Après une succession de records tous azimuts la semaine dernière, les indices boursiers mondiaux vont démarrer ce nouveau quintet hebdomadaire dans une ambiance plus lourde, avec des indicateurs avancés qui pointent vers le bas. La faute à une série d'indices macroéconomiques mitigés. Et peut-être aussi au contrecoup de l'échec de vingt ans d'intervention occidentale en Afghanistan. La géopolitique est parfois éloignée de Wall Street, il n'empêche qu'elle peut créer des remous. Le Kremlin en rit encore.

Mais revenons sur le terrain macroéconomique pour évoquer les derniers rebondissements. Vendredi, les Etats-Unis ont pris connaissance d'un indice de confiance des consommateurs très dégradé pour le mois d'août, en tout cas en baisse extrêmement marquée. Cela n'a pas empêché le trio S&P500, Dow Jones et Nasdaq de clôturer en légère hausse. Et sur de nouveaux pics donc, puisqu'ajouter une progression, fut-elle minimaliste, à un record crée un nouveau record. Mais le décrochage du moral des consommateurs a suscité de nouvelles craintes. Les Américains commencent à prendre conscience que la vaccination ne fera pas disparaître le coronavirus en un claquement de doigts. C'est ce que résume le responsable de l'enquête quand il écrit, je le cite, "les consommateurs concluent à raison que les performances économiques vont diminuer au cours des prochains mois mais la hausse extraordinaire des jugements négatifs sur l'économie reflète aussi une réponse émotionnelle, principalement à cause des espoirs déçus d'une fin rapide de la pandémie". L'indicateur a provoqué un reflux modéré du dollar et une nette baisse des rendements obligataires.

L'autre nouvelle qui pèse ce matin concerne la Chine. Pékin a fait état de ventes de détail et d'une production industrielle en hausse en juillet, mais dans des proportions inférieures à ce qui était prévu. Des données qui viennent conforter les économistes dans leur sentiment que la dynamique économique s'étiole dans le pays, ce que suggéraient d'ailleurs les indicateurs avancés.

En toile de fond, n'oublions pas que le compteur tourne avant une échéance importante pour la politique monétaire. Les spécialistes sont à peu près d'accord pour affirmer que la banque centrale américaine profitera du symposium de Jackson Hole des 26, 27 et 28 août prochains pour fournir davantage de détails sur ce que les anglosaxons appellent le "tapering", c’est-à-dire le démarrage de la déconstruction des mesures de soutien exceptionnelles à l'économie. Les détracteurs de l'interventionnisme monétaire pointent du doigt les sommes astronomiques injectées alors que l'économie est en plein boom et n'est pas (plus) censée avoir besoin d'un tel déballage. Les partisans d'une politique monétaire expansionniste mettent en avant les zones de fragilité persistantes qui rendent nécessaires la poursuite de la perfusion. Mais le vrai problème est peut-être à chercher du côté de la psychologie. En s'étant transformées, avec la bénédiction des gouvernements, en prêteur en dernier ressort, et en s'étant engagées à prévenir les marchés de leurs intentions très en amont, les banques centrales se sont enfermées dans un carcan qui les force à prendre en compte les paramètres extra-économiques de leurs actions. Cette dimension politique, pour laquelle elles n'ont pas été conçues, les pousse d'une certaine manière à la procrastination et crée une relation de dépendance malsaine avec les marchés.

La pression va donc monter autour de la thématique banques centrales dans les jours à venir, avec une première étape dès demain soir puisque le patron de la Fed, Jerome Powell, sera probablement interrogé sur la politique monétaire en marge d'une allocution prononcée lors d'une réunion publique organisée par le programme éducatif de la Fed (19h30 mardi, heure de Paris).  

Il reste quelques publications de grandes entreprises, celles qui sont en exercice décalé ou qui annoncent traditionnellement leurs résultats après les autres. Ce sera le cas de Walmart, The Home Depot, Tencent, Nvidia ou Applied Materials cette semaine. Dans l'automobile, point de résultats mais une grosse opération de croissance externe pour le français Faurecia, qui va racheter l'allemand Hella

En Asie ce matin, la semaine démarre dans le rouge un peu partout, en particulier au Japon où le mauvais accueil réservé aux statistiques économiques précitées est exacerbé par la remontée du yen face au dollar et par les mauvaises nouvelles sur le front pandémique dans l'archipel. Shanghai surnage, parce que les investisseurs ont l'air de penser que la banque centrale chinoise renforcera son soutien si l'économie continue à donner ses signes de faiblesse. Le CAC40 perdait 0,68% à 6848 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

L'indice Empire State Manufacturing d'août sera publié à 14h30. Histoire d'en savoir plus sur cet indicateur, il est proposé depuis 20 ans par la Fed de New York, pour mesurer la tendance de l'activité dans l'Etat de New York. L'enquête est envoyée le premier jour de chaque mois à un groupe d'environ 200 cadres du secteur manufacturier, dont la moitié répond habituellement. L'indicateur comprend une composante sur le sentiment actuel des dirigeants ("current") et une composante à six mois ("expected"). En juillet, l'indicateur "current" était au plus haut jamais enregistré (43 points). Il devrait redescendre à 29 points, selon le consensus des économistes. Ce matin, la Chine a donc fait état d'une production industrielle et de ventes de détail en croissance mais inférieures aux attentes en juillet.Le PIB du T2 au Japon est en revanche plus vigoureux que prévu.

L'euro remonte à 1,1789 USD. L'once d'or se négocie 1776 USD. Le pétrole recule, à 69,78 USD pour le baril de Brent et 67,64 USD pour le baril WTI. Le rendement de la dette américaine chute lourdement à 1,25%, tandis que celui du Bund allemand atteint -0,47%. Le Bitcoin est toujours en forme, à 47 334 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Big Yellow : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1533 GBp.
  • Biotalys : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 10,50 EUR.
  • Dätwyler : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 317 à 367 CHF.
  • Dufry : RBC passe de sousperformance à performances de marché en visant 52 CHF.
  • Ericsson : Cowen démarre le suivi à surperformance en visant 175 SEK.
  • Glanbia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 15 à 16,40 EUR.
  • Hapag-Lloyd : JP Morgan reste à souspondérer avec un objectif relevé de 73,30 à 90,50 EUR.
  • HelloFresh : Barclays reste à surpondérer avec un objectif relevé de 92 à 100 EUR.
  • Medios : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 46 à 47 EUR.
  • Montana Aerospace : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 49 à 52 CHF.
  • Nokia : Cowen démarre le suivi à surperformance en visant 7 EUR.
  • Orsted : Goldman Sachs passe d'acheter à neutrons en visant 1130 DKK.
  • Royal Dutch Shell : AlphaValue passe d'accumuler à acheter en visant 1811 GBp.
  • Sixt : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 118 à 120 EUR.
  • Stemmer : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 29 à 35 EUR.
  • Swiss Re : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 90 à 92 CHF.
  • Total : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif relevé de 42 à 43,80 EUR.

En France

Annonces importantes

  • Axa vend à HSBC ses activités assurance à Singapour pour 487 millions d'euros.
  • Faurecia va racheter le bloc de contrôle d'Hella à 60 EUR par action, valorisant l'équipementier allemand également convoité par la Compagnie Plastic Omnium à environ 6,7 Mds€.
  • Atos a terminé la revue comptable détaillée des filiales américaines, qui n'a pas révélé d’anomalie matérielle au regard des comptes consolidés du groupe pour 2020. Le conseil d'administration signale par ailleurs que les commissaires aux comptes ont effectué les procédures d’examen limité sur les comptes consolidés résumés semestriels et ont émis un rapport sans réserve le 30 juillet 2021.
  • Bassac rachète les 40% de Bayard Holding qu'elle ne détenait pas encore.
  • Biophytis émet des actions au profit de NEGMA après avoir perdu en justice en première instance contre le fonds. Un appel est en cours.
  • Enogia annonce l'exercice à 93% de l'option de surallocation dans le cadre de son IPO à Paris.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Les pénuries de semi-conducteurs pourraient durer "jusqu'en 2023", selon Infineon.
  • Le principal syndicat de la mine de cuivre d'Escondida au Chili, propriété de BHP, a accepté une proposition pour éviter une grève.
  • Le fonds allemand Union Investment porte plainte à Munich contre l'administrateur de Wirecard, pour tenter de récupérer une partie de ses pertes.
  • Woodside Petroleum est en négociations avancées pour racheter la branche pétrole de BHP, a confirmé ce dernier. La rumeur parle d'une valorisation de 20 MdsAUD, selon l'AFR.
  • Cobham, propriété du fonds Advent, va racheter Ultra Electronics pour 2,57 milliards de livres, ont annoncé les deux groupes ce matin. Cela représente un prix de 3500 GBp par action, plus un dividende de 16,2 GBp à venir, conformément à l'offre informelle transmise fin juillet. Hyatt va racheter Apple Leisure pour 2,7 Mds$.
  • Prosus finalise le processus de simplification capitalistique avec Naspers.
  • Le procès mettant en cause Cineworld pour avoir renoncé à racheter Cineplex aura lieu en septembre.
  • Facebook rend les appels confidentiels sur Messenger.
  • Future Plc va racheter Dennis pour 415,5 M$.
  • Intel possède une toute petite participation dans la bourse de crypto-monnaies Coinbase.
  • Rieter se renforce aux Pays-Bas.
  • Principales publications de résultats. Roblox, Tencent Music, Lotus Bakeries

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