Malgré le début des campagnes de vaccination à travers le globe, qui ont permis aux indices d’inscrire de nouveaux records en début d’année, les places financières montrent quelques signes d’essoufflement ces dernières semaines. En cause, leur forte poussée depuis novembre dernier, la persistance des craintes sanitaires après la découverte d’un variant britannique plus virulent et contagieux, des niveaux de valorisation élevés aux Etats-Unis au début de la saison des publications trimestrielles et les tensions politiques américaines qui incitent les opérateurs à la prudence.

Depuis notre dernier point mensuel, les places financières ont ainsi enregistré de nouveaux plus hauts, avant de subir quelques prises de bénéfices. Les marchés avaient salué des statistiques robustes, à l’image des indices PMI (Purchasing Managers' Index) en Chine, en zone euro et aux Etats-Unis, ou de la croissance chinoise en hausse de 6.5% au quatrième trimestre 2020, permettant au PIB de progresser de 2.3% sur l’année. Les statistiques américaines avaient davantage déçu, comme le repli de 0.7% des ventes au détail ou les chiffres sur l’emploi. Même si le chômage retombe à 6.7%, 140000 destructions de postes ont été annoncées lors du dernier rapport mensuel, témoignant d’une reprise limitée.

Mais c’était sans compter sur l’annonce par Joe Biden, le prochain président des États-Unis, d’un plan de relance démocrate doté de 1900 milliards de dollars, venant ainsi compléter les 900 milliards adoptés en décembre dernier pour soutenir la reprise économique. Ces nouvelles mesures, anticipées par le marché, cibleront les ménages, les petites entreprises et les "minorités visibles" pour les aider à passer la crise créée par la pandémie mondiale. Un nouveau chèque de base de 1400 USD par personne, modulé en fonction des revenus, sera notamment distribué. Les banques centrales devraient par ailleurs continuer leur politique accommodante, en déversant massivement des liquidités. Jerome Powell a indiqué qu’il ne prévoyait pas de remonter les taux, ni de réduire son programme de rachats d’actifs dans l’immédiat.

Outre la crise sanitaire toujours susceptible d’impacter durablement les perspectives économiques, les opérateurs focaliseront leur attention sur la saison des résultats trimestriels qui vient tout juste de débuter aux Etats-Unis, tandis que les indices américains évoluent à quelques encablures de leurs records absolus. Les analystes tablent en moyenne sur une baisse de 6.8% des bénéfices des sociétés du S&P500 au quatrième trimestre selon le consensus Factset (contre -9.2% fin décembre). Ces données restent toutefois à relativiser dans la mesure où les sociétés ont, dans 84% des cas, déclaré des bénéfices par action nettement supérieurs aux prévisions lors des deux trimestres précédents. Pour le moment, à peine 5% des valeurs du S&P500 ont dévoilé leurs chiffres et 96% d’entre elles ont battu le consensus de l’ordre de 26.2%. Sur cette lancée, le quatrième trimestre pourrait même s’avérer positif.

Graphiquement, le CAC40 montre quelques signes d’essoufflement après une brève incursion au-delà des 5700 points en début d’année. La tendance n’en demeure pas moins haussière sur les différentes échelles de temps, à l’image de la bonne orientation des moyennes mobiles en données hebdomadaires et journalières. A court terme, l’indice consolide horizontalement au sein de la zone des 5510/5710 points. Il faudra suivre de près la sortie de cette étroite zone d’indécision pour agir. Une sortie par le haut libérerait un nouveau potentiel d’appréciation avec les 5800 points comme nouvel objectif haussier. Dans le cas contraire, sous les 5550 points, on pourra s’attendre à de nouveaux dégagements, avec, dans cette hypothèse, les 5400/5370 points en ligne de mire. Un retour dans cette zone de cours constituerait néanmoins une opportunité pour revenir progressivement à l’achat avec un meilleur timing.