Ces salariés ont précisé avoir augmenté la pression des pneus et mélangé du diesel à de l'huile de moteur pour réduire la consommation de carburant lors des tests, à partir de 2013 et jusqu'au printemps de cette année.

"Des salariés ont déclaré lors d'une enquête interne qu'il y avait eu des irrégularités dans la détermination des données de consommation de carburant. La manière dont cela s'est produit fait l'objet de procédures encore en cours", a déclaré un porte-parole de Volkswagen tout en se refusant à commenter les informations de Bild.

Mardi, Volkswagen a avoué avoir sous-estimé la consommation de carburant et les émissions de CO2 de modèles dont environ 800.000 exemplaires au total ont été vendus en Europe. Le groupe a précisé par la suite qu'il s'engageait à prendre à sa charge les éventuelles conséquences fiscales dont pourraient avoir à souffrir les propriétaires de ces véhicules.

Cet aveu a aggravé la crise dans laquelle est plongé le groupe allemand depuis la mi-septembre après la révélation par les autorités américaines du scandale de la manipulation des tests d'émissions d'oxydes d'azote (NOx).

Des analystes financiers ont déclaré que la facture totale de ces affaires pour le constructeur, en incluant les amendes, les procédures judiciaires et le coût des rappels, pourrait atteindre 35 milliards d'euros.

En Bourse, la valeur du groupe a fondu de 40% depuis la mi-septembre pour tomber à 54 milliards d'euros.

Selon Bild, Martin Winterkorn avait déclaré lors du Salon automobile de Genève en mars 2012 que Volkswagen voulait réduire ses émissions de CO2 de 30% d'ici 2015 et les équipes chargées d'atteindre cet objectif n'ont pas osé lui dire que celui-ci serait très difficile à atteindre.

L'article ajoute qu'un technicien des services de recherche et développement au siège de Volkswagen à Wolfsburg a rompu le silence fin octobre et révélé à ses supérieurs la manipulation des données sur les émissions de CO2.

Il précise que le groupe envisage de suspendre certains salariés dans le cadre de ce dossier mais que celui qui a révélé la tromperie ne serait pas sanctionné. "On ne peut pas punir quelqu'un qui a entrepris une démarche aussi courageuse", a déclaré un haut responsable du groupe cité par Bild.

Volkswagen a jusqu'à présent refusé de dire si la culture d'entreprise en vigueur sous Martin Winterkorn (qui a démissionné fin septembre) avait joué un rôle dans les fraudes. De leur côté, les avocats de Martin Winterkorn n'ont pas répondu à une demande de commentaire.

(Jan Schwartz, Jean-Stéphane Brosse et Marc Angrand pour le service français)