À la suite des affrontements survenus lundi à Zvecan, une autre ville du nord, au cours desquels 30 soldats de l'OTAN et 52 manifestants d'origine serbe ont été blessés, l'OTAN a déclaré qu'elle enverrait 700 soldats supplémentaires au Kosovo pour renforcer sa mission de 4 000 hommes. La date d'arrivée des soldats n'a pas été précisée.

Des soldats polonais de l'OTAN montaient la garde devant l'hôtel de ville de Zvecan mercredi, tandis que des manifestants, de l'autre côté de la clôture, déployaient un grand drapeau serbe sous les applaudissements et les sifflets.

Les troubles régionaux se sont intensifiés à la suite des élections d'avril que les Serbes de souche ont boycottées, réduisant le taux de participation à 3,5 % et laissant la victoire dans quatre mairies kosovares à majorité serbe à des candidats albanais de souche.

Ces maires albanais ont été installés la semaine dernière, une décision qui a suscité les reproches des États-Unis et de leurs alliés à l'égard de Pristina vendredi.

Le maire albanais de Leposavic, une autre ville du nord du Kosovo, est resté dans le bâtiment municipal mercredi, après y être entré au milieu de manifestations serbes lundi. Il n'a pas pu être joint immédiatement pour un commentaire.

"Même s'ils ont été légalement élus, nous ne considérons pas leur élection comme légitime", a déclaré mercredi à Reuters Dragan, un Serbe ethnique qui vit à Leposavic.

"Nous demandons la même chose que la communauté internationale, à savoir qu'ils soient chassés d'ici pacifiquement", a-t-il ajouté.

KOSOVO REBUKED

Les États-Unis et leurs alliés ont réprimandé le Kosovo pour l'escalade des tensions avec la Serbie, estimant que le recours à la force pour installer des maires dans les régions serbes du Kosovo sapait les efforts visant à améliorer les relations bilatérales.

Ce point de vue a été partagé par le président français Emmanuel Macron, qui a déclaré mercredi que les troubles "ont fortement augmenté depuis que les maires d'origine albanaise ont pris leurs fonctions".

Lors d'une réunion d'information à Bratislava, M. Macron a déclaré qu'il espérait rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz et les dirigeants du Kosovo et de la Serbie dans le courant de la semaine pour discuter de la question.

Mercredi, le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, a accusé Belgrade d'être à l'origine des manifestations dans le nord du pays afin de déstabiliser le Kosovo.

Par ailleurs, les autorités olympiques du Kosovo ont demandé au Comité international olympique (CIO) d'ouvrir une procédure disciplinaire à l'encontre de la star serbe du tennis, Novak Djokovic, qu'elles accusent d'avoir attisé les tensions politiques par les propos qu'il a tenus lors du tournoi de Roland-Garros.

Lundi, Djokovic a écrit "Le Kosovo est le cœur de la Serbie" sur l'objectif d'un appareil photo, le jour où des troupes de l'OTAN et des Serbes ont été blessés lors d'affrontements à Zvecan, où son père a grandi.

Jeton Hadergjonaj, président de la fédération de tennis du Kosovo, a déclaré qu'en dépit d'un message général contre la violence, la remarque de Djokovic sur le fait que le Kosovo est le "cœur de la Serbie" pourrait raviver les tensions entre la Serbie et le Kosovo.

Le président serbe Aleksandar Vucic a placé son armée en état d'alerte maximale et a ordonné à ses unités de se rapprocher de la frontière.

Les Serbes majoritaires du nord du Kosovo n'ont jamais accepté la déclaration d'indépendance du Kosovo vis-à-vis de la Serbie en 2008 et considèrent Belgrade comme leur capitale, plus de vingt ans après le soulèvement des Albanais du Kosovo contre le régime répressif de la Serbie.

Les Albanais de souche représentent plus de 90 % de la population du Kosovo dans son ensemble, mais les Serbes du Nord exigent depuis longtemps la mise en œuvre d'un accord conclu en 2013 sous l'égide de l'Union européenne en vue de la création d'une association de municipalités autonomes dans leur région.

Des troupes de maintien de la paix ont été déployées au Kosovo en 1999, après que les bombardements de l'OTAN eurent chassé la police et l'armée serbes de leur ancienne province.