La FAA a confirmé vendredi avoir été informée la veille par Boeing de l'existence de ces messages que le constructeur dit avoir découverts "il y a quelques mois". Ces échanges concernent "certaines communications avec la FAA durant la procédure initiale d'homologation du 737 MAX en 2016", a précisé l'agence fédérale, qui juge ces messages "préoccupants".

La FAA note que ces messages sont "préoccupants" et ajoute qu'elle est en train d'examiner ces informations "pour déterminer quelles actions sont appropriées".

Des sources ont déclaré à Reuters que ces messages internes entre pilotes de Boeing soulèvent des questions sur le système anti-décrochage MCAS du 737 MAX. Ce logiciel a été mis en cause dans les deux catastrophes aériennes survenues en l'espace de cinq mois, en octobre 2018 en Indonésie et en mars dernier en Ethiopie, qui ont fait au total environ 350 morts.

L'action Boeing perdait plus de 4% à la Bourse de New York à la suite de cette information de Reuters.

Dans un communiqué, le constructeur aéronautique écrit avoir "porté à l'attention de la commission un document contenant des déclarations d'un ancien employé de Boeing".

Les messages en question ont été échangés entre le chef des pilotes techniques du MAX, Mark Forkner, et un autre pilote, précisent les sources de Reuters. Ils y soulèvent des questions sur la performance du système anti-décrochage observée sur les simulateurs de vols.

Forkner a depuis quitté Boeing. Le quotidien Seattle Times écrivait en septembre qu'il a invoqué à plusieurs reprises le cinquième amendement de la Constitution - qui permet à tout citoyen américain de refuser de témoigner contre lui-même dans une affaire pénale - pour refuser de remettre des documents au département de la Justice.

Dans l'un d'eux, Forkner dit avoir "simplement menti" aux régulateurs. L'adverbe "involontairement" accompagne, entre parenthèses, sa phrase. Son interlocuteur lui répond: "Ce n'était pas un mensonge, personne ne nous avait dit qu'il s'agissait de l'affaire" d'un problème avec le MCAS.

Le département de la Justice est également en possession de ces messages, a ajouté une source informée du sujet.

De son côté, la commission sénatoriale chargée du Commerce a conformé qu'elle auditionnerait le directeur général de Boeing, Dennis Muilenburg, le 29 octobre. Il sera entendu le lendemain à la Chambre des représentants.

(Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)

par David Shepardson