiscale", a-t-il poursuivi.

Contrairement à beaucoup d'investisseurs, Richard Brown pense par contre que les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine finiront par se calmer, les deux parties ayant tout intérêt à parvenir à un compromis.

Pour en revenir à l'Europe, la croissance y est toujours présente, même si elle ralentit, et les coûts de financement y restent relativement modérés, a-t-il dit.

Sur un plan sectoriel, Janus Henderson adopte une position à "sous-pondérer" sur les banques en raison de rendements obligataires qui restent bas, de banques centrales moins agressives dans le resserrement de leur politique et d'un besoin de consolidation dans le secteur.

Même manque d'intérêt pour les services aux collectivités ("utilities"), très dépendantes de la réglementation et de l'action des gouvernements, a expliqué Richard Brown.

Les valeurs industrielles, pourtant très cycliques, bénéficient en revanche d'un conseil à "surpondérer", l'expert de Janus Henderson parlant de "niches fantastiques" dans ce secteur en Europe.

Il a notamment cité l'exemple du britannique Rolls-Royce qui devrait, selon lui, récolter les fruits des lourds investissements consentis pour développer des moteurs pour des modèles récents d'avions de ligne.

 

 

 

 

(Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)