Paris (awp/afp) - Une hausse d'un point de pourcentage des taux d'intérêt coûterait "au bout de dix ans 39 milliards d'euros par an" aux finances publiques françaises, a mis en garde mardi le gouverneur de la Banque de France (BdF), François Villeroy de Galhau.

Or une telle hausse qui représente l'équivalent du budget de la Défense "n'a rien d'un scénario extrême, au contraire", selon le gouverneur qui n'a pas fixé d'horizon temporel pour un relèvement du loyer de l'argent.

Le mois dernier, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde avait assuré qu'une hausse des taux était "très improbable en 2022", mais aux Etats-Unis, la Fed devrait commencer dès le mois de mars à relever ses taux directeurs pour tenter d'enrayer l'inflation, qui a atteint 7% aux Etats-Unis en 2021.

Dans la zone euro, la hausse des prix à la consommation s'est élevée à 5% sur un an au mois de décembre.

Ce rythme devrait, selon la Banque de France, redescendre en-dessous de 2% d'ici à la fin de 2022, mais "si l'inflation devait s'avérer plus persistante, n'ayez aucun doute que nous, Eurosystème et conseil des gouverneurs de la BCE, aurons la volonté et la capacité d'adapter plus vite notre politique monétaire", a déclaré M. Villeroy de Galhau devant les étudiants de l'université de Paris-Dauphine.

Dans la perspective d'un relèvement des taux, le gouverneur affirme qu'une "simple stabilisation" de la dette publique "n'est pas soutenable" en France, "parce qu'il serait irresponsable de parier sur le maintien du niveau extrêmement favorable des taux d'intérêt aujourd'hui".

Or "le débat public voit aujourd'hui se multiplier les propositions de dépenses nouvelles ou de baisses d'impôts supplémentaires", a-t-il ajouté.

Pour ramener en dix ans le niveau de la dette publique en-dessous de 100% du PIB, contre environ 115% aujourd'hui, le gouverneur mise sur la croissance et sur une "meilleure efficacité et maîtrise de nos dépenses publiques".

M. Villeroy de Galhau se dit convaincu que la modernisation du service public "n'est pas incompatible avec sa capacité de performance et d'innovation".

Il assure qu'il "ne s'agit donc pas de réduire globalement les dépenses publiques, mais de tendre vers leur stabilisation" en limitant leur croissance en volume à 0,5% par an "à taux de prélèvements obligatoires constants".

Selon le site spécialisé Fipeco, la croissance annuelle moyenne des dépenses publiques, hors intérêts de la dette, est passée de plus de 2% dans les années 2000 à 1,1% entre 2011 et 2019, avant de remonter à 5,5% en 2020 en raison de la crise sanitaire.

afp/rp